EN ETRE OU NE PAS EN ETRE ? TELLE EST LA QUESTION.

L'audition par la Commission de la défense nationale et des forces armées d'Alexandre Dupuy sur la coopération européenne a permis au directeur des activités Systèmes de KNDS d'exposer les vues et les ambitions du groupe dans le domaine. Évoqué par le Président de la Commission, puis mentionné par A. Dupuy dans son propos liminaire, avant d'être l'objet de plusieurs questions, le MGCS a évidemment constitué le fil conducteur de cette audition et avec lui la pertinence de développement d'une solution de transition, représentée par le Leclerc Evo. Pour Jean-Michel Jacques, le MGCS reste une des coopérations les "plus emblématiques" au sujet de  laquelle les parlementaires "sont nombreux à s'interroger." Blablachars vous livre ci-dessous un aperçu des propos d'A. Dupuy et quelques réflexions sur le contenu de cet audition. 

JOHN COCKERILL DEFENSE N'ASSEMBLERA PAS LES BLINDES DU CONTRAT CAMO

C'est le quotidien belge l’Écho qui l'annonce dans son édition du jour, John Cockerill Defense n'a pas été retenu par Nexter pour l'assemblage final des blindés du programme CaMo achetés par la Belgique en 2018. Le contrat d'une valeur de 1,6 milliard d'euros prévoit l'achat de 382 Griffon et de 60 Jaguar doit permettre de renforcer l'interopérabilité avec l'armée française. Les retombées économiques de ce contrat étaient très attendues par les industriels belges parmi lesquels le groupe liégeois, qui était en concurrence avec une société flamande pour l'assemblage final des Griffon et des Jaguar. John Cockerill Defense devrait en revanche se voir confier le volet soutien de ce contrat dont on ne connait pas encore les modalités exactes. En dépit de ce probable "lot de consolation" la non attribution de ce contrat d'assemblage est un coup dur pour le groupe liégeois, en dépit de ses atouts industriels et humains. On peut juste espérer que cette décision en faveur d'un groupe flamand n'est pas une énième traduction économique de l'antagonisme existant en Belgique.

LE LUXEMBOURG VA REMPLACER SES HUMMER ET SES DINGO PAR UN VEHICULE UNIQUE

Après la Belgique avec le programme CaMo, c'est au tour du Luxembourg d'envisager l'acquisition de véhicules du programme Scorpion. Le Grand-Duché souhaite remplacer ses 48 Hummer et ses 42 Dingo par 80 "véhicules blindés de commandement, de liaison et de reconnaissance" ou CLRV (Command, Liaison and Reconnaissance Vehicle) ainsi que leur support logistique. Après avoir écarté l'hypothèse trop couteuse d'une revalorisation des Hummer et des Dingo, le Luxembourg a décidé d'acquérir un véhicule unique capable de remplacer ces deux engins dans leurs différentes missions. L'acquisition d'un équipement déjà en service au sein d'une grande armée voisine permettrait à l'armée luxembourgeoise de bénéficier d'un soutien adapté et d'approvisionnements sécurisés. C'est la NSPA (Nato Support and Purchase Agency) qui a été chargée du projet depuis l'étude préliminaire jusqu'à la réception des engins en passant par tous les aspects techniques et administratifs du futur marché (appel d'offres, réception des offres, contrôle qualité,...) Le budget maximal pour cette acquisition est estimé à 367 millions d'euros avec une mise en service prévue pour 2024/2025. L'interopérabilité recherchée avec les armées belges et françaises sera facilitée par l'équipement des futurs CLRV avec le système de communication et les radios du programme Scorpion. Le projet de création d'un bataillon belgo-luxembourgeois pourrait également favoriser les véhicules français, même si il ne faut pas oublier que les Belges ont choisi le JLTV d'Oshkosh Defense comme CLV (Command and Liaison Vehicle) dont les 440 exemplaires commandés seront également équipés du système Scorpion.

UN SGTIA BELGE A BARKHANE EN 2021 ?

