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mardi 9 septembre 2025

A AMSTERDAM, IL Y A .....

Moins d'une semaine après l'annonce du départ de Nicolas Chamussy, c'était au tour de Jean Paul Alary, directeur général de KNDS nommé en décembre 2024 d'être sous les feux de l'actualité blindée. C'est hier à Amsterdam, où est basé le au siège du groupe franco-allemand que JP Alary a répondu aux questions des journalistes présents. En dépit de son caractère quelque peu confidentiel et sa non diffusion sur les réseaux de communication, Blablachars a pu se procurer de larges extraits de cette intervention au cours de laquelle les sujets évoqués ne peuvent que susciter de nombreuses interrogations sur l'avenir capitalistique du groupe et sur le futur du char français. 


Répondant à une question sur la possible introduction en bourse du groupe franco-allemand évoquée par l'Agence Reuters en mars dernier, JP. Alary a indiqué "qu'il n'y avait pas de décision à ce stade" et que celle-ci devrait être prise dans les prochains mois. Il a précisé que le conseil d'administration avait demandé à l'équipe de direction d'être préparée à cette possible opération, appelée dans le jargon IPO ou Initial Public Offering. Aucun détail ou précision sur les modalités et les délais exacts accordés à la préparation de cette opération n'ont été donnés par le CEO de KNDS, qui a confirmé la tenue de discussions avec le gouvernement allemand sur l'acquisition par ce dernier d'une minorité de blocage. Poursuivant sur le sujet, JP Alary a indiqué que "le groupe voulait être européen" et que son introduction en bourse pourrait permettre d'ouvrir le capital à des investisseurs "liés à d'autres nations européennes." Aux interrogations portant sur l'identité de ces possibles investisseurs, le DG de KNDS s'est borné à indiquer que Rheinmetall n'avait pas les "alignements stratégiques nécessaires à KNDS" et que Thales et Airbus n'étaient pas "à sa connaissance" des options. Pour JP Alary la future IPO permettrait à KNDS de financer des acquisitions, parmi lesquelles figurerait une option italienne. Cette dernière reste quelque peu surprenante, elle interviendrait dans une BITD transalpine ayant pratiquement achevé sa recomposition

 

 

Les différents points évoqués donnent le sentiment que le groupe a désormais un besoin urgent de financements privés et d'alléger la tutelle étatique pour envisager une véritable croissance à l'international par le biais d'acquisitions ou d'opérations susceptibles de faire de la future entité un concurrent crédible aux poids lourds du secteur. La famille Bode Wegmann qui en 2015 avait été sensible aux garanties offertes par l'état français parait aujourd'hui tentée de récupérer sa mise, avec plus de 600 Leopard en commande et l'avancée des projets de KNDS Deutschland dans le domaine. La bonne santé de la partie allemande, symbolisée par les succès commerciaux et le développement des différents projets comme le Leopard 2A-RC 3.0 ne peut qu'aiguiser les appétits des investisseurs et des concurrents. La partie française qui pourrait grâce à l'IPO, alléger la tutelle étatique peine pour le moment à s'imposer sur les marchés export ayant renoncé à développer et produire des engins dont l'utilité a été réaffirmée par les conflits en cours, que ce soit en Ukraine ou à Gaza. L'évocation "d'autres nations européennes" pourrait cependant permettre à la future entité de renforcer sa position dans les projets européens MARTE (Main Armoured Tank of Europe) et FMBTech ( Future Main Battle Tank Technologies) et, qui sait de sortir du MGCS dont l'avenir apparait chaque jour plus incertain. 

 

 

Ce projet, véritable arlésienne blindée, qui est à l'origine de la création en 2015 de KNDS, n'a pas été clairement cité par JP Alary qui s'est borné à déclarer que le futur char de bataille conjoint pourrait être le premier produit commun de la firme franco-allemande et pourrait être prêt entre 2032 et 2035. Une telle échéance radicalement différente de celle envisagée jusqu'à présent, qui fixe l'arrivée du MGCS en 2040 voire 2045 ne peut que susciter des interrogations. Ces dernières sont en outre amplifiées par l'évocation d'un possible utilisation des capacités industrielles françaises pour produire des composants d'armes fabriquées en Allemagne. Cette possibilité selon JP Alary a été bloquée par les législations nationales qui ont contraint KMW et Nexter à produire dans les pays où étaient détenus les droits de propriété intellectuelle des matériels concernés. Pour confirmer cette possibilité JP Alary a indiqué que "nous avons certains scénarios à l'esprit qui pourraient avoir un sens et qui pourraient fournir une telle capacité de production d'ici 2026 " dont les plans nécessiteraient l'approbation des autorités concernées.  

