LE GUERRIER BRITANNIQUE EN REPREND POUR CINQ ANS !

Le ministre britannique en charge des achats pour la  Défense, James Cartlidge a confirmé il y a quelques jours le maintien en service du Warrior jusqu'en 2030. Cette extension de la vie opérationnelle du guerrier britannique dont la modernisation a été annulée en 2021 permettra de combler le vide capacitaire créé par le retrait des Combat Vehicle Reconnaissance (Tracked) et le retard pris par les programmes de remplacement. Le premier de ces projets l'Ajax dont Blablachars a relaté les difficultés de mise au point a finalement atteint son l'IOC (Initial Operating Capability) en 2023 avec plus de deux ans de retard sur le planning initial et devrait pas être pleinement opérationnel (Full Operating Capability) avant 2029. Le second véhicule, le Boxer devrait atteindre l'IOC en 2025, date à laquelle 27 engins devraient être produits, tandis que les livraisons des 632 exemplaires commandés ne devraient pas être achevées avant 2032. Outre le Warrior dont la production a débuté il y a un peu moins de quarante ans, l'armée britannique peut s'enorgueillir de compter dans ses rangs un des engins les plus anciens encore en service avec le FV 432 Trojan, dont les livraisons ont débuté en 1963. Les 1500 engins encore en service, portés au standard Mark 3, désormais appelés Bulldog devraient rester en service jusqu'en 2030, en attendant la livraison des premiers véhicules issus du programme Armoured Support Vehicle destiné à remplacer ce fringant sexagénaire. Le Bulldog qui constitue pour l'armée britannique une solution peu couteuse, souffre de la priorité donnée aux programmes majeurs tels que l'Ajax, le Boxer ou encore le Challenger 3, dans un contexte budgétaire plutôt compliqué.

EN ATTENDANT L'ARRIVEE DE L'AJAX......

Le ministère britannique de la Défense a confirmé aujourd'hui la possibilité d'utiliser le Warrior dans des missions de reconnaissance en attendant la mise en service de l'Ajax prévu pour ce rôle. Répondant à la question d'un parlementaire sur le remplacement du CVRT Scimitar que le ministre de la Défense a confirmé que ses services étaient en train de prendre des mesures pour le développement de l'utilisation du Boxer et l'utilisation du Warrior comme véhicule de reconnaissance, dont le programme de modernisation annulé en mars dernier, aurait couté plus de 430 millions de Livres. Jeremy Quin avait écarté il y a quelques jours l'hypothèse d'achat d'un véhicule de remplacement à l'Ajax en dépit des difficultés rencontrées dans son développement. Le  Warrior risque donc de rester encore quelques années en service dans les unités de reconnaissance britanniques en dépit d'une mise en service de l'Ajax programmée pour 2023. Le Warrior est un véhicule de combat d'infanterie mis en service à partir de 1988 dont les performances sont aujourd'hui largement dépassées dans les domaines de l'armement et de la protection. Il constitue une piètre alternative à l'Ajax empêtré dans ses difficultés techniques et les révélations sur la gestion calamiteuse du programme par les différents responsables civils et militaires impliqués. Entre la modernisation d'un nombre quasi symbolique (148 chars sur 227 en service) opérationnels à partir de 2030 et un futur véhicule de reconnaissance qui  accumule les retards et les dérives budgétaires, le Royal Armoured Corps traverse une des crises les plus sérieuses de son histoire, dont les effets se feront sentir pendant de longues années.

LE ROYAUME UNI RETARDE SES DECISIONS SUR L'AVENIR DE SES ENGINS BLINDES

Selon Jane's les décisions relatives à deux des programmes majeurs de véhicules blindés ont été retardées afin de permettre leur intégration dans la revue en cours de la politique extérieure et de défense dont les conclusions devraient être connues au cours du mois de février.  Les deux programmes objets de ce report sont la modernisation du Challenger 2  et celle du véhicule de combat d'infanterie Warrior. Les contrats correspondants à ces deux projets qui auraient du être publiés le 20 décembre, le seront plus vraisemblablement en mars ou avril selon le Vice Chef d’État Major des Armées britanniques. Lors de son audition en octobre dernier par le Defense Committee du Parlement, le Général Tickell a déclaré s'attendre à la publication de ces contrats avant la fin de 2021. Le secrétaire d'état à la Défense Ben Wallace a confirmé le 11 décembre le souhait du gouvernement britannique de publier les résultats de la revue en février et de les accompagner d'un document du ministère de la Défense indiquant les possibilités d'emploi des 16.5 milliards de livres supplémentaires accordés à la Défense en novembre 2020 par le Premier Ministre.

LES BLINDES BRITANNIQUES DANS LA TOURMENTE ?

Même si rien n'est encore formellement décidé, l'avenir des blindés dans l'armée britannique est sérieusement remis en question. L'abandon de la revalorisation des 227 Challenger 2 et des 338 Warrior "obsolètes" permettrait le financement d'autres secteurs comme l'acquisition de capacités cyber, l'espace ou les technologies innovantes. Si ces intentions devaient être confirmées, le Royaume Uni serait privé d'une partie importante de ses capacités terrestres, rendant inenvisageable toute action de haute intensité ou participation à une coalition. Après les Marines américains, le char pourrait également faire les frais d'un rééquilibrage des priorités au profit des nouveaux domaines d'affrontement potentiel. Une telle décision priverait le Royaume-Uni de ses capacités d'intervention en haute intensité, ainsi que de toute contribution à une éventuelle coalition ou action de ce type, comme les mesures de renforcement de la présence de l'Otan dans les pays baltes.