SYRIE : LES UNS PARTENT, LES AUTRES ARRIVENT.

Pendant que les nouveaux maitres de Damas s'installent au pouvoir et que les troupes russes quittent le pays, le territoire syrien est déjà marqué par l'entrée d'autres forces armées provenant de pays voisins. Ainsi on a appris en début de semaine que des unités de l'armée turque équipées de véhicules Kirpi de BMC avaient franchi la frontière séparant les deux pays dans la région de Jarablous au nord du pays. La ville qui avaient déjà été le théâtre de combats entre les chars turcs et le forces kurdes est une étape importante pour les forces turques engagées en direction d'Alep afin de soutenir le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et son allié, l'Armée Nationale Syrienne. 

DES ARMES ANTICHARS ET DES BLINDES POUR LES REBELLES SYRIENS

Si la rapidité de l'offensive ayant conduit à chute du régime syrien a surpris les observateurs, cette action également permis aux "rebelles" de mettre la main sur un des plus importants arsenal de la région. Blablachars a tenté de dresser un inventaire le plus précis des matériels syriens ayant changé de main ces derniers jours, avec un intérêt particulier pour les armes antichars et bien sur les engins blindés les plus significatifs. Cette alternance de régime dont on a du mal à envisager toutes les conséquences, laisse dans les mains des nouveaux maitres de Damas un arsenal conséquent, dont l'essentiel a été livré au régime syrien dans les années où celui-ci était encore fréquentable. Ce scénario n'est pas sans rappeler les événements de Libye où la chute de Kadhafi avait permis aux milices de se réarmer ou encore ceux du Yémen où l'on a vu réapparaitre dans les rangs houthis des T-80 acquis par le gouvernement précédent. 

PREMIERES LIVRAISONS DE PARS 6x6 AUX FORCES TURQUES

La firme turque FNSS a livré hier les trois premiers exemplaires des véhicules Pars 6x6 destinés à équiper les forces spéciales turques. Les engins ont été remis au cours d'une cérémonie présidée par Ismail Demir, président des industries de défense turques. Les engins visibles sur la vidéo sont équipés de deux RWS (Remote Weapon Stations) SARP (Stabilized Advanced Remote Weapon Platform) produites par Aselsan, montées à l'avant et à l'arrière du véhicule. Ces RWS peuvent être armées d'un lance grenades automatique de 40mm ou d'une mitrailleuse de 12.7mm ou 7.62mm. Autre équipement visible sur les images, le détecteur de départ de coup SEDA également développé par Aselsan et que l'on pouvait voir sur la tourelle Kohran présentée par la firme turque au dernier salon Eurosatory. Les engins présentés hier sont également équipés du brouilleur Kangal également produit par Aselsan destiné à contrer la menace représentée par les IED radio-commandés. La médiatisation de cette première livraison intervient au moment où le Président Erdogan a annoncé le lancement dans les prochains jours d'une opération terrestre en Syrie visant à établir des zones de sécurité à partir des localités de Tall Rifat, Manbij an Ayn al Arab situées au nord et au centre de la Syrie.

UN AN APRES, IL Y A TOUJOURS DES BRADLEY EN SYRIE.

Prévu pour une durée de six mois, selon le porte-parole de l'opération qui s'exprimait en septembre dernier, le déploiement en Syrie des Bradley aura survécu au changement de président américain et semble jouer les prolongations. Des clichés postés aujourd'hui par un photographe de l'AFP montrent en effet des engins en patrouille dans le village de Jawadiyah, localité située dans la partie nord-est de la Syrie, non loin de la frontière turco-syrienne. Les engins figurant sur les clichés sont identiques à ceux initialement déployés, à savoir des Bradley M2A3 équipés de briquettes de blindage réactif sur les flancs du véhicule. Depuis leur arrivée sur le territoire syrien, les engins américains participent à la surveillance des installations pétrolières et au dispositif de la CJTF-OIR (Combined Joint Task Force - Operation Inherent Resolve). Cette présence dans la durée de ces VCI chenillés illustre la capacité d'adaptation et de réversibilité des unités blindées mécanisées qui peuvent être engagées dans un large éventail de missions, sur des terrains variés, dans des opérations d'intensité variées.

PRODUCTIONS IRANIENNES

En raison des sanctions imposées au pays, les industries iraniennes de défense s'emploient à développer des armements largement inspirés de modèles existants dans d'autres pays. Dans le domaine des missiles antichars, le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique a dévoilé récemment un missile baptisé Almas (Diamant) fortement inspiré du Spike israélien. Autre modèle qui a inspiré les ingénieurs iraniens, le Kornet dont le dérivé iranien baptisé Dehlaviye-2 dont la portée pourrait atteindre 8 km. On ignore si ce missile a été copié ou fabriqué sous licence après accord de la Russie. Dernier exemple de cette créativité, la version iranienne du Hellfire américain connu sous le nom de Ghaem114 et qui arme les hélicoptères d'attaque AH-1J Cobra des Gardiens de la Révolution. Les productions iraniennes vient s'ajouter à la longue listes des armements antichars en service dans le monde, et plus particulièrement sur les théâtres d'opérations au Moyen Orient, en Syrie au sein de l'armée nationale syrienne, au Yémen aux mains des rebelles Houtis et au Liban où le Hezbollah possède de nombreux exemplaires de ces armes. Au sud, le Hamas possède également des missiles Kornet ainsi que des systèmes 9M113 Konkurs. La présence de ces armements au sein des arsenaux des différentes factions terroristes de la région rend indispensable l'équipement des chars israéliens avec des systèmes de protection active performants.

