LES PREMIERS COBRA II SONT ARRIVES EN ROUMANIE

La Roumanie a reçu cette semaine les premiers véhicules blindés Cobra II produits par la firme turque Otokar. Après leur arrivée à Medias, les engins ont été pris en charge par Automecanica, partenaire roumain du constructeur turc,  en charge des travaux d'intégration. Ces premiers véhicules concrétisent l'accord signé en 2023 entre les deux firmes pour la pour la production conjointe de 1000 Cobra II, accompagnée de transferts de technologies. Les Cobra II illustrent également un des aspects de la modernisation des forces armées roumaines, se traduisant également par l'acquisition de Piranha V équipés de tourelles UT30 MkII d'Elbit Systems et de M1A2 SEPV3, en attendant celle d'un VCI chenillé. Du côté d'Ankara, le partenariat avec la Roumanie est riche de perspectives commerciales et d'opportunités pour la BITD turque en plein essor et désireuse de participer aux différents projets. Sur le plan stratégique la constitution d'un axe Ankara Bucarest illustre la volonté des autorités turques de se positionner comme un acteur essentiel de la sécurité dans la région de la Mer Noire.

CHOIX INTERARMEES BRESILIEN

 

A côté de ses projets de modernisation de ses forces terrestres, le Brésil souhaite également doter sa composante amphibie de nouveaux engins en complément des JLTV (joint Light Tactical vehicles) déjà acquis dans le cadre du programme PROADSUMUS. Cette opération devrait permettre de remplacer les SK-105A2S plus connus sous le nom de Kürassier dont le Brésil possède 17 exemplaires depuis 2001. Développé dans les années 1960, le Kürassier combine un châssis du transport de troupes autrichien Saurer, avec une tourelle GIAT armée d'un canon rayé de 105mm/L44 approvisionné à 43 obus dont 12 répartis dans deux barillets et permettant d'afficher une cadence de tir de 10 à 12 coups/min. Pour remplacer ces engins qui ont "atteint la limite de leur durée de vie" l'amiral Carlos Chagas commandant des forces maritimes brésiliennes, a confirmé les études en cours pour "l'acquisition d'un nouveau véhicule de combat". Le choix de ce dernier devrait privilégier la cohérence et les possibilités de mutualisation offertes par l'équipement choisi.

ARMA 8x8 A LA SAUCE KAZAKHE

Le défilé du 9 mai à Astana a permis de découvrir une version inédite de l'Arma 8x8 produit par Otokar. L'engin turc, baptisé TAIMAS par les médias locaux est proposé au Kazakhstan pour remplacer le Barys, VCI 8x8 de production locale sous la menace d'un possible abandon après des essais désastreux. Le TAIMAS est doté d'une tourelle d'origine chinoise similaire à celle du BMP-3, armée d'un canon 2A70 de 100mm, d'un canon 2A72 de 30mm, d'une mitrailleuse PKT de 7,62mm et de missiles antichars disposés sur le coté de la tourelle. Similaire dans son architecture et son armement, la tourelle installée pour l'occasion est dotée d'un blindage plus épais que celui de la tourelle d'origine, identique celui de la tourelle du VN-20, le VCI lourd chinois basé sur le châssis du char VT-4. Un Arma équipé de cette tourelle a déjà été évalué par l'armée kazakhe, ce qui pourrait confirmer l'intérêt de l'armée kazakhe pour la tourelle chinoise mieux protégée et dotée de l'armement d'origine pour des considérations logistiques. Cette nouvelle déclinaison de l'Arma 8x8 confirme les efforts des industriels turcs pour répondre aux demandes d'Astana qui a déjà évalué le Tulpar doté d'une tourelle Nefer d'Aselsan armé d'un canon de 30mm, qui a également été évaluée sur un Arma 8x8.

