UNE ANNEE IMPORTANTE POUR LES BLINDES BRESILIENS

Confronté à d'importantes difficultés budgétaires et à une hausse historique du dollar, le gouvernement doit également faire face à une crise politique avec la future réforme ministérielle dont le premier acte est constitué par le départ (à sa demande) du ministre de la Défense,José Múcio Monteiro en poste depuis janvier 2023. C'est donc dans un contexte difficile, que son successeur devra traiter les différents dossiers relatifs aux différents programmes de modernisation des forces armées brésiliennes, parmi lesquels plusieurs intéressent l'armée de terre. Le contexte financier et politique pourrait peser sur l'avenir des programmes en cours, qui devraient voir leur statut modifié dans le courant de l'année 2025, qui s'annonce capitale pour les forces terrestres brésiliennes. 

PREMIERS TIRS REELS POUR LE CENTAURO BRESILIEN

Le programme d'intégration du Centauro II BR dans l'armée brésilienne a franchi une nouvelle étape avec la réalisation des premiers tirs réels. L’évaluation a été réalisée sur le Campo de Instrucão Barão de São Borja, situé dans le sud du pays. Les tirs concluaient une période de dix semaines de formation des premiers équipages au sein du Centre d’Entraînement Blindé de Santa Maria. Le Centauro II a été sélectionné en 2022 par le Brésil dans le cadre du programme VBC CAV-MSR 8x8.L'évaluation menée ces derniers jours devrait permettre de finaliser la qualification du véhicule en 2025, qui devrait ouvrir la voie à la poursuite du programme. Ce dernier prévoit à partir de 2026, la livraison par lots annuels d'un total de 98 engins 8x8 équipés de la tourelle HitFact II. La durée totale du programme qui prévoit un étalement sur quinze ans des livraisons interroge plusieurs observateurs qui considèrent ce délai comme trop long. Avec le nouvel engin, les forces armées brésiliennes concrétisent leur volonté de modernisation, également visible avec le choix de l'obusier israélien ATMOS et la publication d'une RFI (Request For Information) pour l'acquisition d'un VCI chenillé et d'un char. Cette simultanéité pourrait favoriser des sociétés capables de fournir un engin unique décliné en version VCI et char, comme GDELS, Rheinmetall ou encore BAE Systems Hagglunds. Le projet brésilien pourrait aboutir à une décision dans le courant de l'année 2025.

LE BRESIL ENTRE CENTAURO ET ATMOS

Ce n'est que le samedi 17 aout soir, que le premier Centauro destiné à l'armée brésilienne est arrivé dans le port de Rio de Janeiro après plusieurs semaines de blocage dans le port de Hambourg. Selon les autorités allemandes qui retenait l'engin depuis le mois de juin, l'absence de documents de transport aurait justifié son immobilisation, démarche qui aurait suscité de grandes inquiétudes au sein de l'état-major brésilien, craignant que des complications diplomatiques ne soient à l'origine de la décision allemande. Le second véhicule devrait arriver au Brésil dans les semaines à venir, pour y subir des évaluations qui seront capitales pour la suite du contrat d'acquisition des 96 véhicules prévus pour un cout avoisinant les 900 millions d'euros. 

RFI BRESILIENNE

Faisant suite aux récentes informations publiées par Blablachars, le Brésil a confirmé ses projets d'acquisition de chars et de VCI avec la publication ces derniers jours d'une RFI ou Request For Information. L'état-major général de l'armée brésilienne a annoncé la mise en place de la consultation publique N°02/2024, entre le1er août et le 1er novembre 2024, visant à étudier les marchés  nationaux et internationaux relatifs à l'acquisition de Véhicules de Combat Blindés pour l'infanterie et de chars. Cette démarche qui s'inscrit dans le cadre du Programme Stratégique pour les Forces blindées comprend également un aspect financier, la RFI devant permettre d'effectuer des recherches de prix pour les différents matériels. Selon les résultats obtenus d'ici le 1er novembre, cette RFI pourrait être suivie d'une RFP qui permettrait aux candidats potentiels de présenter leur offre. Cette démarche illustre le retour du blindé sur les différents continents, y compris ceux pour lesquels la démarche semblait moins probable. En Amérique du Sud, plusieurs pays se sont déjà engagés dans cette voie, en envisageant l'acquisition de véhicules neuf ou par la modernisation de leur flotte. La généralisation des engins blindés modernes, chars et VCI  rend de plus en plus hypothétique toute intervention co,duite par un pays dépourvu de capacités au moins équivalentes. A méditer...

