Les hasards du calendrier sont parfois surprenants comme en témoigne l'actualité blindée de ces derniers jours, au cours desquels deux nouvelles se sont télescopées. La première de ces informations nous parvient de Farnoborough où se tient l'édition 2025 de l'IAV (International Armoured Vehicle) Conference. C'est dans cette enceinte que le colonel Armin Dirks, chef des opérations de l'équipe de projet combiné MGCS au sein de l'Office fédéral de l'équipement de la Bundeswehr, des technologies de l'information et de l'appui en cours d'emploi (BAAINBw) a livré quelques informations sur le programme. Cette intervention a été "percutée" par l'annonce de la signature en présence des ministres français et allemands du pacte d'actionnaire de la MGCS project company réunissant KNDS France, Thales, KNDS Deutschland et Rheinmetall.
L'intervention du colonel Dirks dans l'enceinte de Farnoborough a confirmé les propos qu'il avait tenus il y a un an dans cette même enceinte. Le concept déjà présenté l'année dernière s'articule autour de plusieurs plateformes d'un poids inférieur à cinquante tonnes qui seraient équipées d'armements divers comme de missiles hypervéloces, des missiles NLOS (Non Line Of Sight) ou de capteurs dédiés. Le calendrier du projet a subi quelques modifications imposées par des considérations de politique interne allemande. Selon le colonel Dirks, la signature du contrat de développement initialement prévue avant les élections au Bundestag est désormais reportées à l'automne 2025, en espérant que la chambre issue des urnes ne s'oppose pas au projet. Évoquée la veille par le colonel Dirks comme préalable indispensable au démarrage des négociations, la MGCS projet company est fondée le lendemain.
Signature du pacte d'actionnaires de la société de projet |
Hasard du calendrier ou simple coïncidence C'est en effet de façon quasi simultanée que l'on a appris par la voix de Nicolas Chamussy (CEO de KNDS France) la création de la société par Sébastien Lecornu et Boris Pistorius. Celle-ci doit donc servir de cadre aux discussions entre les partenaires sur les différents sujets parmi lesquels le partage du pilier 2 sobrement intitulé "feu principal." On ne peut que se réjouir de cette avancée essentiellement structurelle du projet dont on attend encore la présentation, que Boris Pistorius avait annoncée à la fin de l'année 2023. S'inscrivant dans le calendrier du projet franco-allemand, la création de cette société n'apporte aucune précision sur les prochaine échéances que l'on découvre dans la suite du propos de l'officier allemand.
Les plateformes du MGCS (Conception graphique Bundeswehr) |
Selon lui, l'arrivée du MGCS prévue à partir de 2040, échéance jugée irréaliste par de nombreux observateurs, motive la modernisation au standard A7 des deux tiers du parc de Leopard en service dans la Bundeswehr. Parallèlement à cette opération, l'Allemagne devrait recevoir d'ici 2030 les 123 Leopard 2A8, commandés cet été. Ces engins étant destinés à rejoindre la Lituanie, à la fois au sein de la future brigade allemande et des forces armées lituaniennes. Évoquant le délai existant entre la mise en service de ces chars, pour lesquels le colonel Dirks évoque une durée de vie opérationnelle de vingt ans, et la pleine efficacité opérationnelle du MGCS, l'officier allemand souligne la nécessité de développer une solution de transition. Cette opération a déjà débuté par le recensement des compétences pouvant être intégrées dans un char de transition, avant un gel de la configuration retenue en 2026. Cet engin à la sauce allemande conçu sur la base du Leopard 2 actuel serait donc une plateforme unique sur laquelle seraient intégrées un certain nombre de technologies existantes, telles qu'une numérisation accrue des systèmes, une capacité drone et un canon de 130mm. Ce char de transition à la sauce allemande pourrait être baptisé Leopard 3 !
