LES AMX-10P DU PAYS DES DEUX FLEUVES.

A tous ceux qui se demandent où sont passés les AMX-10P depuis leur retrait du service en 2015. Blablachars a retrouvé la trace de quelques uns des engins livrés à l'Irak. Au début des années 1980 l'Irak qui était encore fréquentable en sa qualité de rempart contre l'Iran de Khomeini, avait reçu une centaine de ces engins destinés à la Garde républicaine de Saddam Hussein. En 1991, quelques exemplaires furent capturés en 1991 au cours de l'Opération Tempête du Désert. et à partir de 2003 AMX-10P irakiens furent retirés du service avant que certains de ces engins ne soient restaurés et utilisés dans les combats menés contre l’État islamique et ses affidés. Ainsi en 2015, on a pu découvrir quelques uns de ces engins largement modifiés en action du côté de Bassora. Ces clichés "exotiques" permettent de constater que cet engin qui fut le dernier VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) chenillé de l'armée de terre, a poursuivi sa carrière loin de la métropole. Même si ces images sont quelque peu datées, elles constituent la seule preuve visible de l'utilisation de cet engin, alors qu'en France aucune information n'a filtrée sur le destin des AMX-10P retirés du service. Cette absence a alimenté les rumeurs les plus fantaisistes, comme celle diffusée sur X en février 2023 par Jean Dominique Merchet selon laquelle la France s'apprêtait à livrer à l'Ukraine 25 de ces VCI. Depuis cette date, la réalité de ce transfert n'a jamais été constatée ! Un petit clin d’œil à un engin dont plus de 1800 exemplaires ont été utilisés pendant plus de trente ans par l'armée de terre au sein de ses divisions blindées. Ci-dessous quelques clichés de ces engins, les trois dernières photos sont du regretté Yves Debay

BMP-1 IRAKIEN MADE IN IRAN

Après les T-72 présentant de fortes similitudes avec le Karrar iranien et l'acquisition de MRAP iraniens, c'est au  tour des BMP-1 irakiens de bénéficier des compétences de l'industrie de défense iranienne. Les photos de l'engin, baptisé Al-Zaher permettent de distinguer plusieurs améliorations comme l'intégration de nouveaux viseurs probablement équipés d'une voie thermique et stabilisés. L'armement principal est constitué du canon russe 2A42 de 30x 165mm et d'un lance-grenades Kaveh, d'origine iranienne qui équipe également la version iranienne du BMP1. Le châssis ne semble avoir subi aucune modification. On ne connait pas le nombre d'engins concernés par ces modifications, mais cette opération permet de constater que le rétrofit d'engins anciens constitue un marché important, y compris pour des industries de portée régionale. 

LE BRICOLAGE DU JOUR

Blablachars vous a présenté à plusieurs reprises quelques bricolages parfois audacieux et toujours surprenants réalisés par des amateurs éclairés ou des adeptes du système-D, très nombreux au sein de différentes factions dans le monde. Le bricolage du jour est un peu éloigné des blindés mais il peut conférer à ses utilisateurs des capacités intéressantes en matière de feux dans la profondeur. Ce montage aurait été utilisé par un groupe se faisant appeler Ahrar Sinjar dans l'attaque à la roquette contre la base turque de Ninewa à proximité de la ville de Mossoul dans le Nord de l'Irak. Le montage permet "l'intégration" d'un lanceur contenant 10 roquettes de 122m dans la partie basse de la benne d'un camion de chantier parfaitement anonyme dans sa configuration normale. Bien que peu d'informations aient été diffusées sur les circonstances exactes cette attaque, il est certain que le camion / lance roquettes ait été utilisé par les assaillants au cours de cette opération. On ignore de quels moyens de pointage dispose cet engin, même si sa finalité n'est pas de délivrer une frappe chirurgicale mais bien d'obtenir un effet de destruction maximum dans la zone visée.  Comme on peut le voir sur un des clichés ci-dessous, le système est mis en oeuvre par un opérateur déporté utilisant une télécommande. Un tel montage facile à dissimuler et à mettre en oeuvre représente une véritable menace pour des sites ou des camps installés dans des zones difficiles à contrôler.  

