UN NOUVEAU LOT DE KARRAR POUR LES FORCES ARMEES IRANIENNES

L'armée iranienne a reçu ces derniers jours un lot important de chars Karrar, version modernisée du T-72S1 produit sous licence en Iran depuis la fin des années 1990. La configuration de cet engin dont les essais se sont achevés depuis plusieurs mois devraient équiper les forces terrestres iraniennes (NEZAJA) et le corps des Gardiens de la Révolution islamique. Ces derniers devraient recevoir une version mieux équipée que celle destinée  à aux forces terrestres iraniennes, qui devraient bénéficier d'une version moins couteuse dénommée T-72F, privée de RWS (Remote Weapon Station) et du système de protection active soft kill, équipements que l'on retrouve sur les chars destinés au Gardiens de la Révolution. Certains exemplaires du Karrar destinés au NEJAZA ont été vus recouverts d'une copie iranienne du système de camouflage russe Nakidka & Ternovnik que l'on a pu apercevoir sur plusieurs engins russes engagés en Ukraine. Ce système de camouflage permet d'atténuer la signature thermique, infrarouge et radar du véhicule porteur diminuant ainsi les probabilités d'atteinte par les différentes munitions antichars. Parmi les principales modifications apportées au char d'origine, on trouve une nouvelle conduite de tir développée localement et dotée de nouvelles fonctionnalités, une caméra avant et arrière jour/nuit pour le pilote, un blindage amélioré, une nouvelle tourelle ainsi qu'un système de communication et d'interphonie sans fil. Au moins cinq de ces engins appartenant probablement à la 92ème Division blindée ont été aperçus sur des porteurs Volvo au cours de leur déplacement vers la province du Khouzistan, région frontalière de l'Iraq et du Golfe persique. 

LE HUMVEE QUI VOULAIT SE FAIRE AUSSI GROS QUE LE T-72

Ce qui aurait pu être le titre d'une version modernisée et blindée de la fable de Jean de la Fontaine résume en fait la dernière initiative de l'armée américaine, découverte au début du mois. Cette dernière a commencé à déployer de faux chars russes, destinés à améliorer le réalisme des entrainements. Cette méthode quelque peu iconoclaste a été utilisée par les soldats de la 2ème IBCT (Infantry Brigade Combat Team) au cours d'une rotation au JMPRC (Joint Pacific Multinational Readiness Center) pendant laquelle ils ont utilisés des Humvees modifiés ressemblant à des T-72. Dernier-né des centres d'entrainement au combat (Combat Training Center ou CTC) destiné à améliorer la préparation opérationnelle des unités reproduit pour cela les conditions et l'environnement dans lesquels troupes américaines pourraient combattre. Le déploiement de ces faux T-72 permet à l'armée américaine d'améliorer le réalisme des séquences d'entrainement. Les Humvees utilisés ont été équipés de kits composés de cadres et de toile associés à des éléments gonflables, l'ensemble étant destiné à recréer aussi fidèlement que possible la signature d'un char T-72. Pour compléter l'illusion, ces faux engins sont équipés d'une tourelle rotative améliorant encore le réalisme du dispositif. Ces faux T-72 sont également équipés du simulateur de combat MILES (Multiple Integrated Laser Engagement System) permettant de sanctionner les phases d'engagement. Capable de distinguer les différents types de munitions ainsi les différents degrés d'atteinte de l'engin ou du soldat porteur, ce système innovant a été installé sur des AMX 30B2 du 3ème Régiment de Cuirassiers au cours d'une rotation au CMTC (Combat Manoeuver Training Center) à Hohenfels en Allemagne au début des années 1990. 

LA DECISION POLONAISE VUE DU COTE DES BLINDES.

La décision polonaise de ne plus transférer d'armement et d'équipement à l'Ukraine a été abondamment commentée ces derniers jours. Blablachars, fidèle à son habitude s'est penché sur le côté blindé mécanisé du sujet  pour tenter de savoir ce que représentait l'aide polonaise dans ce domaine et quelles étaient les conséquences prévisibles de cette décision. Les estimations de ces livraisons permettent de disposer de chiffres fiables ainsi que d'un calendrier assez précis des transferts effectués et permettent de constater que les opérations relatives aux véhicules blindés étaient arrêtées depuis cet été. Parmi les matériels livrés par la Pologne, on peut citer le VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) BWP-1, le char T-72 et le PT-91 Twardy. Les données disponibles indiquent qu'avant de prendre cette décision, la Pologne avait fourni essentiellement les matériels d'origine soviétique que son armée utilisait depuis de longues années et pour lesquels les problèmes de maintien en condition étaient devenus très importants. 