 

On ne peut que rapprocher les déclarations de JP Alary des propos du DGA qui dans un entretien accordé à La Tribune en avril dernier, avait évoqué la possibilité de "mettre en place en France des chaines de production d'industriels d'autres nations leaders, mieux placés que nous dans certains domaines, sur l'armement terrestre par exemple." Quand JP Alary évoque la date de 2032-2035 pour l'arrivée du successeur du Leopard 2 et du Leclerc, on ne peut s'empêcher de penser au Leopard 2A-RC 3.0 dont le développement devrait arriver à son terme à peu prés aux mêmes dates. serait hasardeux d'imaginer que le départ de Nicolas Chamussy puisse être lié à sa possible opposition sur les futures évolutions capitalistiques et industrielles du groupe, auxquelles son successeur "devrait être pleinement associé à la finalisation de la décision clé" selon les propres termes de JP Alary. 

 


Les ambitions de Rheinmetall en Europe et dans le monde, affirmées par Armin Papperger et alimentées par une croissance largement basée sur le déclenchement du conflit ukrainien ne doivent pas être négligées au moment où la privatisation du leader français de l'armement terrestre se dessine. Cette opération pourrait permettre à la future entité de développer une véritable offre blindée, qui est le véritable coeur de métier de la société et aussi porteuse de croissance et de succès à l'export. A Amsterdam hier, dans une conférence au contenu très différent des interventions de Ralf Ketzel et d'Armin Papperger à travers les réponses fournies, JP Alary a confirmé que KNDS est aujourd'hui dans une phase transitoire sur le plan financier et a également suscité quelques doutes sur l'avenir industriel du groupe. Certains de ses propos laissent même augurer une évolution industrielle quelque peu déconcertante, qui pourrait en fonction de son ampleur, s'apparenter à un véritable abandon qui ferait alors du Leclerc le dernier char français. 

Il serait hasardeux d'imaginer que le départ annoncé de Nicolas Chamussy puisse être lié à sa possible opposition sur les futures évolutions capitalistiques et industrielles du groupe, auxquelles son successeur "devrait être pleinement associé à la finalisation de la décision clé" selon les propres termes de JP Alary. On ne peut cependant pas s'empêcher de penser qu'après un été en pente douce, l'automne pourrait bien être meurtrier pour la BITD française et pour son futur.  

 


14 commentaires:

  1. On voit peut-être prendre forme le projet de produire du Léopard en France. ca permettrait de faire vivre nos usines et d'entretenir le savoir-faire. Mais ça serait surtout intéressant de pouvoir le modifier pour utiliser le chassis et lui mettre du SCORPION et du ASCALON dessus, avec d'autres systèmes bien de chez nous. Voire même dans quelques années d'autres versions avec nos armements ? Leopard LAD, Léopard SACP... ?

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  2. vous avez presque raison, sauf que l'on perd le savoir faire! les ingénieurs qui ont conçu le Leclerc sont à la retraite et s'il n'y a pas de relève, il faudra tout réapprendre ou rester accroché au Allemand. quel rêve merveilleux! le châssis Léopard 2 à, je rappelle plus de 50ans... quel progrès! vous me direz qu'ils l'ont modernisé mais il n'est pas adapté à notre doctrine. Façon, perdu pour perdu continuons de couler.

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  3. Pour que KNDS se sorte de son dilemme, une seule solution : un char différent .
    D’un point de vue commercial, dans le rôle du char lourd MBT, c’est le Léopard, classe 60 tonnes, qui tient la rampe.
    Quelle que soit sa version, il a une clientèle, une renommée, et surtout une implantation commerciale très fortes. En face, le Leclerc « Evolution », que je trouve remarquable. Même si on arrive à trouver des clients ailleurs qu’en Europe pour lui, je ne pense pas que nous aurons de forts débouchés, dans la classe des 60 tonnes.
    Dans cette classe de poids, tout le monde se met au Léopard, qui a une position commerciale dominante et qui le restera surtout si la bundeswehr en commande 600 exemplaires (!) comme elle l’envisagerait, ou du K2 coréen.
    Il est assez probable que le l’Evolution ne se fasse pas, ou en trop petite quantité

