COMPETITION NIGERIANE

Rheinmetall qui, en mars dernier a proposé au Nigeria son système de défense antiaérienne Skyguard 3, devrait être opposée sur ce marché à plusieurs concurrents également désireux de convaincre les autorités d'Abuja. On a en effet, appris il y a quelques jours que l'italien Leonardo, l'espagnol Indra et le chinois Norinco proposent également de solutions pour renforcer les capacités de défense aérienne et de détection de l'armée nigériane, dans le cadre du projet MTRACON. Leonardo qui mise sur sa relation antérieure avec Abuja, propose son radar RAT 31DL/M capable de détecter les avions et les missiles. Indra mise sur l'utilisation de technologies duales qui permettraient au Nigeria de renforcer ses capacités de défense mais aussi ses outils de contrôle de la navigation aérienne civile. Parmi les équipements proposés par la firme italienne, on trouve des systèmes de contrôle aérien, des outils de communication et des radars antidrones. La firme chinoise qui reçu la visite d'une délégation nigériane en avril dernier propose une offre complète comprenant des moyens de détection et de défense antiaérienne parmi lesquels on pourrait retrouver le système Sky Dragon 50 qui aurait été acquis par le Maroc en 2022. Impliquée dans les discussions relatives au projet MTRACON s'appuie sur sa présence dans le pays à qui elle a déjà fourni plusieurs équipements terrestres parmi lesquels des VCI VP1 Type 89 ZSD, des obusiers SH-5 de 155mm, des Assault-Gun ST-1, sans oublier plusieurs lots de chars VT-4. pour le Nigeria, première économie africaine et producteur de pétrole, la protection contre les attaques de drones est essentielle, imposant le renouvellement rapide de moyens désormais obsolètes. Le Nigeria qui joue un rôle stratégique en Afrique de l'Ouest au travers de participations à des missions de maintien de la paix et des partenariats souhaite renforcer son rôle en se dotant de nouvelles capacités capables de protéger ses forces sur son territoire et au sein de missions multinationales. 

LE NEMUS TESTE SUR UN LEOPARD ESPAGNOL

La société Indra a annoncé avoir testé son radar de défense Nemus sur des chars Leopard de l'armée espagnole. Le Nemus est un radar à antenne active de type AESA (Active Electronically Scanned Array) permet de détecter, d'identifier et de suivre différentes menaces comme les drones, les microdrones ainsi qu'un grand nombre de projectiles parmi lesquels les roquettes et les missiles antichars ainsi les munitions à énergie cinétique (obus flèche) en vue de déclencher les contre-mesures adaptées. Doté de capacités d'intelligence artificielle, le Nemus peut en outre distinguer les leurres et résister aux tentatives de brouillage et être installé sur une grande variété d'engins grâce à une taille et un encombrement réduit. Les tests se sont déroulés au sein du Centre d'Instruction des unités blindées de l'armée de terre à Saragosse en présence de nombreuses autorités militaires dont le Directeur des Acquisitions de l'armée espagnole. Les résultats obtenus par le Nemus durant ces essais permettent d'envisager une future intégration sur les blindés espagnols et peut-être sur la version modernisée des futurs Leopard 2E. Développé par Indra, le Nemus a été présenté lors de la dernière édition du salon Idex par Pulse, la Joint-venture créée en fin d'année dernière entre la firme espagnole et le groupe de défense émirati EDGE.

PROJET HISPANICO-ITALIEN

Le premier jour du Salon FEINDEF a été l'occasion pour Indra d'annoncer son intention de se joindre à l'appel d'offres pour l'acquisition de la firme italienne Iveco Defense Vehicles(IDV). Selon les informations connues, Indra se joindrait à Leonardo, Rheinmetall et au fonds d'investissement américain Bain Capital. L'opération dont le cout serait proche du milliard d'euros permettrait aux acquéreurs de prendre le contrôle de l'entreprise italienne, actuellement engagée au Brésil pour la fourniture des Centauro II et du Guarani et aux Etats-Unis pour le remplacement des AAV-7 du Corps des Marines par l'ACV (Amphibious Combat Vehicle) en cours de livraison. L'engin, fruit d'une collaboration avec BAE Systems intéresse également la Marine espagnole qui pourrait lancer cette année un programme de modernisation de sa flotte d'engins amphibies. En France, IDV en collaboration avec SOFRAME a fourni à partir de 2013 les Porteurs Polyvalents Terrestres achetés par l'armée de terre en différentes versions et devrait être candidat pour le marché de fourniture des 7000 camions logistiques durant les 12 prochaines années. Parallèlement à cette démarche Indra continue d'étudier une éventuelle fusion avec la groupe Escribano avec lequel elle est déjà liée au sein du consortium Tess en charge de la production du VCR 8x8 Dragon.

LE DRAGON A NOUVEAU SUR LA SELLETE ?