NOUVELLE COMBINAISON BELGO TURQUE

A quelques jours de l'ouverture du salon FEINDEF qui se tiendra dans la capitale espagnole du 12 au 14 mai, John Cockerill Defense a choisi de s'associer une nouvelle fois avec FNSS pour présenter une de ses tourelles. Après la 3105 exposée au Brésil sur le châssis du Kaplan, c'est au tour du Pars Alpha 6X6 de recevoir une autre tourelle de la série 3000, en l'occurrence la 3030. Cette tourelle qui peut être configurée en version habitée ou téléopérée a été développée au début des années 2010. Elle est armée d'un canon Bushmaster Mk44 de 30x173mm capable de tirer des munitions Airburst (ABM) et peut intégrer un poste de tir pour missiles antichars. On peut regretter l'absence sur cette tourelle d'un système de protection active (soft ou hard kill) capable de protéger l'engin porteur face aux différentes menaces en dépit d'une protection pouvant atteindre le niveau 5 du STANAG 4569 grâce à l'ajout de blindages additionnels. Le Pars Alpha 6x6 qui embarque trois fantassins en plus de son équipage de trois hommes, est la seconde variante du Pars Alpha lui même cinquième version du Pars initial. Au moment où le VCR Dragon semble rencontrer de nouvelles difficultés, cette combinaison pourrait susciter l'intérêt des autorités espagnoles, sans oublier que Indra qui détient 51% du consortium TESS en charge de la réalisation du véhicule espagnol, a signé un accord de coopération avec une autre firme turque, Otokar. 

LE DRAGON A NOUVEAU SUR LA SELLETE ?

Une dizaine de jours près l'annonce des premières livraisons de VCR Dragon à l'armée espagnole, de nouvelles difficultés pourraient assombrir le tableau du blindé. La détection récente d'une défaillance majeure du groupe motopropulseur du Dragon pourrait être à l'origine d'un nouveau décalage des livraisons, qui condamnerait les entreprises concernées à une amende pouvant atteindre un million de dollars. Les difficultés rencontrées par le Dragon alimentent de nombreuses rumeurs autour de l'avenir du programme. Ainsi, la signature au cours du salon IDEX, d'un accord de coopération entre la firme espagnole Indra, qui détient 51% du consortium Tess et le fabricant d'engins blindés turc Otokar pourrait conduire à l'annulation pure et simple du programme dragon et son remplacement par un blindé d'origine turque comme l'Arma. Difficilement vérifiables et peut être fondées sur de fausses informations, ces rumeurs montrent néanmoins la fragilité d'un programme au déroulement chaotique, émaillé de nombreux retards.

COMBINAISON BRESILIENNE

Les projets brésiliens de modernisation de leur composante blindée mécanisée devraient être au coeur des discussions au cours du salon LAAD qui ouvre ses portes dans moins d'une semaine à Rio de Janeiro. Les solutions proposées par les différents constructeurs s'articulent toutes autour d'un partage ou d'une mise en commun d'un des composants majeurs d'un futur engin. Les différentes combinaisons évoquées illustrent également la versatilité des châssis modernes, qui permet de réduire le cout global d'un programme mais aussi de favoriser l'adoption de chars médians. L'autre voie possible consiste dans la mutualisation de la tourelle, équipement emblématique des systèmes d'armes terrestres représentant plus de la moitié du cout d'acquisition d'un engin. 

LES BLINDES TURCS SE VENDENT BIEN

Selon le dernier rapport de l'ONU sur les livraisons d'armes conventionnelles, la Turquie a livré en 2023 plus de 500 véhicules blindés à 11 pays différents, situés principalement en Asie, Afrique et Europe. Ce chiffre porte à 1000 le nombre de véhicules blindés exportés par la Turquie en deux ans, en forte augmentation par rapport à l'année 2021 au cours de laquelle Ankara avait exporté 339 engins, représentant une augmentation de plus de 30% des exportations turques sur les quatre dernières années. Les données de l'ONU s'appuient sur les déclarations des entreprises et des pays concernés par ces acquisitions et ne prennent pas en compte d'éventuelles opérations plus confidentielles, comme la fourniture à l'Azerbaïdjan de véhicules blindés Cobra II à propos de laquelle aucune information n'a été communiquée. 

LE TULPAR DANS LA COURSE AU BRESIL

Le projet brésilien d'acquisition d'un VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) moderne suscite de nombreuses convoitises parmi les industriels susceptibles de répondre aux demandes de Brasília dans le domaine. Après l'annonce de BAE Systems sur la présence du CV90 au prochain salon LAAD, c'est au tour du fabricant turc Otokar de s'inviter dans le projet brésilien.  La firme turque a reçu la semaine dernière dans ses installations de Sakarya, une délégation brésilienne à laquelle blindé turc a été présenté. L'engin était équipé d'une tourelle téléopérée Mizrak pouvant recevoir un canon de 30x173 Mk44 ou un canon 2A42 russe en 30x155mm. Comme son concurrent suédois, le châssis du Tulpar peut servir de base à un char médian avec l'intégration d'une tourelle plus lourde comme la 3105 de John Cockerill Defense ou la tourelle HitFact Mark II de Leonardo, armée d'un canon L45 de 120mm. Ce montage que l'on a pu voir au cours de l'édition 2023 du World Defense Show pourrait constituer un argument particulièrement intéressant pour l'armée brésilienne, au sein de laquelle cette tourelle sera également utilisée sur les Centauro II commandés en 2022. La présentation du Tulpar et sa probable candidature au marché brésilien illustrent les ambitions turques en Amérique du Sud où plusieurs projets de modernisation sont en cours et pourraient se concrétiser dans les prochains mois. 