Leopard 2A-RC 3.0 à Eurosatory |
Les propos
du colonel Dirks révèlent toute l’ambiguïté allemande vis à vis du projet
franco-allemand. Alors qu'il fixe l'arrivée du MGCS en 2040, le colonel Dirks
n'apporte aucune précision sur la date d'atteinte de la capacité
opérationnelle, qu'elle soit initiale (IOC) ou finale (FOC) alors que celles-ci
peuvent nécessiter plusieurs années. A titre d'exemple, le Leclerc introduit
dans l'armée de Terre en janvier 1994 a vu sa Mise en Service Opérationnelle
prononcée en 1999, Boris Pistorius évoque quand à lui une durée de dix ans pour
l'intégration des chars de combat. Il est clair que pour la partie
allemande le MGCS, projet essentiellement politique
selon Ralf Ketzel, le calendrier du programme ne sera pas respecté, ce décalage
impose donc le développement dès maintenant d'une solution de transition.
Évidemment celle-ci est développée à partir du Leopard 2 qui, toujours selon le
CEO de KNDS est "vraiment
le fondement des forces terrestres en Europe" et surtout une véritable
réussite commerciale dont il faut préserver le succès dans les années à venir.
Le choix du nom de Leopard 3 répond à cette exigence, introduisant une
véritable continuité technologique destinée à rassurer les futurs clients et conforter
la position du char allemand en Europe. Le Leopard 2A-RC 3.0, présenté en juin dernier à
Eurosatory semble donc posséder les caractéristiques nécessaires pour devenir
dans un futur proche le Leopard 3. Quelques modifications pourraient apporter
au projet initial comme l'introduction du canon Rh-130 de Rheinmetall en lieu et
place du canon L-55 de 120 mm équipant actuellement les Leopard 2. Cette
intégration scellerait l'union des deux "frères ennemis" allemands
autour d'un projet unique et permettrait à Berlin d'imposer le canon de 130mm
comme standard européen. Cette fusion placerait en outre l'Allemagne en très
bonne position au moment où l'on évoque un renforcement de la base industrielle
de défense européenne.
Leopard 2A-RC 3.0 ou Leopard 3 |
A la différence de la France, l'Allemagne suit une feuille de route précise, adaptée à l'arrivée du MGCS à la date qui leur conviendra le mieux et à laquelle la France devra s'adapter, de gré ou de force. L'évocation d'un Leopard 3 comme solution de transition répond à de nécessaires nécessités commerciales et vise à préserver la position dominante de l'Allemagne sur le marché des chars lourds en Europe. L'intervention du colonel Dirks nous montre que, comme l'a écrit Blablachars, 2025 est bien une année capitale pour notre segment de décision pour lequel la simple question budgétaire ne peut plus être une excuse !
Le Leclerc Evo ou la transition Made in France |
"Le concept déjà présenté l'année dernière s'articule autour de plusieurs plateformes d'un poids inférieur à cinquante tonnes qui seraient équipées d'armements divers comme de missiles hypervéloces, des missiles NLOS (Non Line Of Sight) ou de capteurs dédiés."
RépondreSupprimerC'est le projet -sortie de route- Chassillan finalement, pour amuser la galerie (Commerciale of course : 2040...) (Cela ressemble plus à des effecteurs d'artillerie, complémentaires, qu'à des chars d'ailleurs !!) ! "En attendant" (Comme dirait certain.) plus surement notre Léopard2 A10, ou notre KF51, avec leur canon de 130mm...
Nous accueillir, nous serez dans leurs bras, pour mieux nous étouffer ?
RépondreSupprimerMéfiez vous de vos amis .
Maintenant un Leclerc 2 pour la France est repoussons tout comme les allemands le MGCS aux oubliettes .
RépondreSupprimerCessons d' être soumis aux ordres et aux caprices de ces allemands, lis n' ont que faire de la France et de notre industrie, il serait bon qu on en prenne conscience et qu on s occupe sérieusement de notre industrie
RépondreSupprimerC'EST QUOI NOTRE INDUSTRIE en matière de chars de combat. NEXTER n'existe plus !!! Aujourd'hui , c'est KNDS France. Et de surcroit, nous n'avons plus de fric.
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