Après être devenue au début du mois, le premier client export du char K2 sud-coréen, la Pologne pourrait confirmer son rôle de tête de pont de l'industrie de défense sud-coréenne en Europe. Cette dernière souhaite faire de la Pologne son hub régional pour l'Europe avec l'implantation du centre de soutien des obusiers K9 vendus sur le continent (plus de 300 engins) et celle de la future chaine de production du char K2. Cette décision permettrait à la firme sud-coréenne de répondre aux demandes de ses clients avérés et potentiels. Parmi ces derniers, la Roumanie et la Slovaquie ont manifesté leur intérêt pour le char sud-coréen. Durant le salon DX 2022 Ministre de la Défense roumain, Vasile DINCU a signé avec son homologue sud-coréen Lee-Jong-Sup une Lettre d'Intention révisée (Letter of Intention ou LOI) sur la promotion de la coopération en matière de défense et l'établissement d'un partenariat officiel entre les deux pays. L'intérêt de la Slovénie pour le char semble plus ancien comme le montre un document du gouvernement sud-coréen au retour du déplacement d'une délégation sud-coréenne à Ljubljana en mai dernier. Le document produit par la DAPA (Defense Acquisition Program Administration) fait référence à un "voyage d'affaires" relatif au K2. On peut penser que l'installation en Pologne d'une chaine de production de chars K2 permettrait au constructeur sud-coréen d'assembler les engins destinés à l'armée polonaise mais aussi de satisfaire les besoins d'autres clients européens. L'intérêt de ces deux pays peut-être annonciateur de futurs contrats auquel pourrait s'ajouter une éventuelle commande norvégienne permettrait d'envisager la production de 1500 chars en Pologne. Les pays d'Europe centrale sont ostensiblement courtisés par les trois grands constructeurs de chars que sont GDLS, KMW et Hyundai Rotem. A l'inverse de ses concurrents, le K2 est actuellement le seul char de troisième génération disponible à l'exportation, particularité largement soulignée par son constructeur. L'exemple polonais pourrait inspirer de nombreux états-majors comme le montrent les signaux faibles en provenance du "Pays des matins calmes". Ils annoncent peut-être un bouleversement important de la physionomie des forces blindées en Europe au cours des prochaines années ?