LA TURQUIE A IDEX

C'est dans les allées du Salon IDEX qui a fermé ses portes vendredi dernier, qu'un contrat majeur a été signé entre les Émirats Arabes Unis et la firme turque FNSS. L'accord signé à Abu Dhabi porterait sur le réarmement des 615 véhicules de combat d'infanterie (VCI) BMP-3 en service dans les forces terrestres émiraties. Ce contrat n'est pas la seule démarche illustrant la coopération entre Abu Dhabi et Ankara comme en témoignaient plusieurs engins émiriens dotés d'équipements turcs mais aussi les accords entre les différentes firmes des deux pays, à l'image de celui signé entre FNSS et le groupe émirien de défense EDGE. 

QUEL VCI LOURD POUR LA POLOGNE ? LYNX, REDBACK OU TULPAR ?

Selon plusieurs médias turcs, la Pologne est sur le point de lancer un nouvel appel d'offres pour la fourniture de Véhicules de Combat d'Infanterie (VCI) lourds. Ce marché portant sur 1000 engins pourraient voir s'affronter trois candidats, Rheinmetall avec le Lynx KF-41, Hanwha avec l'AS-21 Redback et enfin Otokar avec le Tulpar. La Pologne souhaite acquérir une licence de production pour le châssis de l'engin retenu sur lequel serait installé la tourelle locale ZSSW-30 qui équipe déjà le 8x8 Rosomak et son cousin chenillé, le Borsuk. Cet appel d'offres s'inscrit dans le programme CBWP prévoyant l'acquisition d'un VCI lourd. Les trois candidats pressentis possèdent chacun de sérieux arguments pour tenter de décrocher ce marché. Le Lynx bien qu'auréolé de son succès en Hongrie pourrait cependant souffrir d'une relative discrétion de Rheinmetall en Pologne, à la différence du VCI sud-coréen dont l'adoption constituerait une étape supplémentaire dans la coopération déjà établie entre la Pologne et la Corée du Sud. Le Tulpar pourrait quant à lui, bénéficier de l'acquisition en 2021 de 24 drones Bayraktar TB2 et des accords de défense signés entre les deux pays. Cette compétition illustre la poursuite de la montée en puissance de l'armée polonaise et le souhait de Varsovie d'impliquer ses industries nationales dans la production des nouveaux engins, à l'instar de ce qui a été fait avec le Krab et prochainement avec le char K2. Le choix d'un VCI chenillé lourd capable d'agir aux côtés des chars de combat M1A2 SEP V3 et K2 et des VCI Borsuk et Rosomak permettra à l'armée polonaise de disposer d'un ensemble des moyens capables adaptés à ses futurs engagements, quelle que soit leur intensité.

CONSULTATION BRESILIENNE

Le Brésil poursuit la modernisation de ses forces terrestres, concrétisée par l'acquisition de 98 Centauro II décidée en novembre 2022 et plus récemment par la sélection de l'obusier israélien ATMOS dont 36 exemplaires devraient équiper les unités d'artillerie d'ici 2030. C'est désormais au tour des chars et VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) d'être au centre des préoccupations de l'état-major brésilien avec l'annonce de l'organisation de consultations publiques. Celles-ci se tiendront entre le 1er août et le 1er novembre 2024 et auront pour but de définir les contours des futurs chars et VCI destinés à remplacer les engins actuellement en service. Le nombre d'engins à acquérir pourrait être de 65 chars modernes et de 78 VCI. Les candidats potentiels pourraient être la firme chinoise NORINCO qui pourrait proposer le VT-4 qu'une délégation brésilienne a pu découvrir en mai 2023 au cours d'une visite en Chine et un VCI qui pourrait être le VN-17, le VN-20 ou le plus lourd VN-50. BAE Systems pourrait proposer le CV90 déclinable en version VCI et char léger avec le CV90120, l'engin suédois a été présenté en août dernier à l'armée brésilienne. Fort du succès de l'ATMOS, Elbit Systems associé à un constructeur (GDELS) pourrait également proposer sa tourelle Sabrah déjà choisie par les Philippines pour l'armement de son char léger et des Pandur 8x8. La firme italienne Leonardo pourrait proposer un engin basé sur sa tourelle HitFact MkII (identique à celle du Centauro II) que l'on a pu découvrir installée sur le Lynx de Rheinmetall au cours du dernier salon Eurosatory. Le récent rapprochement entre la firme de Düsseldorf et Leonardo pourrait favoriser la candidature d'un engin germano-italien déclinable en version VCI et char léger. Enfin, la Turquie a l'offensive en Amérique du Sud pourrait également être consultée avec le char léger Kaplan basé sur une châssis FNSS et une tourelle 3105 de John Cockerill ou le Tulpar d'Otokar que l'on a pu voir au World Defense Show équipé d'une tourelle HitFact MkII de Leonardo. La consultation publique pourrait déboucher sur un appel d'offres qui permettra d'identifier de façon plus précise les candidats et les solutions proposées à l'armée brésilienne. 