CONSULTATION BRESILIENNE

Le Brésil poursuit la modernisation de ses forces terrestres, concrétisée par l'acquisition de 98 Centauro II décidée en novembre 2022 et plus récemment par la sélection de l'obusier israélien ATMOS dont 36 exemplaires devraient équiper les unités d'artillerie d'ici 2030. C'est désormais au tour des chars et VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) d'être au centre des préoccupations de l'état-major brésilien avec l'annonce de l'organisation de consultations publiques. Celles-ci se tiendront entre le 1er août et le 1er novembre 2024 et auront pour but de définir les contours des futurs chars et VCI destinés à remplacer les engins actuellement en service. Le nombre d'engins à acquérir pourrait être de 65 chars modernes et de 78 VCI. Les candidats potentiels pourraient être la firme chinoise NORINCO qui pourrait proposer le VT-4 qu'une délégation brésilienne a pu découvrir en mai 2023 au cours d'une visite en Chine et un VCI qui pourrait être le VN-17, le VN-20 ou le plus lourd VN-50. BAE Systems pourrait proposer le CV90 déclinable en version VCI et char léger avec le CV90120, l'engin suédois a été présenté en août dernier à l'armée brésilienne. Fort du succès de l'ATMOS, Elbit Systems associé à un constructeur (GDELS) pourrait également proposer sa tourelle Sabrah déjà choisie par les Philippines pour l'armement de son char léger et des Pandur 8x8. La firme italienne Leonardo pourrait proposer un engin basé sur sa tourelle HitFact MkII (identique à celle du Centauro II) que l'on a pu découvrir installée sur le Lynx de Rheinmetall au cours du dernier salon Eurosatory. Le récent rapprochement entre la firme de Düsseldorf et Leonardo pourrait favoriser la candidature d'un engin germano-italien déclinable en version VCI et char léger. Enfin, la Turquie a l'offensive en Amérique du Sud pourrait également être consultée avec le char léger Kaplan basé sur une châssis FNSS et une tourelle 3105 de John Cockerill ou le Tulpar d'Otokar que l'on a pu voir au World Defense Show équipé d'une tourelle HitFact MkII de Leonardo. La consultation publique pourrait déboucher sur un appel d'offres qui permettra d'identifier de façon plus précise les candidats et les solutions proposées à l'armée brésilienne. 

L'ARGENTINE ENTRE STRYKER ET TAM 2C-A2

L'Argentine qui a entrepris de moderniser plusieurs composantes de ses forces armées a mené plusieurs actions en ce sens. Parmi les matériels terrestres, l'acquisition d'un nouveau véhicule de combat pour l'infanterie et la modernisation d'une partie de la flotte des TAM (Tanque Argentino Medio) ont été régulièrement évoqués. Ce dernier projet semble désormais bien lancé, si l'on en croit les dernières informations en provenance d'Argentine selon lesquelles le déploiement des chars modernisés devrait débuter dans les prochains mois. Le premier des projets que l'on pensait également "sur des rails" connait une évolution différente qui pourrait retarder la mise en service du futur engin dans les forces armées argentines.