Une compagnie (terminologie belge) ou Sous/Groupement Tactique Inter Armes (SGTIA) belge pourrait rejoindre la force Barkhane dès l'année prochaine et non pas la task-force Takuba. La composante terre qui milite pour cet engagement fournirait les 200 hommes de ce détachement qui pourrait ainsi tester en conditions réelles les véhicules commandés dans le cadre du programme CaMo. Cet engagement souhaité par l'armée belge reste cependant une décision très politique comme l'indique la note de politique générale du Ministère de la Défense soumise à la Chambre des Députés, début novembre. Ce recours à un débat parlementaire pourrait constituer une sorte d'approbation permettant au gouvernement de surmonter les oppositions que suscite ce déploiement chez les Verts francophones, Écolos et Socialistes flamands, tous membres de la coalition Vivaldi au pouvoir.

LA BELGIQUE AURAIT PU RETROUVER DES CHARS.

Alors que quelques voix s’élèvent outre Quiévrain pour s'interroger sur le choix des véhicules français pour le programme CaMo, on an appris ces derniers jours que l'armée belge aurait pu utiliser des Leclerc. Le site de défense belge " A l'Avant Garde" a publié ces derniers jours un post pour le moins surprenant. On y apprend que l'armée belge a envisagé la réintroduction d'une capacité chars après s'être séparé de ses derniers Leopards 1 en septembre 2014. Abordée lors de l’élaboration de la Vision Stratégique, cette hypothèse imposait une coopération entre la Belgique d'une part et l'Allemagne (Léopard 2) et la France (Leclerc) pour permettre de disposer d'un char. Le site précise que la France n'avait pas de Leclerc à louer, ne précise pas si le char français constituait le premier choix, de l'armée belge qui compte de nombreux supporters du Leopard. Heureusement pour nous, Bruxelles n'a pas donné suite à ce projet, qui nous aurait peut être amenés à sacrifier quelques Leclerc sur l'autel de la coopération européenne. Une éventuelle réactivation de la capacité char constituerait un défi logistique et humain trop important pour une armée aux ressources humaines extrêmement comptées. Le site termine en citant deux responsables belges pour lesquels la Belgique doit désormais s'intéresser au programme MGCS, en tant que projet porteur d'opportunités pour l'industrie de défense belge que l'on peut espérer plus conséquentes que celles du programme CaMo.

BOXER VS CAMO EN BELGIQUE !

La publication d'un tweet mentionnant le développement d'une version du Boxer équipée du canon de 40mm CTA a suscité quelques réactions aigres douces à l'encontre des choix faits par le gouvernement belge. Au delà de ces récriminations l'auteur du message (qui aurait des fonctions officielles auprès de l'Otan pour le compte du gouvernement belge) s'en prend assez vertement aux véhicules du programme CaMo en l’occurrence, le Griffon et le Jaguar ! Pour le premier il s'agit d'un "gun truck" et pour le second "uparmored recce vehicles". Ce tweet venu de Belgique appelle quelques remarques.

CONTRATS BELGES POUR CAMO ET SCORPION

Les Griffons belges du programme CaMo seront équipés de la Remote Weapon Station DeFNder produite par FN Herstal. Le contrat signé entre Herstal Group et Nexter prévoit le montage sur les 382 véhicules Griffon commandés par la Belgique ainsi que sur les Leclerc rénovés. Ce contrat s'inscrit dans le projet de montage industriel de 2019 pour la participation de la BITD belge au programme CaMo. Outre FN Herstal, John Cockerill Defense " devrait récupérer l’assemblage final et le versionnage des Griffon, de même que l’assemblage final de la tourelle T-40 du Jaguar." 

Par ailleurs, des informations non officielles font état de l'attribution à la société Agueris associée à Ruag, du contrat portant sur la simulation embarquée de Scorpion. Cette nouvelle notification augmenterait la contribution belge à ce programme, Agueris appartenant depuis plusieurs années à John Cockerill.