PROJETS BATAVES (SUITE)

Les récentes annonces néerlandaises relatives à l'acquisition de chars Leopard 2A8 et plus récemment de 15 CV90 armés du mortier double de 120mm Mjölner développé par BAE Systems Hagglünds, les Pays-Bas devraient se doter d'un nouvel engin. Le projet porte sur l'achat de 72 Boxer équipés d'une tourelle téléopérée armée d'un canon de 30mm. La configuration des engins néerlandais devrait être très proche de celle retenue par la  Bundeswehr pour ses futurs Boxer dont elle pourrait commander jusqu'à 150 exemplaires. La tourelle retenue par Amsterdam devrait donc être celle équipant déjà le Puma armée d'un canon de 30x173mm MK 30-2/ABM et d'un lanceur double pour des missiles antichars Spike LR/LR2. Le Boxer devrait également servir de base aux 10 engins de guerre électronique qui devraient être commandés par l'armée néerlandaise dans le cadre du programme Joint Electronic Attack dévoilé en 2022.Ces projets illustrent la remontée en puissance capacitaire de la composante terrestre néerlandaise, dans le droit fil des enseignements du conflit ukrainien. Une démarche qui rapproche un peu plus Amsterdam et Berlin et renforce l'intégration des deux armées, utilisant des équipements communs au sein de structures partagées.

CA COINCE ENTRE SEOUL ET VARSOVIE A PROPOS DU K2PL

Alors que l'ancien ministre de la Défense, Marius Baszczak a déclaré dimanche que les sud-Coréens suspendaient leurs projets de production du K2 en Pologne, l'Agence de l'armement a annoncé que des négociations sur le sujet étaient toujours en cours. A l'origine des difficultés rencontrées dans l'élaboration du projet seraient liées au transfert de technologie et à la création de capacités de production polonaises adaptées aux standards requis par les industriels sud-coréens. La modernisation des usines polonaises susceptibles d'accueillir les chaines d'assemblage du K2 serait au coeur des négociations entre les deux pays. Durant les semaines suivant le salon MSPO, plusieurs informations alors non confirmées faisaient déjà état de dissensions autour de la production en Pologne des matériels sud-coréens acquis par Varsovie. Les difficultés rencontrées par le futur K2PL pourraient être les premières d'une série, dont la persistance pourrait perturber le déroulement des projets de Varsovie visant à se doter de la première force blindée en Europe.

ACCORD INDO MAROCAIN AUTOUR DU WHAP

On a appris ce week-end par un communiqué de l'Administration de la Défense Nationale (ADN) marocaine la mise en place d'un partenariat stratégique entre le groupe indien Tata et l'ADN. Cet accord prévoit la production au Maroc de véhicules de combat WhAP 8x8 afin de satisfaire les besoins de l'Armée Royale Marocaine mais aussi de favoriser l'exportation de ce véhicule. Le projet qui doit être réalisé dans les 36 mois à venir devrait monter en puissance progressivement avec un taux d'intégration locale passant de 35% au démarrage de la production à 50% à terme. La future usine Tata Advanced Systems Maroc (TASM) devrait générer 90 emplois directs et 250 indirects autour de la production du blindé dont l'exportation vers le continent africain constitue un des objectifs majeurs de cet accord. Cet accord permet à l'Inde de développer les opportunités d'exportation de ses matériels et au Maroc de s'affirmer comme une plaque tournante des futurs marchés d'armements régionaux. Une changement de paradigme important pour deux pays jusque là importateurs d'équipements étrangers. Après Israël, le Maroc élargit ses partenariats pour asseoir sa place de puissance régionale tandis que l'Inde s'ouvre de nouvelles perspectives en Afrique.

UN SILENCE QUI N'EN FINIT PAS !