DES T-72 MAROCAINS POUR L'UKRAINE.

Selon plusieurs sources, le Maroc aurait finalement cédé aux pressions de Washington et de l'Union Européenne pour transférer vers l'Ukraine des pièces de rechange de T-72. Le royaume chérifien qui possède plus de 140 chars de ce type acquis il y a un peu plus de vingt ans pourrait également céder plusieurs dizaines de ces engins. Cette information non confirmée fait écho aux propos du directeur commercial de la société Excalibur, déjà impliquée dans les travaux de modernisation de T-72 tchèques. Selon Richard Kubena, sa société attendrait une commande pour la modernisation d'une quantité de T-72 provenant d'un pays d'Afrique, qui pourrait atteindre 120 engins. Bien que le Maroc ne soit pas expressément mentionné par R Kubena, plusieurs médias marocains évoque un accord déjà signé entre le Maroc et la société tchèque. Le calendrier présenté par R Kubena prévoit la réception des 5 premiers chars la semaine prochaine, suivis par 18 autres d'ici la fin de l'année. Les premières livraisons devraient intervenir dès le début de l'année prochaine, avec 90 exemplaires déjà prévus, qui pourraient être suivis par 30 autres chars en option. Les chars marocains s'ajouteraient aux 230 engins fournis par la Pologne, aux 40 chars en provenance de la République tchèque, aux 28 chars M555 (version modernisée du T-55) slovènes ainsi qu'aux 8 chars cédés par la Macédoine. Le Maroc qui deviendrait le premier pays africain à fournir des chars à l'Ukraine, abandonne ainsi son souhait de rester neutre dans ce conflit, comme Rabat l'avait montré en s'abstenant lors du vote d'une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU "condamnant l'agression russe en Ukraine".

MODERNISATION TRIPARTITE POUR L'UKRAINE

La modernisation des chars transférés à l'Ukraine dans le cadre de l'accord tripartite entre les États-Unis, les Pays Bas et la République tchèque est effectuée dans ce dernier pays. La société Excalibur Army appartenant à la holding Czechoslovak Group assure la remise à niveau des chars. Cette société a déjà été impliquée dans de précédentes opérations de remise à niveau de chars à destination des l'Ukraine. Durant leur passage dans les ateliers de la société tchèque, ces engins reçoivent de nouveaux viseurs dotés d'une voie thermique, des éléments de protection par la mise en place de briquettes de blindage réactif (ERA). Il est probable que ces chars reçoivent également de nouveaux équipements de communication et de navigation aux standards occidentaux. Selon les termes de l'accord entre les trois pays, la République tchèque effectue les opérations de modernisation pour les 90 chars concernés par ce transfert, dont le coût est réglé pour 45 chars par les Pays-Bas et par les États-Unis pour les 45 autres engins. Les chars concernés proviennent essentiellement de stocks détenus par la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque. Une courte vidéo diffusée par un média ukrainien permet de découvrir quelques étapes de cette transformation et de mesurer l'importance du travail accompli pour remettre ces chars en état.

MODIFICATIONS UKRAINIENNES

Après les premiers Bushmaster donnés par l'Australie à l'Ukraine, c'est au tour des T-72M1 polonais de faire leur apparition dans le conflit qui oppose la Russie à l'Ukraine depuis le 24 février. A la différence de leurs "cousins" à roues australiens, les chars donnés par Varsovie ont subi quelques transformations avant leur déploiement. De récents clichés montre que les T-71 polonais sont désormais équipés de briquettes de blindage réactif de type Kontakt-1 et semblent avoir équipés d'une caméra thermique KLW-1 Asteria, produite la firme polonaise PGZ. cet équipement disponible au poste tireur permet d'accroitre les capacités de tir et d'observation de ces engins. Les chars en provenance de Tchéquie auraient également reçu des briquettes Kontakt-1, dont les éléments explosifs 4S20 sont produits par la société tchèque STV. Les chars donnés par la Pologne et la Tchéquie ont vraisemblablement été engagés dans la contre-offensive ukrainienne dans la région de Kharkiv, comme le montre les images d'un convoi de T-72 M1 et M1R fournies par la télévision ukrainienne. 