Une dizaine de jours près l'annonce des premières livraisons de VCR Dragon à l'armée espagnole, de nouvelles difficultés pourraient assombrir le tableau du blindé. La détection récente d'une défaillance majeure du groupe motopropulseur du Dragon pourrait être à l'origine d'un nouveau décalage des livraisons, qui condamnerait les entreprises concernées à une amende pouvant atteindre un million de dollars. Les difficultés rencontrées par le Dragon alimentent de nombreuses rumeurs autour de l'avenir du programme. Ainsi, la signature au cours du salon IDEX, d'un accord de coopération entre la firme espagnole Indra, qui détient 51% du consortium Tess et le fabricant d'engins blindés turc Otokar pourrait conduire à l'annulation pure et simple du programme dragon et son remplacement par un blindé d'origine turque comme l'Arma. Difficilement vérifiables et peut être fondées sur de fausses informations, ces rumeurs montrent néanmoins la fragilité d'un programme au déroulement chaotique, émaillé de nombreux retards.

DRAGON EN VUE POUR L'ARMEE ESPAGNOLE

C'est après de nombreux retards et difficultés que les premiers exemplaires du VCR Dragon devraient enfin être livrés à l'armée espagnole. Le président de la firme espagnole Indra a confirmé devant les députés espagnols la livraison des 11 premiers exemplaires dans les semaines à venir. Après un redémarrage en 2020, le projet doit permettre de fournir à l'armée espagnole 300 engins destinés à remplacer les antiques BMR 600 en service depuis 1979. Indiquant que la phase de test du nouvel engin avait été compliquée mais indispensable au lancement de la production en série, le président d'Indra a affirmé que le Dragon est " la meilleure plateforme en Europe en ce moment" dont l'armée espagnole devrait bénéficier avec plus d'une année de retard sur le calendrier prévu. 

PROJETS (CHENILLES) ESPAGNOLS

Le secrétaire d’État à la Défense espagnol a profité de la remise des sept premiers VCR Dragon pour confirmer l'intention de son ministère de lancer le programme de développement à partir de 2023 du futur VAC (Vehiculo de Aconpanamiento al Combate). Ce projet mené par Santa Barbara Sistemas, Escribano et Indra est destiné à remplacer les M113 entrés en service à partir de 1969 au sein de l'armée espagnole. Le futur engin qui sera donc chenillé devrait être développé à partir de l'engin du Génie VCZAP (Vehiculo de Combate de Zapadores) Castor dont les premières livraisons sont attendues à partir de l'année prochaine. C'est la plateforme la plus lourde (31 tonnes) de la famille Ascod développée par GDELS (General Dynamics European Land Systems) qui devrait servir de base au futur VAC. Ce dernier partagera de nombreux équipements avec le VCR Dragon, parmi lesquels l'armement fourni par Escribano ou encore le système C2I fourni par Indra. L'engin devrait en outre être équipé de chenilles composites, son poids total devant se situer aux alentours de 40 tonnes. Cette même plateforme devrait également servir de base au possible développement d'une version modernisée du VCI Pizarro dont l'armée espagnole possède 260 exemplaires en service depuis le début des années 2000. La décision espagnole de se doter d'une nouvelle plate-forme commune au futur véhicule chenillé d'accompagnement de nouvelle génération et à la version modernisée du Pizarro devrait permettre à l'armée espagnole de posséder dans quelques années une gamme complète d'engins de combat, à roues et chenillés capables de remplir un large éventail de missions et de combattre dans les environnements les plus exigeants. Il faut juste espérer que ces futurs engins connaissent un développement plus harmonieux que leur cousin britannique, l'Ajax basé sur ce même châssis !

LE VCR DRAGON ENTRE RETARD ET PENALITES

Les cinq premiers démonstrateurs du VCR 8x8 Dragon seront livrés le 30 juin prochain au Ministère de la Défense espagnol, confirmant le retard pris par le programme dont les principaux jalons ont déjà subi quatre décalages. Le dernier d'entre eux a été formalisé en décembre dernier par les autorités espagnoles et les firmes impliquées dans ce programme, ces dernières étant dans l'impossibilité de respecter les jalons contractuels prévus. Ce nouveau report de livraison s'accompagne de pénalités pour les entreprises concernées (Santa Barbara Sistemas, Indra et Sapa Placencia) et entraine le rééchelonnement du paiement unique de 92 millions d'euros. L'accord de décembre dernier précise en outre que les tests de réception en usine et sur site devront être effectués avant le 30 juin, date limite de réception des cinq premiers engins. Les tests de résistance aux mines et de balistique devront être réalisés avant mars 2023 avec les démonstrateurs D4 et D5 dont la destruction est prévue dans cette phase du programme. Le calendrier initial du contrat signé en décembre 2015 prévoyait la livraison des cinq premiers engins en novembre 2018, avant que celle-i ne soit décalée à juillet 2019, puis à mai 2020, avant d'être reportée à décembre de la même année, avant un ultime décalage à octobre 2021, amenant le contrat à la date limite de la dernière prolongation en décembre 2021. Depuis mi-2019, les entreprises concernées seraient sous le coup d'une astreinte journalière de 10 000 euros, dont le cumul pourrait avoisiner les 10 millions d'euros. Ces décalages successifs de la livraison des premiers démonstrateurs a entrainé le report en aout 2020 (avant la fin des essais des prototypes) de la signature du contrat de livraison des 348 premiers véhicules de série, dont les sept premiers exemplaires pourraient arriver en fin d'année selon le calendrier actuel du programme. Les difficultés de choix d'une tourelle et le retard pris dans le développement de a Guardian pourraient figurer parmi les causes potentielles de ces multiples retards,sur lesquelles aucune des parties impliquées dans le projet n'a souhaité communiquer.