Le déclenchement de l'Opération Militaire Spéciale russe en Ukraine le 24 février 2022 a remis au goût du jour une forme de combat que beaucoup considéraient comme dépassé et inadapté à l'environnement stratégique du moment, marqué par des engagements lointains et des "guerres asymétriques". Ce retour du combat blindé mécanisé, bien que marqué dans les premières semaines du conflit par les destructions de blindés russes, a suscité une prise de conscience au sein de nombreuses armées. Les enseignements du conflit ukrainien, objets de nombreuses analyses et commentaires ont naturellement suscité des débats au sein des instances dirigeantes (civiles et militaires) dans de nombreux pays. Une immense majorité de ces derniers, parfois éloignés du théâtre ukrainien ont ainsi décider de revoir la composition et l'équipement de leurs forces en créant, modernisant ou en renouvelant leur composante blindée mécanisée.

PREMIERE PROJECTION SUD COREENNE

C'est en toute discrétion que les soldats sud-coréens vont effectuer à partir d'aujourd'hui leur première projection hors de leur territoire. Outre la centaine de combattants issus de la 11ème Division, composant ce détachement la force sud-coréenne comprend également des chars K2, des obusiers K9A1 ainsi que des chars de dépannage K1 ARV (Armored Recovery vehicle). Après leur transit à bord de deux navires (Landing Ships) de la marine sud-coréenne, le détachement sud-coréen devrait mener pendant deux semaines des exercices avec l'armée locale comprenant également des tirs réels. Pour les soldats sud-coréens, cette première projection leur permettra de découvrir un environnement au sein duquel ils n'ont jamais évolué. Ce déploiement s'inscrit dans le cadre du Memorandum of Understanding (MoU) signé au mois de février dernier entre les ministres de la défense des deux pays. Cette première sud-coréenne appelle quelques commentaires.

LA PRINCESSE ET LE CV 90

Ce qui aurait pu être le titre d'un conte pour enfant n'est que celui d'une chronique un peu inhabituelle sur ce blog. Loin de vouloir remplacer Stéphane BERN et ses chroniques royales, Blablachars a eu envie de vous adresser un clin d’œil princier et blindé. En effet, on a appris cette semaine que Son Altesse Royale, la Princesse Ingrid Alexandra effectue un service militaire de quinze mois au sein de l'armée norvégienne, soit trois mois de plus que la durée minimum. Seconde dans l'ordre de succession, la Princesse est affectée au 12ème Bataillon de Génie, rattaché à la Brigade Nord, au sein de laquelle elle exerce la fonction de tireur sur CV90 STING, version génie du blindé suédois, en service au sein de l'armée norvégienne depuis 2014. Des images diffusées par les médias spécialisés ainsi que les propos de la Princesse indiquent qu'elle semble apprécier sa vie de membre d'équipage à bord du CV90, devenu pour quinze mois carrosse princier. Quoi de plus normal pour le roi des VCI ?

LE BOXER EN VERSION NEMO

C'est dans le cadre de l'exposition Defense Vehicle Dynamics qui s'est tenue à Millbrook cette semaine a permis de découvrir une nouvelle déclinaison du Boxer, issue de la coopération entre Rheinmetall et Patria. Dans cette version, l'engin allemand est équipé du mortier sous tourelle NEMO (New Mortar System) de 120mm développé par Patria, que l'on a pu voir tirer la semaine dernière sur l'AMPV (Armored Multi Purpose Vehicle) américain. La présentation au Royaume-Uni de cette version du 8x8 allemand ne doit rien au hasard, l'armée britannique qui a choisi le Boxer pour équiper ses unités d'infanterie a exprimé son souhait de le doter d'un moyen d'appui adapté. Le système israélien CROSSBOW développé par Elbit Systems a également été proposé au Royaume-Uni. En voyant cette nouvelle déclinaison, on ne peut que regretter l'absence de développement d'une telle version pour le VBCI, l'appui au contact étant assuré par le Griffon MEPAC (Mortier Embarqué Pour l'Appui au Contact) armé d'un mortier semi-automatique de 120mm installé en casemate. Solution qui ne manque pas d'interroger au moment où les mortiers sous tourelle se généralisent dans les armées.

DES CHARS AUSTRALIENS BIENTOT EN UKRAINE ?