FIN OFFICIELLE DES OPERATIONS DE COMBAT EN IRAK POUR L'ARMEE AMERICAINE

L'Irak a annoncé le transfert de la responsabilité des opérations contre l’État Islamique aux forces de sécurité du pays. Les autorités irakiennes ont précisé que les forces américaines et de la coalition resteraient sur place et seraient affectées au soutien des opérations. Cette décision fait suite à l'annonce faite au mois de juillet dernier après la rencontre entre le Président américain et le Premier Ministre irakien au cours de laquelle les deux dirigeants avaient évoqué une fin des opérations de combat américaines en Irak avant la fin de l'année. Du côté américain, un responsable américain a précisé que personne ne déclarerait "mission accomplie" reconnaissant que la pression devait être maintenue sur la nébuleuse terroriste au moment où celle-ci cherche à se reconstituer, et que le rôle des forces américaines pouvait diminuer de façon conséquente. Le Pentagone a précisé que 2500 soldats américains étaient actuellement déployés en Irak et devraient y rester. En dépit de récents succès contre l’État Islamique, un rapport publié le mois dernier par l'inspecteur du Département de la Défense, le Général Sean O'Donnell, met en doute la capacité des forces de sécurité irakiennes à conduire la lutte contre le groupe terroriste, en raison du manque de coordination et de contrôle observé au cours des opérations récentes. L'officier général ajoute que les forces irakiennes n'ont obtenu aucun résultat significatif sans l'appui de la coalition. 

LA PASSE DE TROIS POUR OSHKOSH

Oshkosh Defense a annoncé la signature dans le cadre des FMS (Foreign Military Sales) de contrats d'un montant total de 16,7 millions de dollars pour la fourniture de 80 camions de camions de transport à plusieurs pays. Parmi les véhicules commandés par l'armée libanaise figurent 23 HEMTT (Heavy Expanded Mobility Tactical Trucks) ainsi que des HET (Heavy Equipment Transporters) ainsi que des camions cargos M1120A4 et M977A4, des camions citernes M978A4 et des porte chars M1070A1 capable de transporter des engins d'un poids maximum de 75 tonnes. Le nombre de véhicules destinés à l’Irak n'a pas été communiqué, mais le besoin estimé par les autorités militaires est estimé à 250 camions de transport lourd provenant de Russie, des États-Unis et de France. Ces véhicules sont destinés à améliorer la mobilité stratégique des blindés lourds pour leur permettre d'agir dans des zones et sur les frontières situées à 400km de leur stationnement. Enfin, la Malaisie n'a livré aucune information sur ce contrat, son contenu et son calendrier. 

Le transport stratégique est une fonction essentielle au maintien de la capacité opérationnelle des chars et blindés, qu'elle préserve en économisant le potentiel humain et technique habituellement consommé au cours des mouvements. L'utilisation de vecteurs adaptés et performants est nécessaire au transport des chars lourds et de leurs équipages dans les meilleures conditions de confort et de sécurité. Le renouvellement des flottes logistiques entrepris par de nombreuses armées répond à ces objectifs.  

MODIFICATIONS MADE IN IRAN POUR LES T-72 M IRAKIENS

L'armée irakienne a récemment publié des photos sur lesquels on peut voir des T-72M profondément modifiés. L'aspect extérieur est modifié par l'adjonction de blindages de type ERA (Explosive Reactive Armor). Le glacis situé devant le pilote est également revêtu d'un blindage additionnel. On ne sait rien sur les modifications apportées aux différents composants de l'engin, mais la très probable implication de l'Iran dans cette opération de modernisation renvoie aux fournisseurs traditionnels du pays pour ses chars, à savoir la Russie, la Chine ou encore l'Ukraine. L'Iran possède un site industriel dédié à la modernisation des T-72 iraniens. Cette usine est située à proximité de la frontière irakienne ce qui pourrait faciliter les différents transferts d'engins. 

COMME UN AIR DE KARRAR POUR CES T-72 IRAKIENS

Des images publiées par l'organisme en charge de la gestion des blindés de l'armée irakienne indiquent que cette dernière posséderait une version du T-72 encore inconnue en Irak. Les photos permettent de voir un engin très similaire par sa forme et ses équipements au Karrar développé par le voisin perse à partir des T-72S1 en service dans l'armée iranienne. En dépit de quelques différences (au niveau des blindages latéraux notamment) cette ressemblance a permis à certains observateurs de suggérer que ces nouveaux T-72 irakiens seraient d'origine iranienne, théorie renforcée par la localisation du site de production iranien dans la province du Lorestan, à proximité de la frontière iranienne. Le Karrar dont les essais touchent à leur fin, se différencie des autres T-72 par l'adjonction de blindages de type ERA, la mise en place d'une nouvelle tourelle ainsi que de nouveaux équipements comme une RWS, une conduite de tir modernisée et un nouveau système de communication. Il est nécessaire d'attendre la prochaine communication de l'armée irakienne sur le sujet, ou la prochaine parade pour en savoir un peu plus sur ces nouveaux engins. 