OFFENSIVE COMMERCIALE TURQUE EN AMERIQUE LATINE

L'industrie de défense turque semble décidé à passer à l'offensive sur l'Amérique du Sud comme en témoignent les récentes annonces faites de deux majors du secteur. La première, la firme turque ASELSAN a annoncé hier l'ouverture d'un bureau latino-américain à Santiago du Chili "apportera une grande contribution à la coopération potentielle à long terme d'Aselsan en Amérique latine" selon les termes de l'annonce publiée à l'occasion du Salon FIDAE 2024 qui se tient actuellement dans la capitale chilienne. Toujours selon, la firme turque cette "expansion stratégique [...] contribuera à notre croissance soutenue et notre succès en Amérique latine". La création de ce nouveau bureau  baptisé Aselsan Latin America devrait permettre à la firme turque d'augmenter le volume de ses exportations, qui ont atteint le montant de 601 millions de dollars en 2023 dans la douzaine de pays dans lesquels Aselsan possède des bureaux et des succursales.

De son côté, Otokar ne fait pas mystère de ses ambitions dans la région en présentant au FIDAE une maquette de l'Arma 8x8 déjà exporté à plus de 500 exemplaires au sein de neuf forces armées. A côté de son best-seller, la firme turque présentera également le reste de sa gamme, composée de véhicules à roues, chenillés, de tourelle et de véhicules téléopérés. La firme turque qui se présente comme fournisseur de l'ONU et de l'Otan revendique l'exportation de 33000 véhicules militaires en service dans plus de 40 pays, soulignant la polyvalence et les qualités de véhicules proposés. Rarement au centre de l'actualité médiatique, le partie méridionale du continent américain se trouve aujourd'hui confrontée à de nouvelles menaces et au vieillissement (voire l'obsolescence) de ses flottes blindées. L'acquisition de Centauro II par le Brésil, pourrait être le premier signe d'un mouvement plus vaste de renouvellement des flottes blindées dont les deux firmes espèrent tirer parti en dépit de la situation financière difficile de nombreux pays de la zone.

VERS UNE OFFENSIVE COMMERCIALE TURQUE EN AMERIQUE DU SUD ?

La rupture des relations diplomatiques et commerciales de plusieurs pays d'Amérique latine avec Israel pourrait permettre à la Turquie de conquérir de nouveaux marchés dans le domaine de l'armement terrestre. Pour saisir ces opportunités, la firme turque Otokar envisage de renforcer sa présence dans la région et de développer la promotion de ses véhicules blindés auprès des clients potentiels de la région. Après avoir vendu des Cobra II et des Ural 4x4 à l’Équateur, la firme turque souhaite promouvoir activement l'Arma dont les différentes versions 6x6 ou 8x8 peuvent accueillir une grande variété d'équipements parmi lesquels les tourelles Mizrak en version habitée ou téléopérée, également produites par Otokar. Les efforts de la firme turque pourraient se concentrer sur l’Équateur, le Pérou, l'Argentine et la Colombie, pays qui ont entrepris des efforts de modernisation de leurs parcs blindés, sans oublier le Chili qui, en juillet dernier a confié la modernisation de ses Leopard 2A4 à Aselsan au détriment d'Elbit Systems associée à la firme chilienne OIP (chargée de la modernisation des Marder 1A3 chiliens) dont la candidature a été rejetée avec celle de KMW et d'Indra-RLS. 