Selon les médias australiens, l'Ukraine pourrait recevoir des chars en provenance d'Australie. Ce transfert permettrait de fournir à Kiev 59 M1A1 retirés du service en juillet dernier, dans la perspective de l'arrivée prochaine des M1A2 SEP V3 que l'armée australienne avait décidé d'acquérir en avril 2021 et dont les premiers exemplaires commencent à être livrés. Le transfert de ces chars acquis en 2004, qui devrait s'effectuer en plusieurs étapes doit être préalablement approuvé par l’administration américaine, qui doit autoriser leur réexportation vers un pays tiers. Cette étape permettra de définir les modalités logistiques de la préparation , du transfert des 59 chars et de la formation des équipages ukrainiens, qui pourrait être confiée aux États-Unis ou à un pays allié utilisant des M1. La décision australienne qui répond aux demandes répétées de Kiev à Canberra pour la fourniture d'équipements lourds, suscite des réactions mitigées en Australie. Si la communauté ukrainienne installée dans le pays se félicite de cette décision, une partie de l'opinion publique reste prudente quant à l'implication de l'Australie dans le conflit ukrainien, que la fourniture de ces chars concrétise encore un peu plus, l'opposition s'interrogeant sur les implications financières et diplomatiques  d'une telle opération et sur ses conséquences sur les relations avec la Russie. L'administration américaine devrait accueillir avec satisfaction la décision australienne, Washington restant soucieux d'augmenter l'aide miliaire fournie à Kiev par les États-Unis et ses alliés. Les chars fournis par l'Australie devraient permettre à l'armée ukrainienne de compenser les pertes subies par les 31 M1A1 fournis par les États-Unis à l'automne 2023 et dont vingt exemplaires auraient détruits ou capturés. 

DES PORTE CHARS POUR LE MAROC

Après avoir reçu en juillet 2021 le dernier M1A1 SA, le Maroc a décidé d'améliorer la mobilité stratégique de ses chars par l'acquisition de portes-chars lourds. Sans surprise, c'est la société américaine Oshkosh Defense qui a été choisie par le Royaume chérifien qui devrait recevoir à partir de 2025 des tracteurs HET (Heavy Equipment Transport) A1 et de remorques 635 NL. Pour fournir ces engins au Maroc, la firme américaine s'est alliée au distributeur Optimum Vehicle Logistics pour leur acheminement. La question de la mobilité stratégique des chars marocains demeure une préoccupation de Rabat dans la perspective de leur engagement face aux blindés du Polisario. Le nombre de camions et de remorques acquis par le Maroc n'a pas été communiqué tout comme la valeur du contrat.

LE RCH-155 AU COEUR D'UN TROC GERMANO-QATARI

Selon l'hebdomadaire allemand Bild, le gouvernement allemand aurait approuvé la vente au Qatar d'obusiers de 155mm RCH-155. Cette vente devrait s'accompagner du retour en Allemagne de 12 des 24 PzH 2000 détenus par Doha. Ces engins seraient reconditionnés avant leur transfert à l'Ukraine. Une opération qui ne manque pas d'interroger quand on se souvient des "pudeurs" germaniques devant l'exportation de matériels militaires (ou composants) à des pays jugés indignes. La dernière de ces réticences berlinoises étant illustrée par le silence des autorités allemandes aux demandes israéliennes parmi lesquelles de munitions de 120mm destinées aux Merkava de Tsahal. Le deal conclu avec le Qatar s'inscrit dans la logique du soutien allemand à l'Ukraine, qui vise à remplacer les matériels fournis par des pays tiers par des équipements "Made in Germany" pour le plus grand bonheur des industriels concernés.