DERNIERE MINUTE BRESILIENNE

Selon une information publiée sur le réseau social X (anciennement Twitter), l'armée brésilienne aurait choisi l'obusier israélien ATMOS pour équiper ses unités d'artillerie dans le cadre du programme VBCOAP (Vehículo Blindado de Combate con Obús Autopropulsado Sobre Ruedas de 155 mm) portant sur la fourniture d'obusiers de 155mm. Ce choix fait suite à une évaluation des différents matériels proposés, parmi lesquels le canon français Caesar. Les autres candidats étaient le Zuzana 2 slovaque et le SH-15 chinois. Le programme VBCOAP prévoit la livraison sur huit ans de 36 obusiers de 155mm. L'obusier israélien déjà choisi par la Colombie, également au détriment du Caesar français, continue de s'imposer sur le marché export, équipant déjà plus d'une dizaine de pays.

RENFORCEMENT BRESILIEN

En raison des tensions existantes dans la région depuis quelques jours, l'armée brésilienne a renforcé son dispositif dans l’État de Roraima. Situé au nord-ouest du Brésil, cet état frontalier du Venezuela et du Guyana pourrait offrir une base de départ aux troupes de Caracas pour une action vers le Guyana, étant plus accessible et offrant un relief moins marqué que celui de la frontière entre le Venezuela et le Guyana. Pour parer à cette éventualité, l'armée brésilienne a renforcé la garnison locale faisant passer son effectif de 130 à 600 militaires et en déployant sur zone, 28 véhicules blindés Guarani, Cascavel et Guaicuru. Ces engins appartiennent au 18ème régiment de cavalerie mécanisée, issu du 12ème escadron de cavalerie mécanisée, jusqu'à présent en charge de la frontière nord. La création du régiment qui devrait compter trois escadrons de combat et une unité de commandement et de soutien, initialement prévue en 2025 a été accélérée en raison des événements actuels. Le transfert de 16 Guaicuru supplémentaires prévu dans le courant du mois de décembre devrait permettre au régiment d'accroitre ses capacités en attendant l'arrivée d'autres engins en provenance du sud et du centre du pays. 

PREMIERE APPARITION DU CASCAVEL EE9M

Le premier prototype du Cascavel NG a fait sa première apparition officieuse lors d'une cérémonie qui s'est déroulée à l'Académie militaire des Agulhas Negras. L'état-major général de l'armée brésilienne a profité de l'occasion pour annoncer que la présentation officielle de l'engin devrait avoir lieu à la fin du mois dans les locaux de l'Arsenal de Guerre de Sao Paulo. L'apparition de ce premier prototype du véhicule blindé de reconnaissance à roues (VBR-MSR) 6x6 EE9M Cascavel a permis de découvrir quelques unes des modifications apportées au véhicule par sa modernisation. Le châssis et la tourelle entièrement reconstruits intègrent des systèmes de vision nocturne thermique pour tous les membres d'équipage ainsi qu'un système de gestion de la situation tactique. Les travaux en cours portent sur essentiellement sur le canon Engesa EC 90 de 90mm en vue de permettre la future intégration d'un lanceur double pour des missiles antichars Spike. Le programme de modernisation du Cascavel prévoit la réalisation de deux prototypes, de sept engins de présérie et la modernisation d'un nombre de Cascavel pouvant aller de 98 à 201 engins, sur les 409 que compte actuellement l'armée brésilienne.