SUCCES TURC EN ESTONIE

Le Centre estonien des investissements de défense (ECDI Estonian Center for Defense Investments) a annoncé hier la signature de contrats avec les sociétés turques Nurol Makina et Otokar pour la fourniture aux forces armées du pays de 250 véhicules blindés à roues. Les contrats d'une valeur d'environ 200 millions de dollars prévoient l'acquisition de véhicules blindés 4x4 NMS produits par Nurol Makina et d'Arma 6x6 d'Otokar dont les premières livraisons devraient avoir lieu dès 2024. Les engins sélectionnés seront tous équipés d'une mitrailleuse de 12.7mm et de lanceurs fumigènes. Selon Karmo Saar en charge de véhicules de combat au sein de l'ECDI, les offres turques ont été retenues en raison des prix et des délais de livraison proposé par les deux firmes. Les contrats d'une durée de 10 ans laissent la possibilité aux autorités estoniennes d'acquérir des véhicules et des pièce détachées supplémentaires et incluent la documentation, la formation ainsi que les outillages, les équipements spécifiques et les pièces détachées.

LE NOUVEL ALTAY BIENTOT LIVRE A L'ARMEE TURQUE !

Le directeur général de la firme turque BMC a annoncé que les premiers chars Altay seront remis à l'armée turque le 23 avril (jour de la Saint Georges !). Le char désormais nommé nouvel Altay sera équipé du moteur sud-coréen DV 27K de Doosan comme prévu dans l'accord signé entre les deux gouvernements en octobre dernier. Les deux premiers chars seront soumis à une campagne de tests prévue durer entre 18 et 24 mois, l'objectif de BMC étant de démarrer la production en série du nouvel Altay 2025. Cette nouvelle série de chars devrait intégrer un certain nombre de modifications et d'améliorations ayant pour objet d'améliorer les performances de l'engin et de remédier aux problèmes rencontrés sur les premiers chars. Cette annonce dont on attend de voir la réalisation met un terme à un programme lancé il y a plus de vingt ans par la firme Otokar qui a été considérablement retardé par l'embargo allemand et par les errements turcs dans la conduite du projet et sa gestion financière.

LANCEMENT DE LA PRODUCTION EN SERIE DE L'ALTAY

Le lancement aujourd'hui de la production en série du char Altay marque une étape importante pour ce programme dont les prémices remontent à 2007, année de la signature du premier accord entre la firme Otokar et le gouvernement turc pour le développement d'un char national. Après de multiples difficultés industrielles, techniques, financières et diplomatiques dont Blablachars s'est fait l'écho à de nombreuses reprises, le programme Altay semble s'engager aujourd'hui dans une la voie de l'industrialisation. C'est le Président Erdogan en personne, qui après avoir visité l'usine BMC, lancera la production des huit premiers engins équipés du groupe moto propulseur sud coréen, dont les tests sont désormais terminés qui devraient être livrés aux forces turques dans le courant de l'année, les deux premiers chars seront testés par l'armée turque dès le mois de février. Le premier lot produit devrait compter 250 exemplaires, dont 100 seraient motorisés par le groupe moto propulseur sud-coréen, les 150 suivants dont la production est prévue à partir de 2025 recevront le moteur turc Batu dont le développement se poursuit. Le lancement de la production de ce char dont l'armée turque souhaiterait acquérir 1000 exemplaires concrétise la volonté d'Ankara de développer une industrie de défense indépendante et non soumise à d'éventuels embargos car comme l'a rappelé I. Demir en août dernier "la Turquie n'est pas un pays qui vivra selon les normes autorisées par les autres. Si nous voulons protéger nos intérêts nationaux de manière indépendante [...] C'est une question à laquelle un pays devrait prêter attention, ainsi qu'aux leçons apprises."

UN NOUVEAU CONSORTIUM DANS LE DOMAINE DE L'ANTICHAR

Le groupe d'armement polonais PGZ (Polska Grupa Zbrojeniowa) a annoncé aujourd'hui la création d'un consortium avec la firme turque Otokar pour le développement et la production de véhicules chasseurs de chars destinés à être intégrés au catalogue de la firme polonaise. Avant cela, le futur engin sera proposé aux forces armées polonaises qui ont exprimé à plusieurs reprises leur intérêt pour ce type de véhicule. Ce programme prévoit l'intégration de missiles antichars de dernière génération sur une plateforme moderne ainsi que le développement des véhicules de soutien et de commandement. Outre les deux sociétés citées, le consortium nouvellement créé regroupe des sociétés polonaises telles HSW SA déjà en charge de la production du Borsuk, Mesko SA spécialisée dans la fourniture de munitions et WZE SA, produisant des composants électroniques embarqués. La firme turque spécialisée dans la réalisation de plateformes devrait amener au consortium son expertise acquise dans le développement de l'Arma, du Tulpar et des tourelles Mizrak.