UNE NOUVELLE COMMANDE DE BRADLEY M2A4

Alors que le développement de son successeur se poursuit, l'armée américaine n'en abandonne pas pour autant son VCI comme montre le dernier contrat signé avec BAE Systems. L'accord d'un montant de 440 millions de dollars qui a été finalisé ces derniers jours prévoit la livraison de plus de 200 Bradley M2A4. Ces engins devraient contribuer à maintenir le potentiel de l'infanterie mécanisée américaine en remplaçant (partiellement) les 300 Bradley fournis à l'Ukraine depuis le mois de février 2022. Le contrat signé est le dernier d'une longue série dont le montant total atteint plus de 950 millions de dollars, qui devrait permettre à l'armée américaine de maintenir en service le VCI jusqu'à l'arrivée du XM 30 et de pouvoir ensuite proposer à l'export (via les FMS Foreign Military Sales) les Bradley en version A4, au fur et à mesure de leur remplacement par le nouveau VCI. Un investissement judicieux pour les fantassins américains et pour les industriels concernés.

LE ZORAWAR AU PAS DE TIR

Un peu plus de deux mois après sa première apparition, le Zorawar indien poursuit son développement comme le montrent les images diffusées à l'occasion d'une campagne de tir. L'engin d'un poids de 25 tonnes est mu par un moteur de 750 ch qui pourrait supporter un éventuel alourdissement de l'engin, si celui-ci devait être équipé de blindages additionnels. toujours en termes de mobilité, les chenilles composites aperçues lors de la première sortie du char sont toujours visibles sur les images de tir. En revanche, le coffret possiblement un lanceur double pour missile antichar, que l'on pouvait voir fixé sur le côté droit de la tourelle en juillet a basculé sur le côté gauche de cette dernière sans que l'on connaisse la raison de ce changement. Le Zorawar qui a conservé pour cette séquence de tir sa tourelle d'origine, la 3105 de John Cockerill Defense, pourrait recevoir une tourelle de conception locale probablement développée par le CVRDE (Combat Vehicule Research ans Development Establishment) qui est engagé dans la conception de tourelles habitées et téléopérées pour des engins de combat. Le directeur de la DRDO (Defense Research and Development Organisation) a confirmé sa volonté " d'indigéniser" les systèmes critiques avant le lancement de la production en série de l'engin.En dépit de ces modifications, le développement  du Zorawar semble avancer conformément au calendrier fixé par les autorités indiennes, certainement impatientes de disposer (enfin) d'un engin capable d'affronter le Type 15 chinois sur les hauts plateaux tibétains.

DES VAB POUR COTONOU

Selon les médias locaux, le Bénin devrait recevoir dans les prochains un nouveau lot de VAB (Véhicules de l'Avant Blindé) fournis par la France. Ces quinze engins, issus des stocks de l'armée française viendront compléter les 26 exemplaires déjà reçus par Cotonou en février 2023. Le don français est complété par la livraison par l'Union Européenne dans le cadre de l'Initiative de Sécurité et de Défense dans le Golfe de Guinée (EUSDI GOG) de deux véhicules blindés MAMBA fournis par la république tchèque. Initialement destinés au Niger, ces véhicules ont été réaffectés au Bénin après la rupture des relations diplomatiques entre Niamey et Bruxelles suite au coup d'état de juillet 2023. Ces dons interviennent au moment où l'armée béninoise est engagée dans l'opération Mirador visant à éliminer les groupes armés terroristes agissant dans la région frontalière avec le Burkina-Faso et le Niger.

LE VISEUR PASEO EMBARQUE SUR LES AS-21 AUSTRALIENS

Après son adoption sur le M10 Booker et sur le futur Abrams, le Leclerc rénové et déjà vendu à plus de 2500 exemplaires, le viseur PASEO de Safran confirme son statut de référence dans le domaine avec une nouvelle victoire. Safran Electronics associé à Defense Australasia a été sélectionné pour intégrer le viseur français sur les 129 VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) AS-21 Redback développés par Hanwha. L'engin choisi en juillet 2023 dans le cadre de la Phase 3 du programme Land 400 devrait commencer à équiper l'armée australienne à partir de 2027. La victoire de Safran représente un succès majeur quand on sait que la tourelle EOS T-2000 qui équipe le blindé australien a été développée en coopération avec Elbit Systems dont les systèmes optroniques ont déjà séduit de nombreuses armées.

LE MORTIER NEMO : DERNIERE DEMONSTRATION AVANT ADOPTION ?