LE BLINDAGE, POUR QUOI FAIRE ?

On évoque régulièrement dans blablachars, les munitions dites "flèches" en français mais connues dans le reste du monde sous les vocables anglo-saxons, KE pour Kinetic Energy, APFSDS pour Armour Piercing Fin Stabilized Discarding Sabot, ou encore Sabot dans l'armée américaine. Ce type de munition développée par les Britanniques dans les années 40 a longtemps été l'apanage des seuls chars lourds dont elle reste encore la munition préférentielle, seule capable de percer les blindages les plus conséquents. Les progrés dans la conception de ces obus ont permis d'améliorer leurs performances en les dotant de pénétrateurs plus longs et plus denses capables de défaire les blindages réactifs, développés pour contrer les progrés de ces munitions. Dans certains cas, une absence quasi totale de blindage peut se révéler plus efficace qu'une accumulation des blindages les plus modernes, comme en témoignent les clichés ci-dessous. 

LES ARMES DU HEZBOLLAH

Bien connu des spécialistes de la région, le mouvement chiite Hezbollah principalement implanté dans le sud Liban possède un arsenal plutôt impressionnant. Les différentes capacités militaires du mouvement sont évidemment dédiées aux affrontements et opérations contre les armées environnantes au premier rang desquelles figurent les Forces de Défense Israéliennes ou IDF. Les système d'armes sont majoritairement d'origine russe et iranienne même si l'on trouve de façon assez surprenante quelques engins d'origine américaine. 

T-72 B3 EN SYRIE

La dernière évolution du T-72, la version B3 en cours de déploiement au sein de l'armée russe semble également avoir été livrée en Syrie. Les photos ci dessous auraient été prises à Idlib, où se déroulent de violents combats entre les forces syriennes et différentes factions islamistes soutenues par la Turquie. Ces photos montrent les chars à deux jours d'intervalle, ce délai ayant visiblement servi à procéder à une remise en condition des engins, probablement à la suite de leur engagement. Le T-72B3 est doté d'un canon de 125mm, 2A46M plus performant associé à une nouvelle conduite de tir et un nouveau viseur Sosna U dont on aperçoit le boitier au dessus de la tape tireur. 

DES NOUVELLES DE SYRIE ET DES BRADLEY

Un peu plus de deux mois après leur déploiement, les Bradley américains poursuivent leurs missions parmi lesquelles la surveillance des installations pétrolières situées dans le nord est de la Syrie. Les engins déployés sont des M2A3 reconnaissables à la présence d'un viseur thermique chef indépendant (Commander Independant Thermal Viewer CITV) sur la partie gauche de la tourelle et les briquettes de protection active sur les flancs du véhicule. Ces briquettes boulonnées ont été montées à l'arrivée des engins sur le théâtre, les premiers mouvements ayant été effectués sans ces équipements de protection. Le détachement Bradley agit au sein de la Combined Joint Task Force - Operation Inherent Resolve  (CJTF-OIR) dont la mission est de travailler avec les partenaires à la défaite durable de DAECH. Le déploiement de ces moyens est prévu durer six mois. 

LES BRADLEY A PIED D'OEUVRE EN SYRIE

Quelques jours après leur projection, les Bradley américains sont à pied d’œuvre en Syrie améliorant la protection des unités américaines déployées dans la zone, confiée jusqu'ici à des véhicules de type Stryker. Les Bradley reviennent donc en Syrie moins de deux ans après le retrait des forces américaines du pays décidé par le Président Trump. Le déploiement de ces engins est selon le Pentagone, un signal clair envoyé  à la Russie pour qu'elle se joigne aux opérations conjointes et évite ainsi tout risque de collision ou d'agression des forces déployées dans le nord est de la Syrie. Une fois encore, le déploiement de véhicules de combat blindés mécanisés est synonyme de protection améliorée pour les troupes et d'affirmation forte de la volonté d'un pays. 

LIVRAISONS RUSSES EN SYRIE

Le cargo russe Caratov aperçu il y a quelques jours dans le détroit du Bosphore. En provenance du port russe de Novorossiisk sur la cote orientale de la Mer Noire, le navire est arrivé à Tartous en Syrie, où selon toute vraisemblance il a livré un certain nombre d'équipements militaires, parmi lesquels un lot de T-90A. Tous ces matériels (comme le camion visible sur le pont du bateau) sont revêtus d'un camouflage désert. On ignore si ces équipements sont neufs ou si ils proviennent de stocks de l'armée russe. Ces équipements arrivent au moment ou l'armée syrienne se prépare à passer à l'offensive dans la région d'Idlib après l'expiration de l'ultimatum fixé aux factions djihadistes présentes dans la région voisine de l'autoroute M-4. Selon l'agence de presse Al Masnar des chars et des missiles antichars ont été acheminés au sud de la ville.