PAS DE MODERNISATION POUR LES LEOPARD 1A5 BR

On savait depuis quelques mois que les Leopard 1A5 de l'armée brésilienne ne recevraient pas de nouvelle tourelle, qui aurait pu être partagée avec celle de l'engin vainqueur du marché VBC CAV-MSR 8x8, en l’occurrence la HITFACT de Leonardo installée sur le Centauro II. Pour justifier leur choix, les autorités brésiliennes avaient souligné le cout de cette opération, marquant à cette occasion leur préférence pour une rénovation ciblée des tourelles en service. Cette modernisation a été reportée "sine die" par les autorités brésiliennes, en raison du manque de pièces détachées disponible pour ce char. Plusieurs raisons pourraient être à l'origine de cette pénurie. La première et la plus évidente serait liée au déroulement des opérations de remise en condition de plusieurs dizaines d'exemplaires de Leopard 1A5 destinés à l'Ukraine. La seconde, également évoquée à propos de l'embargo allemand sur les véhicules Guarani à destination des Philippines, aurait pour origine les positions du Président Lula dans le conflit ukrainien. En février dernier, le chef de l'état brésilien avait rejeté une demande allemande de fourniture de munitions de 35mm pour les Gepard fournis à l'Ukraine ainsi que d'obus de 105mm pour les Leopard 1A5 dont la réexportation vers Kiev avait été autorisée le 7 février. Bien que cette pénurie de pièces détachées ne puisse être officiellement attribuée aux industriels allemands, sa possible existence illustre la durée et complexité des relations nouées entre deux pays lors de l'acquisition de matériels militaires majeurs, faisant du char un instrument politique dans la main du fournisseur. Les tankistes brésiliens devront attendre des jours meilleurs pour espérer disposer d'une tourelle modernisée, à moins que d'autres pays ne se montrent plus compréhensifs. 

ESCAPADE BRESILIENNE POUR LE CV90

C'est sur le terrain du centre d'évaluation de l'armée brésilienne ou CAEx (Centro de Avaliações do Exército)  que BAE Systems a présenté cet été les capacités du CV90. Cette présentation organisée par la firme anglo-suédoise s'inscrit dans le programme VBC Fuz prévoyant l'acquisition de 78 VCI (Véhicules de Combat d'Infanterie) chenillés pour l'armée brésilienne. Plus habituée aux terrains européens la dernière version de l'engin, le CV90 MkIV a pu profiter au Brésil d'un décor de carte postale pour démontrer ses qualités de mobilité et de puissance de feu. Cette nouvelle évolution de l'engin est équipée d'un nouveau moteur Scania développant 1000 ch associé à une version améliorée de la transmission X300 produite par la firme américaine Allison Transmissions, permettant de conserver la mobilité de l'engin en dépit d'une augmentation de la charge utile et du poids de l'engin passant de 35 à 37 tonnes. Côté tourelle, le CV90 MkIV est équipé du système "iFighting" qui fusionne, filtre et priorise les données produites par les différents équipements de l'engin afin d’accélérer et faciliter la prise de décision de l'équipage. Le CV90 MkIV est également le premier VCI occidental à recevoir un système de protection active et une architecture électronique ouverte de quatrième génération permettant l'adoption de sous-systèmes adaptés aux besoins et aux missions conduites. Le CV90 dont plus de 1300 exemplaires sont déjà en service dans huit pays, a été récemment choisi par la Slovaquie et la République Tchèque, pour l'équipement de leurs unités d'infanterie mécanisée. Au moins un exemplaire du VCI anglo-suédois a été capturé par les troupes russes après avoir été atteint par des roquettes antichars, dont l'impact aurait entraîné la mort du chef d'engin et l'abandon du VCI par les troupes embarquées. La Suède a fourni à l'Ukraine, une cinquantaine de CV9040C armé d'un canon Bofors de 40mm et dépourvu de tout système de protection active. Ce dernier équipement se révèle désormais indispensable à la survie des engins blindés, comme en témoigne les récentes acquisitions ou les programmes en cours, qui font de l'adoption de ces systèmes, une priorité essentielle.

RFP BRESILIENNE

Le Brésil a publié hier sur le site de la Brazilian Army Commission in Washington, la RFP (Request For Proposal) N°01/2023 relative à la fourniture d'obusiers automoteurs de 155mm dans le cadre du programme VBCOAP (Vehículo Blindado de Combate con Obús Autopropulsado Sobre Ruedas de 155 mm). Ce projet initié, en 2021 et reporté l'année dernière pour des raisons financière vise à équiper les unités d'artillerie de 36 obusiers de 155mm, dont les livraisons s'étaleraient sur huit ans et pourraient être adaptées aux besoins de l'armée brésilienne et aux ressources financières disponibles. Les deux premiers engins livrés serviront à l'homologation qui ouvrira la voie à la livraison des 34 engins restants. Pour l'obtention de ce marché, on devrait voir un nouvel affrontement entre le Caesar français (probablement en version 6x6) et l'Atmos israélien. L'obusier de 155mm Yavuz développé par la firme turque MKE (Makine ve Kimya Endüstrisi) monté sur une cabine protégée fournie par RMMV (Rheinmetall Man Military Vehicle), dont la participation à l'appel d'offre brésilien a été annoncée ces derniers jours, pourrait jouer les trouble-fête dans cette compétition. 