Six mois après sa présentation, l'AMPV (Armored Multi Purpose Vehicle) doté de la tourelle MTMS (Modular Turreted Mortar System) développée par Patria a démontré ses capacités au cours de la Manoeuver Warfighter Conference qui s'est déroulée la semaine dernière à Fort Moore en Géorgie. Les tirs effectués avec des munitions américaines ont permis de démontrer les capacités et la précision de l'arme, capable de fournir des feux directs et indirects aux unités appuyées. Les tirs effectués par le mortier NEMO (New Mortar System) en  mode MRSI (Multi Rounds Simultaneous Impact) permettent de faire arriver six obus en même temps sur un objectif, permettant de réduire l'exposition de l'engin et de son équipage et améliorant l'efficacité es feux fournis. L'armée américaine qui travaille avec Patria depuis 2020, envisage de doter ses SBCTs (Stryker Brigade Combat Teams) et ses ABCTs (Armored Brigade Combat Teams) de ce système.

LE VAC ESPAGNOL AVANCE

En décembre dernier, le ministère de la Défense espagnol a initié le développement du VAC (Vehículo de Apoyo de Cadenas) en  signant avec Tess Défense le contrat de conception et de production du futur engin. Cet accord d'un montant de 2,2 milliards d'euros prévoit la fourniture à l'armée espagnole de 400 engins déclinés en  une dizaine de versions différentes. Depuis cette date, les industriels (Santa  Barbara Sistemas, Indra, Sapa Placencia et  Escribano) formant le consortium TESS ont proposé aux autorités espagnoles un projet de calendrier dont la seconde phase serait dédiée à la production des premiers prototypes et des engins de présérie. Les arbitrages budgétaires à venir permettront de définir le nombre exact d'engins contenus dans ce programme dont la première phase pourrait s'achever à la fin de l'année. Selon le ministère espagnol de la Défense, le programme VAC qui devrait  s'étendre jusqu'à 2035 devrait comporter quatre phases allant du développement de la plateforme commune jusqu'à la production en série. Le VAC destiné à remplacer les M113 utilisés par l'armée espagnole depuis depuis les années 1960, pourrait dans sa version la plus lourde, succéder au VCI Pizarro en service depuis le début des années 1990. Le VAC qui sera basé sur un châssis ASCOD 2 similaire à celui de l'Ajax britannique devrait afficher un poids initial de 34 tonnes avec des versions lourdes pouvant atteindre 42 tonnes. il devrait servir de base à une famille d'engins comprenant une version transport de troupes, de défense antichar, de commandement, mortier lourd ou ambulance et probablement VCI avec un tourelle de moyen calibre. 

LES ESPOIRS SCANDINAVES D'ELBIT SYSTEMS

Le salon MSPO qui s'est tenu à Kielce en Pologne au début du mois a permis à Elbit Systems d'exprimer ses espoirs de voir son système de protection active Iron Fist séduire de nouveaux clients européens. Rami Sokolower directeur marketing de la firme israélienne a indiqué que sa société a indiqué espérer que "d'autres accords sur Iron Fist seront signés pour les véhicules exploités par le Danemark, la Suède et la Finlande." Cette communication intervient après  la décision néerlandaise d'intégrer le système israélien sur ses CV9035 modernisés et la commande par BAE Systems Hagglünds de cet équipement. Iron Fist qui a déjà été choisi par l'armée américaine pour équiper les Bradley, est également proposé à la Pologne, pour laquelle la firme israélienne voit " un grand potentiel [...] notre APS convient aussi bien aux véhicules à roues, qu'aux véhicules chenillés légers ou lourds." Rami Sokolower rappelle que le système de protection active, Iron Fist augmente  la survivabilité et procure une protection sur 360° au véhicule porteur.

LE FRCV REDEMARRE !