    Pour ne pas être en concurrence avec les « Léo » (ou le K2), et donc rechercher une meilleure position commerciale, à l’export ou en Europe, il faut changer de créneau.
    Il faut créer un char de la CLASSE DES 45 TONNES, une version « reduite » du LECLERC Evolution.
    A 45 tonnes, on peut avoir un char très bien protégé, un Ascalon de 120, c’est quand même plus puissant même si les nouveaux 105 sont efficaces, et toute la modernité souhaitable en opto-électronique, les protections actives, un canon de 30 sur le toit pour les drones etc. Avantages : moins gros, plus abordable. On pensera à la réutilisation de toutes les briques existantes éprouvées, et le maximum d’éléments sur étagère (moteur Scania 1200CV par exemple).
    Le modèle inspirant est le Type 10 japonais (43,5T, source wiki), actuellement mis à niveau avec des protections actives.
    Précision : ce char moyen n’est absolument pas aérotransportable (il faut ARRÊTER avec ça) : Si besoin, il prend le bateau.
    Et maintenant, Il se peut que j’en choque beaucoup. Tant pis.
    Bien sûr, cela veut dire que la France, en lourd, s’équiperait de Léo 3, qui devrait être un bon char, les germains savent faire. Nous pourrions bénéficier des prix d’une grosse série de Léo 3, au lieu de quelques dizaines « d’Evolution ».

    Ce char de 45T inspiré de l’Évolution, compétitif et moderne serait le «Sherman» de notre époque, et SURTOUT constituerait le PIVOT DE L’INCONTOURNABLE ET NECESSAIRE MASSE DE MANŒUVRE.
    L’objectif serait un prix qui permette de se payer 2 x45T pour 1 x 60, au plus près de ce ratio. Pour mémoire un Léo 2 dernière version couterait entre 20 et 25 millions d’euros…

    La France ne sortirait pas du marché des chars de combat, ce qui lui pend au nez.
    C’est le complément du 55t/60t, pas son concurrent. Il sera beaucoup mieux placé à l’export. Parce que ce sera un VRAI char, pensé comme tel, et pas un Boxer ou un VBCI ou un CV90 avec une tourelle de 120.
    Chacun son créneau, gagnant- gagnant.
    Prions pour que KNDS aie un projet de cet ordre dans ses cartons.

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    1. Tout à fait d’accord d’autant plus que nous n’avons pas besoin d’un char de 60t, le conflit en Ukraine montre bien que ce type d’engin n’est pas soutenable d’un point de vue logistique sur le front.

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    2. Vous oubliez juste un tout petit détail, les chars moyens ne se vendent pas ; même les américains viennent d'abandonner leur M10 Broker ; ou alors dans des programmes complémentaire à leur force principale, quand ils en ont les moyens, de niche, qui n'intéressent pas grand monde en réalité et in fine.

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    3. @Olrik, vous devriez lire les retex au sujet de l'Ukraine (Même si la logistique compte évidemment. Sur l'Abrams en particulier. 45 ou 55 tonnes pour un char lourd moderne actuel, cela ne change pas grand chose à ce niveau là.), et vous rendre compte de la situation figée depuis trois ans aussi... Ca c'est pas soutenable en effet. Si vous voyez tous les prochains conflits comme cela en plus...
      Ou regardez ce qui se passe actuellement en Pologne, Allemagne, etcetera (Ils n'ont manifestement pas fait les mêmes brillantes rapides analyses que vous.)...

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  4. KNDS est plus une entreprise Germano-Israélienne que Franco-Allemande.

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  5. Le gain de poids possible entre ce 45t et le 60+t ne peut être obtenu que grace à une réduction de la protection passive sur l'arc frontal (1000+mm RHA ...), potentiellement une tourelle téléopérée (mais donc un chassis plus important), et un groupe motopropulseur réduit en conséquence. L'armement, l'électronique, la protection active reste identique.
    Est-ce que cela représente -25% en poids et -50% en coût ?

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    1. Un peu plus léger, sans doute (10, 20 pourcent ?), mais pas moins cher, sans doute plus même avec l'automatisation supplémentaire (Sans oublier la guerre électronique et tout le reste.).

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  6. Au delà des affaires de gros sous et des sociétés de l'armement, de plus en plus "multinationales", qu'elles en veulent même "s'alléger de la tutelle étatique" (Le grand ennemi... Mais les subventions et les commandes c'est toujours bon à prendre...), il serait peut être temps de commencer à sortir au contraire de tous ces projets délétères pour l'industrie de défense terrestre française, et pour ses anciens savoir-faire aujourd'hui en danger de disparition si on ne fait rien de plus qu'on ne fait actuellement.

