VERS L'ENGAGEMENT EN UKRAINE D'ENGINS DE NOUVELLE GENERATION ?

Quelques jours après que le conflit russo-ukrainien soit entré dans sa seconde année, l'armée russe pourrait y engager des engins de nouvelle génération. Cette hypothèse est basée sur les images de plusieurs convois ferroviaires circulant en direction de l'ouest, dans des régions limitrophes de la frontière russo-ukrainienne. Le nombre d'engins présents sur ces images révèle que l'armée russe pourrait désormais posséder une quantité plus conséquente de ces engins, que les dernières informations ne le laissaient penser.

NOUVEAU RETARD POUR LE T-14

Selon plusieurs sources, la démarrage de la production en série du char T-14 pourrait de nouveau être retardé. Des informations provenant des milieux industriels indiquent que les livraisons des premiers exemplaires de série du char pourraient être repoussées à 2024 en raison de difficultés technologiques. Les derniers tests subis par le T-14 ont révélé plusieurs lacunes liées à la conduite de tir pour lesquelles des ajustements seront nécessaires avant de réaliser de nouveaux tests qui pourraient s'achever en 2022. Ce nouveau retard dans le développement du futur char russe vient contrarier l'optimisme affiché par les responsables russes au cours du Forum Army 2020, qui avaient envisagé une mise en service du char dès 2022, après que celle-ci ait même été envisagée dès 2021 par le CEO de Rostec au mois de décembre 2020.

Cela fait maintenant six ans que le T-14 est apparu en public pour la première fois,  à l'occasion du défilé de la Victoire en mai 2015. Ce nouveau décalage pourrait avoir plus de conséquences sur la potentielle carrière internationale du futur char russe qui doit être mis en service avant de pouvoir être exporté. En l'absence de modification des éléments actuels, le char russe ne devrait donc pas trouver de débouché international avant la moitié de cette décennie. Sur le plan intérieur, ce décalage n'a que peu de conséquences sur le potentiel blindé de l'armée russe qui peut continuer de compter sur le trio de char performants et modernisés que constituent le T-72B3, le T-80BVM et le T-90M.

LE T-15 POURSUIT SES ESSAIS

Déjà entrevu dans une vidéo récemment diffusée par la télévision russe Zvezda, le T-15, Véhicule de Combat d'Infanterie conçue à partir de la plateforme Armata, poursuit ses essais comme en attestent les clichés ci-dessous. Alors que sur les images précédentes la partie supérieure de l'engin apparaissait bâchée, les clichés diffusés ces derniers jours permettent d'apercevoir un équipement de nature indéfinie. Le T-15 est prévu recevoir le module de combat Kinzhal armé du canon BM57 de 57mm et de missiles antichars Ataka. Plusieurs exemplaires de l'engin équipé de ce module avaient défilé en 2020 sur la Place Rouge alors qu'aucun T-15 n'a participé à la dernière édition de la parade militaire du 9 mai. L'engin reste impressionnant par ses dimensions et celles de ses éléments de blindage, normalement complété par le système de protection active Afganit dont on peut apercevoir les lanceurs sur le côté du châssis. La date de mise en service du T-15 reste pour le moment inconnue, alors que les quatre premiers chars T-14 développés sur la même plateforme ont été remis à l'armée russe le mois dernier. 

LE BOOMERANG DEMARRE SA CAMPAGNE DE PROMOTION

Rosorobonexport JSC, filiale de l'entreprise d'état Rostec a démarré la promotion du Boomerang, son nouvel engin de combat. Le VPK-7829 est un véhicule amphibie développé par la société russe Voyenno-Promyshlennaya Kompaniya (VPK) en vue de remplacer les BTR-80 au sein de l'armée russe. Comme le T-15 et le T-14, le Boomerang utilise la plateforme Armata à partir de laquelle de nombreuses versions de l'engin peuvent être déclinées dont une version transport de troupes (Armored Personnel Carrier APC) et Véhicule de Combat d'Infanterie (Infantry Fighting Vehicle IFV). Selon ses promoteurs plusieurs clients ont déjà manifesté leur intérêt pour l'engin, servi par un équipage de trois hommes et pouvant embarquer jusqu'à sept combattants. Le Boomerang serait doté d'un blindage céramique. Cette promotion devrait être complétée par une présence de l'engin sur le stand russe au salon IDEX qui doit se tenir à Abu Dhabi du 21 au 25 février.