Selon les médias indiens, l'armée indienne pourrait connaitre dans un proche avenir une évolution notable dans la composition de son parc blindé, en se séparant des 2400 T-72 dont elle dispose actuellement. Cette décision, si elle était confirmée, pourrait offrir une opportunité aux constructeurs occidentaux et placer la Russie dans une situation délicate, en la privant d'un client historique majeur. Les espoirs occidentaux reposent sur une éventuelle implication dans le projet FRCV (Future Ready Combat Vehicle) conduit par la DRDO (Defense Research and Development Organisation). Ce projet vise à fournir à l'armée indienne une plateforme multirôles capable d'effectuer des missions de reconnaissance, d'appui ou de rupture sur des théâtres variés. En dépit d'une possible implication d'un constructeur étranger, l'objectif du programme FRCV est de développer un engin national et de minimiser la dépendance de l'armée indienne aux technologies étrangères. 

REMONTEE EN PUISSANCE BLINDEE

La journée d'aujourd'hui a permis d'en savoir un peu plus sur le virage néerlandais en termes de blindés, qui a vu sa concrétisation, un peu plus de deux ans après la publication des premières informations sur le sujet. Les Pays-Bas devraient  donc acquérir 48 chars Leopard 2A8 avec une option pour 6 engins supplémentaires, chiffre largement supérieur aux 28 chars initialement pressentis. Le cout annuel de cette acquisition de 260 à 350 millions d'euros, somme incluant l'ensemble des couts liés à l'achat des chars, leur maintien en condition ainsi que les dépenses RH. La composante blindée mécanisée néerlandaise devrait donc connaitre une augmentation significative de ses capacités déjà sensiblement améliorées par la rénovation des 122 CV9035NL dont le premier exemplaire produit au Pays-Bas est sorti des usines Van Halteren Technologies en juin dernier. A noter que le VCI modernisé sera équipé du système de protection active Iron Fist d'Elbit Systems, tandis que le Leopard 2A8 est protégé par le système Trophy de Rafael. Une diversité de systèmes pas forcément facile à gérer. c'est également au mois de juin qu'Amsterdam a annoncé la commande de 15 CV90 armés du mortier double de 120mm Mjölner développé par BAE Systems Hagglünds. La seule inconnue de cette remontée en puissance du segment de décision néerlandais reste constitué par le choix de la future tourelle de moyen calibre devant équiper une partie des Boxer dont l'armée néerlandaise cherche depuis longtemps à augmenter la puissance de feu. Au-delà du tournant que représente l'acquisition des 48 Leopard 2A8, 13 ans après la disparition de leurs prédécesseur de l'ordre de bataille de l'armée néerlandaise, les dispositions prises par Amsterdam que les autorités politiques et militaires du pays ont pris la pleine mesure des enseignements tirés des conflits en cours.

CONFIRMATION D'UN REVIREMENT !

Les Pays Bas devraient annoncer demain la recréation d'un bataillon blindé national qui devrait être équipé de 50 chars Leopards 2A8. Cette annonce intervient 13 ans après la vente par Amsterdam de ses chars Leopard et confirme le revirement annoncé depuis plusieurs mois. Les chars de ce futur bataillon pourraient être acquis auprès de l'Allemagne par le biais d'un contrat-cadre portant sur 123 chars qui pourraient être destinés à l'Allemagne et aux Pays-Bas. Si le nouveau Defense Memorandum qui doit être présenté demain, les Pays-bas rejoindraient les nombreux pays européens qui ont choisi de recréer ou de moderniser leur composante blindée mécanisée, au moment où d'autres continuent d'ignorer son importance dans les conflits actuels et laissent mourir leur char. Un choix de moins en moins compréhensible au vu des événements actuels !

QUEL VCI LOURD POUR LA POLOGNE ? LYNX, REDBACK OU TULPAR ?