    Là aussi on remarquera une doctrine européiste coute que coute, pour ne pas dire une obsession concernant certains des dirigeants français actuels, particulièrement présente.
    A moins que tout cela ce ne soit en définitive là que pour masquer la véritable main mise en cours des allemands sur tout ce secteur industriel ?
    La fameuse spécialisation et répartition des taches chantée par certains encore : Sous traitant de pièces détachées pour les équipements allemands, quel merveilleux destin, et quelle formidable ambition !!!!

    Enfin, pour l'instant on tourne bien en rond, et les allemands continuent à avancer leurs pièces...
    Reconstruisons une véritable base industrielle et technologique, autonome donc, de défense stratégique, c'est à dire indépendante (Et non dépendante, justement...), "y compris" pour le terrestre. Cela est plus qu'urgent aujourd'hui.

    Faire du Leclerc le dernier char français, oui c'est bien ce que veulent, précisément même, et assez visiblement, faire certains chez nous ; et "ils" font tout pour ça, sans oser le dire ouvertement évidemment.
    Sauvons pendant qu'il est encore temps, et pendant que nous le pouvons encore, notre BITD terrestre (Demain il sera encore trop tard pour dire "si on avait su" comme on l'a fait pour la plupart de nos industries depuis trente ans.).

    L'heure est plus que grave en effet et à tous niveaux : Allons nous enfin nous relever, et relever la tête, ou allons nous au contraire continuer à nous enfoncer toujours plus, dans les mêmes maux que depuis plus de quarante ans ?
    Toute la question de ces prochaines années est là : Réveil, ou pas !!

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  7. L'Europe va financer l'industrie Française d'armement a 16 milliard.
    La partie ammunition de KNDS (Française) a des milliards de commandes devant elle.
    sur le site FOB un article sur le nouveau missile de chez MBDA permettant son usage depuis un canon de 120mm, il semblerait que sur le front ukrainien l'emploi de munition HE avec une munition chronométré soit utilisé contre les blindés, la Russie aurait un projet de convertir une partie de ses chars en obusiers d'assauts équipés d'un 152mm court.
    concernant le futur du char Lourd en Europe il est à noter que les opérationnels ne semblent pas avoir émis de besoins biens précis ou nouveaux.
    les USA avaient lancés la production d'un char moyen pour l'arrêter car il n'apportait rien de nouveau par rapport à l'Abrams.
    Le Leopard 2A RC 30 est un Leopard avec une tourelle sans équipage rien de bien nouveau.
    a part la Pologne il n'y a eu aucun achat massif de chars, c'est comme si les opérationnels ne voient pas le besoin d'un nouveau char, la taille des armées Européennes n'a pas évoluée de façon importante, la création de nouvelles unités blindées lourdes peut courante (une nouvelle brigade Allemande?)
    concernant notre futur char lourd ou moyen à la création de KNDS un politicien Français avait indiqué que notre prochain char aura un châssis Allemand et une tourelle Française, notre Armée a choisis de revaloriser le Leclerc au lieu de demander un nouveau char à KNDS, KNDS France produit à l'origine des équipements militaires correspondants aux besoins de notre Armée, si il n'y a pas de besoin exprimé......
    penandreff

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    1. " les opérationnels ne voient pas le besoin d'un nouveau char"
      L'Allemagne envisage d'acquérir 1 000 chars Leopard2 -3
      Une fois n'est pas coutume :
      https://www.opex360.com/2025/07/05/berlin-envisage-dacquerir-1-000-chars-leopard-et-2-500-blindes-boxer-supplementaires-pour-25-milliards-deuros/
      Pas de nouveaux VCI (KF41 ?), très étonnamment par contre, pour l'instant...

      Pas partout manifestement.
      Ou encore les KF51 des italiens, et autres.

      "si il n'y a pas de besoin exprimé......"
      Pas chez nous en tous cas, malheureusement, "tout va très bien". ("On n'a pas pas forcément les mêmes besoins", comme dirait l'autre.)
      A part le MGCS de 2050 évidemment...

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  8. Le retour du char "moyen" , bien adapté aux concepts de l'ABC francaise

    https://meta-defense.fr/2025/08/22/char-moyen-armee-populaire-liberation/

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  9. https://www.youtube.com/watch?v=x3yQMW1SQfg
    penandreff

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