UN ACCORD QUI SUSCITE DES INTERROGATIONS

C'est un communiqué publié par les firmes Milrem et Otokar qui a annoncé la signature d'un accord de coopération entre les deux sociétés pour la fusion de leurs ressources et de leurs savoir-faire dans le domaine des engins militaires terrestres téléopérés ou robotisés. Cette accord signé à l'occasion du salon DSEI à Londres prévoit de faire travailler les deux sociétés sur les flottes d'engins existants et le développement de nouveaux systèmes terrestres dotés de fonctions intelligentes, de solutions de cryptage et de sécurité et d'appréhension de l'environnement. Le CEO de Milrem estime que la combinaison des savoir-faire des deux sociétés leur permettra de fournir de nouvelles capacités dans le domaine des engins téléopérés. Pour Otokar, cette coopération fournit à la société l'opportunité de développer une gamme de véhicules téléopérés qui viendra s'ajouter à la gamme de véhicules existants.

LA JOURNEE DE LA MULE !

Trois événements distincts qui se sont déroulés ces derniers jours ont mis en lumière une nouvelle génération d'engins, communément appelés mules. Appelés à prendre une place croissante sur les futurs théâtres d'opérations les engins téléopérés posent évidemment la question de leur armement et de sa mise en œuvre. Celle-ci doit elle conserver " l'homme dans la boucle" et dans cette hypothèse quels savoir-faire tactiques doit-on exiger de ces équipages manœuvrant des engins sans avoir à craindre de façon directe les menaces et les éventuelles actions ennemies ? A contrario, doit-on confier le pilotage de ces engins à des intelligences artificielles, avec une délégation qui pourrait aller jusqu'à l'ouverture du feu ? Cette hypothèse est pour le moment rejetée par de nombreux pays occidentaux même si beaucoup continuent de travailler sur le sujet en développant les apprentissages, la reconnaissance ami /ennemi. Le débat reste ouvert, le conflit du haut Karabagh a permis de mesurer les capacités des engins aériens téléopérés mais aussi l'importance des capteurs et des systèmes de défense, largement absents des opérations. 

LA DARPA POURSUIT SES TESTS SUR LES ESSAIMS DE DRONES

La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) a conduit sa quatrième session d'expérimentation sur le terrain de son concept OFFSET ou OFFensive Swarm-Enabled Tactics. Ce programme vise à développer l'utilisation à grande échelle d'essaims de systèmes autonomes collaboratifs comme des UAVs (Unmanned Aerial Vehicles) et des UGVs (Unmanned Ground Vehicles) capables d'appuyer l'action des unités opérant en environnement urbain. Northrop Grumman Mission Systems et Raytheon Technologies réalisent l'architecture de ces essaims ainsi que les interfaces de contrôle et les bancs d'essais virtuels et physiques de ces systèmes. Au cours de cette session, les deux sociétés ont testé des UGVs autonomes ainsi que des UAVs à voilures tournantes et fixes dans un scénario à phases multiples au cours duquel les véhicules engagés ont localisé et sécurisé des objectifs virtuels correspondant à ceux d'un engagement en zone urbaine. Les résultats de cette phase d'expérimentation devraient permettre la prise en compte d'un certain nombre de données pour les prochaines sessions en environnement urbain dont la durée et la complexité seront augmentées tout comme le nombre d'essaims impliqués.

GDLS DEVOILE UNE NOUVELLE PLATEFORME TELEOPEREE

General Dynamics Land Systems (GDLS) a dévoilé hier sa première plateforme chenillée téléopérée ou "tracked robotic platform" (TRX), qui permettrait à la firme de Sterling Heights de répondre aux futurs  besoins de l'armée américaine pour son projet de "Robotic Combat Vehicle – Medium". L'édition virtuelle de AUSA (13-16 octobre 2020) devrait permettre d'en apprendre un peu plus sur cette plateforme, dont un modèle réduit avait été présenté au cours de l'édition 2019 de ce même salon. Selon GDLS cette plateforme innovante peut accueillir à la fois des systèmes de combat et de soutien, offrant selon le porte parole de la société une grande souplesse d'emploi lui permettant d'être associée aux différents véhicules habités en service. GDLS n'en n'est pas à son d'essai dans ce domaine, sa mule Multi Utility Tactical Transport (MUTT) ayant été adoptée par l'armée américaine pour son programme de petit équipement polyvalent de transport ou Small Multipurpose Equipment Transport (S-MET). La plateforme TRX est capable d'emporter une charge utile d'un peu moins de cinq tonnes pour un poids total d'environ dix tonnes, lui permettant d'être transporté par un CH-47 ou un CH-53. La TRX de GDLS s'ajoute aux produits déjà développés dans ce même segment par de nombreuses sociétés comme la Type X de Milrem Robotics ou la M5 Ripsaw de Textron ou encore l'EMAV de Pratt Miller plus légère que les précédentes avec un poids de 6,5 tonnes contre 12,5 tonnes pour la Type X et 10,5 tonnes pour la M5. Toutes ces plateformes peuvent être armées de tourelles téléopérées comme la Type X  que l'on a pu voir équipée d'une tourelle CPWS 25 de John Cockerill et sont capables de se déplacer en mode autonome sur un itinéraire programmé ou en suivant un véhicule. 

L'intégration de tels systèmes dans les forces armées modernes est désormais une certitude dont seuls les délais de mise en œuvre demeurent encore flous.

NOUVELLE ÉTUDE SUD CORÉENNE AUTOUR DES UGVs

La Corée du Sud a annoncé le lancement prochain d'études  de faisabilité sur le guidage à distance de chars K1 et d'obusiers K9. Les résultats finaux de ces travaux sont attendus pour novembre 2024 dans le cadre d'un processus devant démarrer en décembre. outre la mise en place d'une architecture téléopérée, les études divisées en plusieurs phases porteront sur le pilotage à distance, la navigation autonome ainsi que la détection des objectifs et sur le chargement du système de tir et la visée sur le K9. Une étude précédente menée en 2016 avait permis de présenter des solutions à l'armée coréenne comme l’intégration d'un kit permettant une vision 360° depuis le toit de tourelle, une Remote Controlled Weapon Station (RCWS) ainsi qu'un système de chargement de type carrousel pour l'alimentation de l'armement principal. La conduite de tir devant également être adaptée aux exigences de la visée à distance.

Cette étude constituerait une première en permettant l'utilisation en mode télé piloté d'engins de combat existants et non spécialement conçus pour ce type de mission.Après la modernisation d'engins existants évoquée sur blablachars, les futurs opérations de modernisation d'engins de combat obsolètes pourraient permettre à certains pays d'acquérir une flotte de chars ou autres engins de combat télé opérés. Il ne fait aucun doute que l'étude sud coréenne sera suivie de près par de nombreux observateurs.