Selon plusieurs médias turcs, la Pologne est sur le point de lancer un nouvel appel d'offres pour la fourniture de Véhicules de Combat d'Infanterie (VCI) lourds. Ce marché portant sur 1000 engins pourraient voir s'affronter trois candidats, Rheinmetall avec le Lynx KF-41, Hanwha avec l'AS-21 Redback et enfin Otokar avec le Tulpar. La Pologne souhaite acquérir une licence de production pour le châssis de l'engin retenu sur lequel serait installé la tourelle locale ZSSW-30 qui équipe déjà le 8x8 Rosomak et son cousin chenillé, le Borsuk. Cet appel d'offres s'inscrit dans le programme CBWP prévoyant l'acquisition d'un VCI lourd. Les trois candidats pressentis possèdent chacun de sérieux arguments pour tenter de décrocher ce marché. Le Lynx bien qu'auréolé de son succès en Hongrie pourrait cependant souffrir d'une relative discrétion de Rheinmetall en Pologne, à la différence du VCI sud-coréen dont l'adoption constituerait une étape supplémentaire dans la coopération déjà établie entre la Pologne et la Corée du Sud. Le Tulpar pourrait quant à lui, bénéficier de l'acquisition en 2021 de 24 drones Bayraktar TB2 et des accords de défense signés entre les deux pays. Cette compétition illustre la poursuite de la montée en puissance de l'armée polonaise et le souhait de Varsovie d'impliquer ses industries nationales dans la production des nouveaux engins, à l'instar de ce qui a été fait avec le Krab et prochainement avec le char K2. Le choix d'un VCI chenillé lourd capable d'agir aux côtés des chars de combat M1A2 SEP V3 et K2 et des VCI Borsuk et Rosomak permettra à l'armée polonaise de disposer d'un ensemble des moyens capables adaptés à ses futurs engagements, quelle que soit leur intensité.

LE LEOPARD 2A4 A LA SAUCE KF-51

Rheinmetall a profité de la tenue du salon de l'armement polonais MSPO à Kielce pour dévoiler sa dernière nouveauté, qui n'en n'est pas vraiment une, car résultant de l'assemblage de deux sous-ensembles déjà connus. On connaissait le KF-51 présenté au salon Eurosatory 2022, le KF-51 EVO dévoilé deux ans plus tard au même endroit, on a pu découvrir à MSPO le Leopard 2A4 modernisé à la sauce KF-51. La composition du nouveau venu comme les buts poursuivis par la firme de Düsseldorf est assez simple. L'assemblage est composé d'une tourelle de KF-51 armée du canon Rh-130 de 130mm et posée sur un châssis de Leopard 2A4 dont Rheinmetall détient la propriété intellectuelle, celle-ci revenant à KMW à partir de la version 2A5. En dévoilant cet engin à l'occasion du plus important salon d'armement d'Europe centrale, les équipes d'Armin Papperger proposent aux pays utilisateurs de du best-seller allemand une solution de modernisation "clés en main", pouvant constituer une alternative intéressante pour les armées concernées. Après le montage de la tourelle Skyranger 35, cette nouvelle itération sur base de Leopard 2A4 confirme la volonté de Rheinmetall de s'imposer sur le marché des chars lourds neufs avec le KF-51, ou modernisés avec ce Leopard 2A4-51 et d'augmenter le nombre d'utilisateurs de son canon de 130mm, argument qui pourrait se révéler précieux dans l'avenir....

LE PANDUR EVO SKYRANGER

C'est en Autriche que l'on a pu découvrir la tourelle Skyranger 30 de Rheinmetall sur son nouveau porteur, le Pandur EVO. Cet engin dont la version moyen calibre avait été aperçue cet été en Israël, s'offre donc une nouvelle fonction et démontre sa polyvalence et sa modularité. Ce nouvel assemblage armé d'un canon de 30mm Oerlikon et de missiles sol-air Mistral sera officiellement présenté au salon AirPower 2024 qui doit se tenir les 6 et 7 septembre en Autriche. L'armée autrichienne utilise  le Pandur depuis 2018 comme transport de troupe qui ont été rejoints à partir de février 2024 par 225 autres engins déclinés en 12 versions. Avec cette nouvelle version, le Pandur EVO rejoint la longue liste des engins dont la modularité permet d'optimiser l'emploi des différentes versions utilisées au sein d'une même armée. Cette capacité ne peut que faire regretter l'absence de modularité du VBCI qui reste aujourd'hui le seul blindé "mono fonction" en service dans les armées européennes. Doit-on y voir une nouvelle manifestation du désintérêt français pour cet engin dont les qualités ne sont plus à démontrer et dont la modernisation reste encore lointaine.