QUELQUES VUES DE L'ARMATA

Alors que la mise en service du T-14 au sein des forces russes semble de plus en plus imminente, la communication sur ce char s'amplifie et permet de découvrir des aspects encore peu ou pas connus de l'engin, annoncé par le autorités russes comme révolutionnaire. Le positionnement des trois membre d'équipage dans une partie du châssis érigée en capsule de survie, constitue une des innovations majeures introduites par ce char qui intègre également un certain nombre de technologies nouvelles. 

PRECISIONS RUSSES UN PEU FLOUES !

Selon l'agence de presse Interfax, la Fédération de Russie aurait apporté quelques précisions sur les futures exportations de ses matériels les plus récents. On apprend dans un communiqué que les livraisons à l'étranger d'un certain nombre d'équipements  ne pourraient intervenir que d'ici cinq à sept ans. Dans le domaine terrestre, selon Interfax les matériels concernés seraient "les développements et les produits des entreprises appartenant à Rostec : des véhicules blindés basés sur la plateforme Armata, assemblé dans les entreprises Uralvagonzavod UVZ". On pense bien sur au char T-14 qui n'a toujours pas été livré à l'armée russe en dépit de sa participation à plusieurs défilés et le déroulement d'essais en Syrie. Le doute reste donc permis quant à son éventuelle exportation, le char n'étant pas clairement mentionné dans le communiqué, à la différence d'autres matériels comme le SU-57E, le MI-28NE ou encore la version navalisée du KA-52K. La plateforme Armata évoquée dans le communiqué est actuellement la base du char T-14, du VCI lourd T-15, du VCI Kurganet 25 (qui n'est pas fabriqué par UVZ), de l'engin du génie T-16 Brem ou du véhicule d'appui lourd BMOP "Terminator 3". En outre, cette même plateforme est également la base d'un certain nombre de véhicules encore en projet comme un mortier automoteur basé sur le mortier de 120mm 2S12A, ou le porteur du système TOS-2 monté pour le moment sur un camion de Type Ural.

Plusieurs raisons peuvent motiver la rédaction de ce communiqué à la veille du vingtième anniversaire de la création de Rosoboronexport. Le délai de cinq ans est peut être nécessaire à la Russie pour conclure des accords de partenariat qui pourraient inclure la fabrication sous licence du char ou d'un des engins issus de la plateforme Armata. Ce communiqué pourrait également laisser penser à l'existence d'un retard important dans la livraison à l'armée russe du char T-14, Moscou ayant toujours affirmé que le char ne serait exporté qu'après sa mise en service dans les forces armées russes. Enfin cette décision ne concernerait pas le char T-14 qui pourrait trouver ses premiers clients avant cinq ans. Comme souvent, il est difficile de déchiffrer avec précision les intentions russes en la matière et de formuler un pronostic quant à l'arrivée du char dans les forces russes et son exportation. Mais une chose est sure, jusqu'à présent le T-14 a fait couler couler plus d'encre que de poudre !

FIN DES PROBLEMES ET DEBUT DE PRODUCTION POUR LE T-14

Le Ministre russe de l'Industrie et du Commerce  Denis Manturov a confirmé hier à l'agence Tass la production des véhicules de combat T-14 et T-15 basés sur la plateforme Armata. Le contrat de production de 132 engins T-14 et T-15 signé en 2018 prévoyait une mise en service des premiers véhicules en 2020. Le retard du programme pourrait être lié à des problèmes de motorisation et de caméra thermique rencontrés sur le T-14. Ces difficultés sont aujourd'hui solutionnées selon D. Manturov, la société russe Shvabe (anciennement NPK Optical Systems and Technologies) ayant développé un nouveau système d'imagerie thermique pour le char. Celui-ci devrait être la vedette de l'exposition Army 2020 au cours de laquelle les autorités russes espèrent enregistrer les premières commandes export.