CENTENAIRE DES FORCES ARMEES IRAKIENNES

Le jour des forces armées traditionnellement fêté le 6 janvier marque l'anniversaire de la création de l'armée irakienne, qui a célébré cette année le centenaire de sa création. Le défilé organisé à cette occasion a permis de voir l'ensemble des matériels utilisés par l'armée irakienne. Blablachars vous présente ci-dessous les principaux engins blindés en service. Comme on peut le voir sur les clichés pris au cours des répétitions, l'armée de terre irakienne utilise des équipements d'origine et de génération assez variées. Il y a 30 ans, la coalition emmenée par les États-Unis se préparait à passer à l'action en réponse à l'entrée des troupes irakiennes au Koweït le 2 aout 1990.

VISITE DU MINISTRE IRAKIEN DE LA DEFENSE EN TURQUIE

Le ministre irakien de la défense, Jumaah Enad Saadoonn s'est rendu en Turquie, il y a deux jours. En dépit de relations quelques peu tendues entre les deux pays qui partagent une frontière de 350 km, Ankara a assuré au cours de cette visite, la promotion d'un certain nombre de ses matériels de défense. Côté terrestre, c'est une visite des installations de la firme FNSS qui a permis au Ministre irakien de découvrir les véhicules antichars Kaplan et Pars 4X4 ainsi que la version 8x8 de ce véhicule déjà exporté au Sultanat d'Oman. Il semble que le centre d'intérêt de cette visite sait été le char léger Kaplan dans sa version antichar. L'Irak qui a déjà démontré sa volonté de diversifier ses fournisseurs d'armement, constitue donc un marché potentiellement intéressant pour l'industrie de défense turque, en dépit des relations compliquées entre les deux pays. 

DES BVP-M2 SKCZ BIENTOT ASSEMBLES EN IRAK ?

Selon des informations en provenance d’Irak, le pays pourrait prochainement disposer d'un site capable de produire ou moderniser des blindés comme le BVP M-2 SKCZ, dont les premiers exemplaires auraient déjà été assemblés en 2019. Le BVP-2 SKCZ également connu sous le nom de Shakal (Chacal) a été développé par une Joint Venture tchèque et slovaque à partir du BVP2, version produite sous licence en Tchécoslovaquie du BMP2 russe. Le BVP M2 SKCZ présenté en 2013 est équipé d'une tourelle stabilisée, armée d'un canon de 30mm et pouvant recevoir des missiles antichars de différents types. L'optronique et la protection ont également fait l'objet de nombreuses modifications avec l'intégration de viseurs thermiques, d'un détecteur d'alerte laser, la suppression des tapes de tir fantassins et celle des réservoirs de carburant dans les portes arrières. Bien que cela ne soit pas confirmé, cette nouvelle infrastructure irakienne pourrait également assembler des versions modernisées par l'Ukraine des T-72 ou des T-55, en service dans l'armée irakienne. 

L'IRAK POURRAIT REMETTRE SES T-62 EN SERVICE

Plusieurs sources en Russie et en Irak font état d'une possible remise en service par les forces armées irakiennes de ses chars T-62 et de ses dépanneurs WZT-2. Le quotidien russe Rossiyskaya Gazeta fait état de travaux de révision et d'entretien menés sur des chars de ce type au sein d'une installation de maintenance située à proximité de la ville de Taji, siège de la 9ème Division blindée irakienne. Les T-62 avaient été retirés du service il y a quelques années en raison de la décision de modernisation des T-72M1 détenus par l'armée irakienne. La décision de remise en service des chars T-62 serait lié à des restrictions financières empêchant l'acquisition d'équipements neufs ou récents. Le T-62 fut un des principaux chars de l'armée irakienne à partir des années 70, qui en comptait 700 au début de la guerre Iran Irak et en reçut 1000 exemplaires supplémentaires durant le conflit. Selon toute vraisemblance les T-62 n'ont subi aucune revalorisation ou modernisation avant leur possible remise en service.

DES MRAP IRANIENS POUR BAGDAD

Les Popular Mobilization Unit irakiennes ou PMU ont reçu ces derniers jours un premier lot de MRAP Toophan, ouragan en perse. Ce véhicule a en effet été conçu et développé par les services du Ministère de la Défense iranien pour l'équipement des unités de la composante terrestre des Gardiens de la Révolution. Le Toophan peut embarquer dix soldats, rouler à une vitesse maximum de  dont l'arrivé en 100 km/h et parcourir 50 kilomètres avec un pneu à plat. Son prix à l'export avoisinerait les 500.000 dollars. Son arrivée en Irak semble être le premier succès à l'export pour ce véhicule qui risque de ne pas faire l'unanimité outre-atlantique.