SOUTIEN SLOVAQUE SOUS CONDITION

Le ministre slovaque de la Défense, Jaroslav Nad a indiqué vendredi dernier que son pays disposait encore de matériels susceptibles d'être transférés à l'Ukraine. Selon le ministre, ce transfert repose sur le remplacement des équipements concernés parmi lesquels figurent des BMP-1 et des T-72. A l'issue de sa rencontre avec son homologue allemand Christine Lambrecht, Jaroslav Nad a déclaré que son pays était prêt à transférer en Ukraine 30 char T-72 si ces engins étaient remplacés par des Leopards 2. La Slovaquie étudie également le transfert d'obusiers de 155mm Zuzana, dont on ne sait si le remplacement par du matériel allemand est également demandé. La demande slovaque pourrait rencontrer un écho favorable en Allemagne où la question d'un soutien direct à l'Ukraine continue de diviser la classe politique. Le remplacement de chars transférés à Kiev par des pays tiers, permettrait de démontrer le soutien de Berlin et de faire entrer un nouveau pays dans le club Leopard ! Par ailleurs, la firme slovaque Konstrukta Defense a signé ces derniers jours un contrat portant sur la remise en condition de matériels ukrainiens endommagés, dont le premier lot est constitué d'une douzaine de véhicules BRDM-2.

HYBRIDE INDIEN

C'est un étonnant prototype qui a été vu en essais sur les pistes du CVRDE (Combat Vehicles Research & Development Establishment) indien. L'engin en question combine une tourelle de T-90 Bhishma avec un châssis de T-72M1 Ajaya équipé de briquettes réactives développées par la DRDO (Defense Research and Development Organisation). L'armée indienne a entrepris la revalorisation de 1000 T-72 M1 en les dotant d'un nouveau moteur (d'origine russe), d'une nouvelle conduite de tir, d'un blindage réactif ainsi que de nouveaux systèmes de communication et de navigation. Ces modifications sont effectuées dans le cadre du programme Combat Improved Ajeya Program, également connu sous le nom de projet Rhino, initié pour améliorer les performances du char face aux nouvelles armes antichars déployées par les pays voisins. La création d'un char hybride sur la base d'un châssis de T-72M1 ne constitue pas une première pour le CVRDE, qui avait déjà proposé sans succès à l'armée indienne un engin hybride doté d'une tourelle d'Arjun. Dans les prochaines années les exemplaires les plus anciens parmi les 1700 T-72M1 en service devraient être remplacés par des T-90 modernisés et des Arjun Mk1 avant l'arrivée de leur successeur objet de la RFI émise en juin dernier. 

L'IRAN INSTALLE UN APS SOFT KILL SUR SES T-72

L'agence de presse iranienne Fars a annoncé il y a quelques le montage d'un système de protection active sur les chars T-72M. Selon les informations communiquées par le média, ce système serait de type "soft kill", capable de brouiller les systèmes de guidage des différents types de missiles antichars. Cette annonce a été faite quelques jours après le déroulement de l'exercice "Payambar-e Azam 17" (Le Grand Prophète 17) au cours duquel le char iranien Karrar a été engagé. Le système évoqué par l'agence de presse iranienne pourrait être d'une conception proche de celle du système russe Shtora-1 monté sur le T-90 et le BMP3.

LE KARRAR EN EXERCICE

Un an après la fin des derniers tests et son arrivée au sein des forces iraniennes, le Karrar a été engagé par le Corps des Gardiens de la Révolution dans l'exercice " Payambar-e Azam 17" (Le Grand Prophète 17) qui s'est déroulé sur les côtes méridionales du pays. Plusieurs médias iraniens ont relayé l'information illustrée de nombreux clichés de chars déployés sur le terrain. Selon plusieurs informations, le Karrar aurait réalisé par l'industrie iranienne et ne comporterait que des composants locaux, à l'exception du Groupe Moto Propulseur, probablement d'origine russe. Les médias iraniens ont également insisté sur l'utilisation d'un système de camouflage permettant de réduire la signature thermique et radar du char. Le Karrar, version modernisée du T-72M1 intègre sur une nouvelle tourelle un blindage renforcé sur l'arc avant, des briquettes de blindage réactif et une RWS (Remote Weapon Station).

COMME UN AIR DE KARRAR POUR CES T-72 IRAKIENS

Des images publiées par l'organisme en charge de la gestion des blindés de l'armée irakienne indiquent que cette dernière posséderait une version du T-72 encore inconnue en Irak. Les photos permettent de voir un engin très similaire par sa forme et ses équipements au Karrar développé par le voisin perse à partir des T-72S1 en service dans l'armée iranienne. En dépit de quelques différences (au niveau des blindages latéraux notamment) cette ressemblance a permis à certains observateurs de suggérer que ces nouveaux T-72 irakiens seraient d'origine iranienne, théorie renforcée par la localisation du site de production iranien dans la province du Lorestan, à proximité de la frontière iranienne. Le Karrar dont les essais touchent à leur fin, se différencie des autres T-72 par l'adjonction de blindages de type ERA, la mise en place d'une nouvelle tourelle ainsi que de nouveaux équipements comme une RWS, une conduite de tir modernisée et un nouveau système de communication. Il est nécessaire d'attendre la prochaine communication de l'armée irakienne sur le sujet, ou la prochaine parade pour en savoir un peu plus sur ces nouveaux engins. 

