
Le dernier rapport sur l'avancement des programmes majeurs d'armement publié aujourd'hui contient des informations intéressantes sur l'avancement du programme MGCS et sur son devenir. Selon le document, ce programme ne serait plus uniquement franco-allemand, même si le tandem continue de servir de base mais " devrait aussi être conçu comme une capacité OTAN
dotée d’un groupe adéquat de participants. Dans un premier temps,
l’Allemagne vise à inclure le Royaume-Uni, la Norvège, les Pays-Bas, la
Suède et l’Italie". Un examen de la liste des pays concernés, permet de déceler des pays possédant des BITD solides et dotées de capacités intéressantes. Un examen plus détaillé montre que cette liste ne contient que des clients potentiels du Leopard 2A7 déjà utilisateurs du char, comme la Norvège et la Suède ou susceptibles de l'adopter en remplacement d'un char national vieillissant comme l'Italie ou le Royaume Uni. Les Pays Bas qui se sont séparés de leur chars en 2011 entretiennent depuis 2015 une compagnie de 16 chars au sein d'un bataillon allemand et sont donc naturellement liés à l'Allemagne. Manquent à l'appel l'Espagne dont l'intention est pourtant de remplacer ses Leopards 2E par un engin issu du MGCS, ainsi que la Pologne. Cette dernière absence est plus surprenante mais le MGCS s'inscrit dans un horizon trop lointain pour les projets polonais dans le domaine. En réponse à la la volonté exprimée par Varsovie de se doter d'un char moderne à court/moyen terme, KNDS pourrait proposer prochainement (MSPO 2021) l'EMBT. Au delà de leurs capacités respectives dont la mise en commun constituerait une sérieuse concurrence pour le MGCS, ces pays pourraient également céder aux sirènes sud coréennes en adoptant le char K2, déjà proposé à la Pologne au cours du salon MSPO 2020. Il s'agit pour Rheinmetall soutenu par Berlin de préserver ses clients potentiels quitte pour cela à se servir du programme MGCS pour offrir des compensations techniques et industrielles. En outre, une offre allemande permettrait de faire rentrer dans le programme des partenaires sélectionnés par Berlin qui pourraient être des alliés utiles en cas de désaccord entre la France et l'Allemagne dans le programme, diluant de facto le pouvoir de la France dans la conduite du projet. En attendant les deux pays continuent de conduire la phase SADS 1 du programme ainsi que la répartition des tâches pour la réalisation des quatorze démonstrateurs technologiques. Le programme MGCS devra ensuite affronter les élections fédérales allemandes en septembre 2021 puis les élections françaises au printemps 2022. En attendant ces échéances politiques, plusieurs signaux apparus ces derniers mois donnent l'impression que le MGCS aurait été accordé à l'Allemagne en "échange" du SCAF avec une prise de contrôle progressive mais quasi totale du programme terrestre par Berlin, transformant de facto le programme Main Ground Combat System en programme Mostly German Conceived Solution.