INCERTITUDES KENYANES

Le blocage par l'administration américaine de l'offre de Textron pour la fourniture de 50 blindés Commando en réponse à un appel d'offres lancé par l'armée kényane en 2016. Au-delà du trouble que cette décision a jeté sur ce marché, le refus de l'administration Biden constitue pour les firmes concurrentes, une occasion inespérée de remporter ce marché portant sur une soixantaine de véhicules blindés de combat d'infanterie et de reconnaissance. Parmi ces sociétés, on trouve les deux firmes turques, Otokar et Katmerciler, la première proposant l'Akrep II et la seconde le Hizir. Ce dernier avait fait l'objet d'un accord en janvier dernier portant sur la livraison de 118 véhicules pour une valeur de 70 millions de dollars dont les modalités de financement seraient à l'origine des difficultés rencontrées par la firme de l'homme d'affaires Furkan Katmerci dans l’exécution de ce contrat. Proche des milieux présidentiels, l'industriel turc serait engagé dans une négociation avec les organismes de crédit-export turcs pour obtenir un assouplissement des conditions financières contenues dans ce contrat. Otokar, fort de plusieurs succès en Afrique avec le Cobra II et l'Arma propose l'Akrep II dont la dernière version a été présentée au cours du Salon IDEF 2021. Déclinable en plusieurs versions dont une armée d'un canon de 90mm, peut embarquer jusqu'à six combattants dans sa déclinaison infanterie. Face à cet activisme turc omniprésent en Afrique, la France pourrait néanmoins tirer son épingle du jeu sur le marché kényan avec Arquus, qui a suivi avec attention les évolutions de ce dossier et proposerait son VAB Mk3 pour équiper les forces de défense kényanes. Alors que le marché de l'armement africain est ultra dominé par la Chine et la Turquie, le savoir-faire français associé à la persévérance d'Arquus pourrait faire la différence sur le contrat kényan pour apporter un nouveau succès au constructeur français.

TRANSPARENCE PARLEMENTAIRE POUR L'ALTAY

Le Ministre de la Défense turc qui s'adressait la semaine dernière aux parlementaires dans le cadre de négociations budgétaires, a indiqué à ses interlocuteurs que les problèmes de moteur et de transmission du char n'étaient pas résolus. Dans son intervention, M Hulusi Akar a rappelé qu'en 2017, la gestion du projet avait été retiré à une société privée pour être confié selon le souhait du Président turc à une firme dirigée par un homme d'affaires proche du pouvoir. Bien que non nommés, il est facile de reconnaitre dans le rôle de la société dépossédée la firme Otokar qui avait déjà réalisé un prototype et était quasiment prête à produire, dans celui de la firme qui récupère BMC et dans le rôle de l'homme d'affaires proche de Recep Tayep Erdogan, Ethem Sancak Es Mali Yatirim Danişmanlik.  

OTOKAR AU PEROU

La participation des industriels turcs au salon SITDEF 2021, qui ouvre ses portes le 28 octobre à Lima, a été confirmée aujourd'hui par l'arrivée dans le port de Calao de deux véhicules produits par Otokar. Le premier de ces engins est l'Arma 8x8 qui a obtenu son premier contrat export en Ouganda et le second est l'Ural 4x4. Moins que le blindé médian, l'Ural est un transport de troupes de 6 tonnes capable de transporter jusqu'à dix combattants et pouvant être configuré dans différentes versions. L'Arma 8X8 est une plateforme médiane qui peut recevoir plusieurs types de tourelles équipées de différentes armes allant de la mitrailleuse de 7,62mm au canon ou mortier de 120mm. Ces différentes configurations peuvent faire varier le poids de l'engin de 25 à 40 tonnes. L'Arma 8x8 devrait être présenté dans sa version la plus commune, équipé d'une tourelle moyen calibre Mizrak 30 également produite par Otokar. Au moment où de nombreuses armées sud-américaines envisagent de renouveler leurs flottes de VCI, la présence d'Otokar au SITDEF ne peut que renforcer l'image et la présence de l'industrie de défense turque dans la région.