LIVRAISONS ET COMMANDES POUR L'ARMEE UKRAINIENNE

Les forces armées ukrainiennes ont reçu un nouveau lot de T-64 et T-72 modernisés par la firme Ukroboronprom. Depuis le début de l'année ce sont plus de dix chars qui ont été modernisés dans l'usine de Lviv. La modernisation de ces engins porte essentiellement sur les communications, la conduite de tir, la vision nocturne, les lances charges fumigènes ainsi que la protection.
Parallèlement à cette livraison, le Ministère de la Défense ukrainien a confirmé la signature d'un contrat avec la firme d'état Kharkiv Morozov Design Bureau (KMDB) appartenant à Ukroboronprom, portant sur la production en série d'un BTR4 "Made  in Ukraine". Ce contrat attendu depuis longtemps prévoit la fabrication de 75 véhicules blindés essentiellement en deux versions, dont une serait destinée aux unités de l'infanterie de marine ukrainienne. Le contrat inclut également un nombre non spécifié d'engins en version commandement et spéciale. Selon le directeur de KMDB, 60 véhicules amphibies devraient être produits en 2021 pour l'infanterie de marine.

LE BLINDAGE, POUR QUOI FAIRE ?

On évoque régulièrement dans blablachars, les munitions dites "flèches" en français mais connues dans le reste du monde sous les vocables anglo-saxons, KE pour Kinetic Energy, APFSDS pour Armour Piercing Fin Stabilized Discarding Sabot, ou encore Sabot dans l'armée américaine. Ce type de munition développée par les Britanniques dans les années 40 a longtemps été l'apanage des seuls chars lourds dont elle reste encore la munition préférentielle, seule capable de percer les blindages les plus conséquents. Les progrés dans la conception de ces obus ont permis d'améliorer leurs performances en les dotant de pénétrateurs plus longs et plus denses capables de défaire les blindages réactifs, développés pour contrer les progrés de ces munitions. Dans certains cas, une absence quasi totale de blindage peut se révéler plus efficace qu'une accumulation des blindages les plus modernes, comme en témoignent les clichés ci-dessous. 

NOUVELLES D'INDE

Selon plusieurs médias locaux, l'armée indienne a déployé pour la première fois des T-72 Ajeya pour sécuriser les positions occupées par les troupes de New Delhi sur un certain nombre de pics stratégiques de la région du Ladakh. Selon les informations de l'armée indienne, New Delhi aurait donné son accord dès le lendemain de la conquête des sommets pour un déploiement rapide des chars visant à surprendre les troupes chinoises. Ces dernières ont immédiatement renforcé leurs positions en déployant également un certain nombre de chars dans la zone. Le T-72 Ajeya est une version locale du T-72M1 russe dont plus de 1500 exemplaires auraient été livrés à l'Inde. Le T-72 Ajeya bénéficie d'un nouveau blindage réactif, d'une conduite de tir améliorée et de viseurs tous temps pour le chef de char et le tireur.
Parallèlement à ce déploiement de chars lourds, l'inde serait en négociations avancées avec la Russie pour la fourniture de chars légers SDM1. Cette acquisition est une priorité pour l'Inde dans le cadre des tensions avec la Chine.

SITE DE MODERNISATION DES CHARS IRANIENS

L'agence de presse iranienne Mehr a publié cette semaine des photos de l'inauguration d'un site de modernisation des chars de l'armée iranienne. Outre l'usine ce complexe situé dans la province du Lorestan (au nord ouest de l'Iran, à proximité de la frontière irakienne) comprend également des champs de tir. Cet ensemble semble dédié à la modernisation des T-72 détenus par l'armée iranienne. Les opérations menées sur ces engins permettraient de les équiper d'une nouvelle tourelle soudée, d'une conduite de tir modernisée, de blindages de type ERA, d'une Remote Controlled Weapon Station et enfin d'un nouveau système de communication. On ignore quel pays est associé à ces opérations pour la fourniture des composants ou sous ensembles nécessaires. La liste des "partenaires" potentiels comprend bien évidemment la Chine, qui a signé le mois dernier une série d'accords stratégiques avec l'Iran ainsi que la Russie et l'Ukraine (utilisateurs et concepteurs de solutions de rétrofit du T-72).