LE BRESIL PARTICIPERA AU FINANCEMENT DES GUARANI ARGENTINS.

A l'occasion de la visite du Président argentin au Brésil pour le 200ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, le Président brésilien a annoncé l'intention de son pays de fournir une aide financière à l'Argentine pour l'acquisition de véhicules blindés Guarani par le biais de la BNDES (Banque Nationale de Développement Économique et Social). Cette annonce fait suite à la signature en janvier dernier d'une lettre d'intention portant sur l'achat de 156 Guarani par l'Argentine qui devrait recevoir 120 véhicules transport de troupes équipés du tourelleau ARES, 27 véhicules de combat d'infanterie qui recevront une tourelle UT-30BR développée par Elbit Systems, armée d'un canon de 30mm et 9 véhicules poste de commandement. La décision brésilienne apporte une réponse aux nombreuses interrogations sur le financement de l'acquisition de ces véhicules par l'Argentine, dernier obstacle à la signature d'u contrat d'achat des 156 Guarani.

EMBARGO ALLEMAND SUR LE GUARANI

En raison de la présence de composants militaires d'origine allemande, l'organisme fédéral de contrôle des exportations, le BAFA (Bundesamt für Wirtschaft und Ausfuhrkontrolle) a imposé un embargo sur l'exportation de 28 véhicules blindés Guarani commandés en 2020 par les Philippines. Les engins concernés qui sont produits au Brésil par IDV (Iveco Defence Vehicules) ont été acquis par les Philippines auprès de la société israélienne Elbit Systems dans le cadre d'un accord de gré à gré entre les deux gouvernements, qui comprenait également d'autres équipements. La décision allemande a empêché la livraison à Manille des cinq premiers Guarani produits dans l'usine de Sete Lagoas, où ils ont été stockés en attendant la suite des événements. Le projet de développement d'une version modernisée du Guarani, baptisée Guarani 2.0 dont une des principales évolutions serait le remplacement des composants d'origine allemande, pour éviter tout nouvel embargo sur de futures exportations en Argentine ou en Malaisie où le Guarani pourrait être choisi. Ce nouvel embargo allemand rapproche un peu plus Berlin d'une politique d'exportation proche de celles suivie par l'administration américaine à l'aide des règles ITAR (International Traffic in Arms Regulation) à portée "universelle".

LE GUARANI EN ROUTE VERS DE L'ARGENTINE

La signature aujourd'hui d'une lettre d'intention de l'Argentine pour l'achat de 156 Guarani confirme les informations diffusées depuis plusieurs semaines sur le sujet. Plusieurs médias argentins ainsi que des sources gouvernementales avaient confirmé ces derniers jours la décision argentine d'intensifier les négociations pour l'acquisition de véhicules transport de troupes 6x6 Guarani. Débutées en 2020, ces discussions se sont intensifiées ces derniers mois après l'évaluation du blindé brésilien par l'armée argentine. Le ministre argentin de la Défense avait confirmé l'intérêt de son pays pour le Guarani lors de sa visite à IDV (Iveco Defense Vehicles) de Sete Lagoas au sein de laquelle sont assemblés les engins dont plusieurs composants sont déjà produits en Argentine. Le récent changement de président au Brésil a permis de lever les derniers obstacles à la signature de l'accord entre les deux pays, dont les dernières modalités telles que la répartition des travaux entre l'usine argentine de Cordoba et celle de Sete Lagoas ont été réglées. L'adoption du Guarani met un terme à l'appel d'offres dans lequel le blindé brésilien était opposé au Stryker M1126 de General Dynamics Land Systems, au VN-1 (ou ZBD-09) proposé par la firme chinoise Norinco et le BTR-82A, version améliorée du BTR-80A armée d'un canon de 30mm 2A42, dont la candidature de dernière minute a certainement "fait les frais" du conflit ukrainien. Les 156 unités objets de la lettre d'intention se répartissent entre 120 Transport de Troupes armés d'une mitrailleuse de 12,7mm, 27 Véhicules de Combat d'Infanterie armés d'une tourelle moyen calibre, (les Guarani brésiliens sont équipés de la tourelle téléopérée UT30Mk2 d'Elbit Systems) et 9 véhicules PC.