CARTON PLEIN POUR LE VT-4 EN ALGERIE

Plusieurs informations ont relaté le succès des évaluations du char chinois VT-4 par l'armée algérienne. Selon plusieurs médias, l'engin aurait effectué un  parcours de 500 km sans souffrir de la moindre panne et effectué des tirs à longue distance avec 100% de coups au but. Ces performances auraient été très appréciées par les différents responsables de l'armée algérienne. L'évaluation du char chinois par cette dernière fait suite à une longue série d'acquisition d'Alger auprès des industriels chinois qui ont déjà fourni des drones CH-4 et WJ-700, des missiles antichars HJ-12, des systèmes guerre électronique CHL-906 ainsi que lance-roquettes WM-80 et obusiers PLZ-45. La mobilisation des ressources et des moyens russes dans le conflit ukrainien empêche Moscou de répondre favorablement aux demandes formulées par Alger qui cherche depuis deux ans à acquérir des chars supplémentaires. Doté d'une bonne mobilité illustré par un rapport poids puissance de 23 ch/t; d'une puissance de feu importante grâce à son chargement automatique et son canon de 125mm et d'une survivabilité reposant sur un blindage réactif et  un système de protection active (seulement sur le VT-4A1 évalué par Alger), le char chinois pourrait se révéler précieux dans la défense de la frontière sud du pays et son éventuel engagement au nord du Mali, où la présence des miliciens de Wagner irrite fortement Alger. De façon plus globale, un succès chinois en Algérie placerait le VT-4 dans les meilleures conditions pour devenir le remplaçant du T-90 sur les marchés export.

LE SEAE ET LA FORMATION !

L'ordre du jour de la réunion informelle des ministres des Affaires Étrangères et de la Défense de l'Union Européenne qui s'est tenue à Bruxelles la semaine dernière prévoyait un examen et une révision du rôle de la Mission d'Assistance Militaire de l'UE en soutien à l'Ukraine (EUMAM). Avec plus de 60 000 soldats ukrainiens formés cette mission (dont 10 000 par la France) pourrait évoluer selon plusieurs recommandations et demandes exprimées par les différents participants. Si la formation à la mise en oeuvre des équipements occidentaux reste peu visible sur le plan médiatique et peu porteuse sur le plan politique, il semblerait que la formation "globale" de l'armée ukrainienne soit l'objet de plus d'attention de la part des responsables européens concernés. 

LE SOLEIMAN-402 ENTRE EN SERVICE

L'agence de presse iranienne IRNA a publié son site une série de photos du nouveau char de l'armée iranienne le Soleiman-402, à l'occasion de son admission au service. Dans sa publication, l'agence IRNA à confirmé que le nouvel engin découvert en juillet dernier était basé sur un M-60 auquel plusieurs modifications ont été apportées. Dans le domaine de la protection, le Soleiman-402 est équipé d'un système de brouillage infrarouge similaire au système russe Shtora en service sur plusieurs chars russes et exportés. Le blindage original de l'engin est complété par l'ajout de blindages composites additionnels et réactifs sur les parties les plus exposées de l'engin telles que l'arc de tourelle et plusieurs parties du châssis. La puissance de feu de l'engin est améliorée par l'adjonction d'une RWS installée en superstructure et d'une nouvelle conduite de tir, le canon de 105mm M68 semble demeurer l'armement principal du Soleiman-402 et bénéficier d'un nouveau manchon anti-arcure. Plusieurs dispositifs additionnels sont intégrés sur le "nouvel" engin comme un détecteur d'alerte laser, des viseurs thermiques ainsi qu'un nouveau système de communication et de gestion du champ de bataille. On ignore combien des 160 M60A1 acquis par l'Iran pourraient être concernés par cette modernisation effectuée par le Shahid Zarharan Center for Repair and Modernization of Ground Forces Equipment.