PAS DE NOUVELLE TOURELLE POUR LES LEOPARD BRESILIENS

Contrairement à ce que l'on pouvait penser au moment de l'attribution de l'appel d'offres VBC CAV-MSR 8x8, les Leopard 1A5 de l'armée brésilienne ne bénéficieront pas d'une nouvelle tourelle, qui aurait pu être celle de l'engin choisi, en l’occurrence la HITFACT de Leonardo. Cette décision qui semble motivée par des problèmes liées au coût de cette opération, a été prise après une consultation menée par les services de l'armée brésilienne auprès d'entreprises nationales et étrangères sur les faisabilité de l'opération et les offres correspondantes. La solution retenue pour la modernisation de Leopard 1 A5 BR est celle d'une modernisation de la conduite de tir du canon L7A3 de 105mm, de l'intégration du système Command & Control (C2) de l'armée brésilienne et d'une modernisation de l'optronique. ces modifications majeures seront complétées par l'installation d'un détecteur d'alerte laser, d'une motorisation de tourelle électrique, d'un système de navigation inertielle, un système d'extinction incendie et d'un groupe auxiliaire de puissance. Cette modernisation devrait concerner 52 chars  (soit 25% du parc en service), à raison de deux chars (prototypes) en 2024, huit en 2025, neuf en 2026 et sept en 2027, ces engins étant tous destinés à la 6ème Brigade d'Infanterie blindée. La 5ème Brigade de cavalerie blindée recevra quant à elle un char modernisé en 2027, sept en 2028, huit en 2029 et dix en 2030. Cette décision clôture un processus entamé en 2019 et devrait permettre à l'armée brésilienne de conserver ses chars jusqu'à l'horizon 2040.

LA TOURELLE 3105 PRESENTEE A L'ETAT MAJOR GREC

Quelques jours après l'échec de leur proposition pour l'appel d'offres brésilien, des responsables de John Cockerill Defense ont effectué une présentation de la tourelle 3105 à l'état-major général de l'armée grecque. Cette tourelle dotée d'un canon de 105mm et d'un système de chargement automatique pourrait permettre de moderniser les 190 Leopard 1A5 en service dans les forces grecques. Ce montage avait été présenté par la firme belge au dernier salon Eurosatory, en vue de convaincre les utilisateurs de Leopard 1 des possibilités de modernisation offerte par cet équipement. John Cockerill Defense devra se montrer très convaincant pour imposer sa tourelle 3105, face aux propositions allemandes portant sur un ensemble de matériels, dont les Leopard 1A5 qui pourraient être portés au standard 2A5+, même si l'on peut s'interroger sur réelle faisabilité d'une telle opération. 

FIN DE LA SUSPENSION DU CONTRAT CENTAURO II

La suspension du contrat d'acquisition des 98 Centauro II destinés à l'armée brésilienne décidé au début du mois a été annulé par la Cour de Justice Suprême brésilienne. Cette décision fait suite à un appel formulé par le gouvernement brésilien dans lequel le ministre de la Défense a rappelé que l'acquisition de véhicules blindés s'inscrivait dans une politique publique de long terme, appuyée par une large réflexion technique, entamée il y a  10 ans. Toujours selon le ministre, les dépenses liées au "Projeto Forças Armoradas" sont incluses dans le plan pluriannuel 2020-2023 en tant qu'investissement prioritaire, rappelant que le processus d'acquisition doit se dérouler sur une durée de 17 ans. Ces deux arguments ont permis de rejeter les accusations de dépense déraisonnable en période de restriction budgétaire, formulées par les opposants au projet. La présidente de la Cour Suprême a également souligné que "la continuité du projet de rénovation du parc militaire doit être assurée, non seulement parce que la décision de suspension est susceptible d'entrainer une augmentation des montants déjà définis et [...] compromet la structure et le plan de défense extérieure élaborée par le ministère de la Défense [..] et causer des dommages sans équivoque à l'ordre, à la capacité de sécurité extérieure et à l'économie publique". Le gouvernement brésilien peut maintenant effectuer le premier paiement d'un million de reals (soit 178045 euros) pour confirmer le contrat et recevoir les deux premiers engins.

LA JUSTICE BRESILIENNE SUSPEND LE CONTRAT DU CENTAURO II

Selon plusieurs médias brésiliens, la justice du pays a suspendu aujourd'hui le contrat d'achat des 98 véhicules blindés Centauro II dont l'acquisition a été annoncée la semaine dernière. C'est le tribunal régional fédéral de la 1ère région qui a annoncé cette décision au moment où devait être signé un avant-contrat portant sur la livraison de deux véhicules destinés au Centre d’Évaluation de l'Armée (CAEx). Même si les motifs de cette suspension demeurent inconnus, cette décision devrait satisfaire la présidente du Parti des Travailleurs (auquel appartient Lula) Gleisi Hoffmann. Cette dernière a exprimé dans un tweet publié le 28 novembre son avis sur ce contrat :" 5 milliards ! C'est le montant que l'armée calcule pour dépenser avec 98 véhicules blindés dans l'extinction des feux du gouvernement Bolsonaro. Une immoralité avec la situation chaotique des comptes publics et ce que vit le peuple. Nous étudierons ce qui peut être fait à partir de janvier. Malheureux." La  référence au mois de janvier rappelle que selon la Constitution brésilienne, le nouveau président élu prend officiellement ses fonctions le 1er janvier. Le Parti des Travailleurs souhaite que le ministère de la Défense et celui des Finances se positionnent sur le choix de l'armée brésilienne, rappelant que le programme VBC Cav-MSR 8x8 n'est pas l'affaire d'un gouvernement mais de l’État brésilien et que l'armée brésilienne sait ce dont elle a besoin pour garantir la souveraineté du Brésil. Cette suspension pourrait ouvrir la voie à un report ou une annulation. Dans ce dernier cas, cela nécessiterait la publication d'un nouvel appel d 'offres, qui aurait pour effet de retarder le processus d'acquisition et in fine le remplacement des Cascavel, entrés en service à partir de 1974.

VICTOIRE ITALIENNE AU BRESIL

C'est sans surprise que l'armée brésilienne a annoncé sa décision de sélectionner le Centauro II en réponse à l'appel d'offres VBC CAV-MSR 8x8. La communication de l'état-major indique que le blindé italien est sorti vainqueur de la compétition devant le LAV700 présenté par GDLS (General Dynamics Land Systems) et John Cockerill Defense et le ST-1 du chinois NORINCO. Les 98 véhicules prévus dans ce contrat pourraient être complétés par des engins supplémentaires dans les prochaines années. Le blindé italien a certainement bénéficié de l'implantation de l'usine d'Iveco dans laquelle sont assemblés les Guarani avec lequel le Centauro II partage 30% de ses composants. Selon les termes du contrat, cette usine devrait être agrandie et complétée par un site de production de Leonardo sur lequel seraient assemblées les tourelles HitFact Mk II devant équiper les Centauro II brésiliens. Ce succès qui est le premier obtenu à l'exportation par le blindé italien et pourrait être ouvrir la voie à d'autres succès.