La livraison aux forces armées néerlandaises des premiers Scania Gryphus a débuté ces derniers jours. La mise en service de ces véhicules fait partie du projet DVOW (Defensiebrede Vervanging Operationele Wielvoertuigen) qui prévoit le remplacement de l'ensemble des véhicules à roues opérationnels en service dans l'armée néerlandaise. Dans le cadre de ce projet, l'armée néerlandaise a déjà reçu des véhicules utilitaires Amarok fabriqués par Volkswagen et a également choisi des IVECO MTV dont l'acquisition a été annoncée au cours du salon Idex. L'armée de terre néerlandaise devrait recevoir d'ici 2026, 2400 véhicules principalement en version 8x8 dont 185 exemplaires disposeront de cabines blindées produites par Centigon. Une version 6x6 plus légère devrait être utilisée pour la formation des équipages et le transport sur les aéroports militaires, à côté d'un autre 6x6 capable d'emporter 15 tonnes de charge utile. Les unités d'infanterie de Marine recevront une version 4x4 spécialement protégée contre les effets de la corrosion liée à leur emploi dans un milieu maritime. Le Scania Gryphus n'est pas un camion purement militaire mais une version militarisée du Scania XT, apparu en 2017 et destinée aux usages sur les chantiers. Comme pour l'armée belge avec DAF, le choix néerlandais s'est porté sur un constructeur étranger mais possédant une usine aux Pays Bas, Scania ayant implanté dans le pays une de ses trois usines européennes.
Quelques semaines après la décision de John Cockerill Defense d'investir en Espagne, c'est au tour de Rafael de renforcer ses positions dans la péninsule ibérique. PAP Tecnos, filiale espagnole du constructeur israélien s'installera en mai prochain dans de nouveaux locaux qui lui permettront d'augmenter ses capacités de production et de soutien des équipements, dont le missile Spike au coeur de deux marchés importants. Le premier concerne la fourniture d'une tourelle pour le VCR 8x8 Dragon avec une sélection prévue en juin prochain, et pour laquelle au moins deux des tourelles en compétition (Rafael et Tizona) embarquent des missiles Spike. La dernière venue, la Guardian 30 d'Escribano a fait le choix d'une configuration minimaliste, synonyme de poids et de cout réduit qui pourrait lui permettre de s'imposer dans cette compétition. Le second marché visé par Rafael et PAP Tecnos est celui de la modernisation des missiles Spike en service dans l'armée espagnole avec un possible contrat pour la fourniture de la version LR2 du missile. A côté des ces objectifs ibériques PAP Tecnos ambitionne également de créer au sein de cette nouvelle structure , un centre de maintenance européen pour les tourelles Samson en service au sein de pays de l'OTAN. Les sociétés impliquées dans ces marchés multiplient les initiatives économiques en attendant l'évaluation technique de leurs équipements par les services officiels.
Rheinmetall vient d'annoncer la signature du contrat de mise à niveau du Challenger 2 dans le cadre du programme Life Extension Program (LEP). Ce contra d'une valeur de 750 millions de Livres, soit un peu plus de 875 millions d'euros devrait être exécuté par Rheinmetall BAE Systems Land Defense détenue à 55% par la firme allemande. Cette nouvelle qui devait être annoncée la semaine prochaine par le ministère de la Défense britannique a été communiquée ce matin à la Bourse de Francfort où est cotée Rheinmetall. On ignore le contenu exact de ce contrat, ses modalités d'exécution ainsi que le nombre de chars concernés. Cette annonce constitue néanmoins une étape capitale dans le processus de rénovation des Challenger 2, initié il y a plusieurs années et objet de nombreuses discussions.
Si l'on commence à entrevoir les possibles conséquences de la Revue Intégrée sur la composante blindée mécanisée, une page rapidement effacée du site web de l'armée britannique a permis de découvrir les conséquences de cette même revue sur l'organisation des forces. On a ainsi appris par cette page que, selon le document de référence intitulé "Future Land Combat System" les forces britanniques seront désormais réorganisées autour du concept de Brigade Combat Team. Parmi les priorités contenues dans le document figure la création d'unités tactiques de taille moindre et autosuffisantes qui doivent permettre de répondre plus rapidement et plus efficacement aux différentes menaces et crises. Les Brigades Combat Teams seront des unités tactiques autosuffisantes qui devront être dotées de capacités d'action interarmes, interarmées, interministérielles, multinationales ainsi que de possibilités de dialogue avec les industriels. Concernant les blindés, le "Future Land Combat System" précise que les forces de combat seront composées d'unités blindées utilisant des véhicules blindés modernes et que les unités mécanisées et d'infanterie recevront comme mission première la saisie et la tenue de zones urbanisées ou complexes.
De nombreux autres aspects de la réorganisation de l'Armée de sa Gracieuse Majesté sont déclinés dans le document de référence dont on connaitra les détails lors de sa publication officielle. Le choix du concept de Brigade Combat Teams n'est pas sans rappeler la référence à l'organisation de l'armée américaine au sein de laquelle on retrouve également des BCTs. Ceux ci peuvent être à dominante blindée Armored Brigade Combat Teams (ABCTs) ou Infanterie Infantry Brigade Combat Teams (IBCTs). La mise en oeuvre d'un tel modèle au sein d'une armée aux moyens très réduits comme l'armée britannique risque de rapidement contrarier les ambitions de ces unités.
On connaissait déjà les Véhicules de Combat d'Infanterie (VCI) lourds, en anglais Heavy Infantry Fighting Vehicles ou HIFVs, caractérisés par un armement puissant et une protection associant blindages et systèmes actifs de protection. Le programme américain Optionally Manned Fighting Vehicles pourrait permettre d'assister à la mise en service d'un nouveau type de VCI, que l'on pourrait appeler les Smart Infantry Fighting Vehicles ou SIFVs. Illustrant cette tendance, Rheinmetall et GDLS présentent des solutions faisant appel de façon différente à l'intelligence artificielle embarquée à bord des deux engins pour devenir le troisième membre d'équipage, complément virtuel des deux autres membres d'équipage humains.
Le Ministre bulgare de la Défense a mis fin aujourd'hui par une lettre adressée à Patria et General Dynamics à la procédure d'acquisition de véhicules blindés. Selon le Ministère de la Défense, cette décision est motivée par le prix proposé par les deux sociétés, excédant de façon significative le cadre prévu et approuvé par le Parlement bulgare pour ce marché. L'arrêt de la procédure a été décidé à la suite de négociations portant sur une éventuelle réduction de prix, qui s'est avérée impossible sans de profondes modifications des exigences techniques et tactiques. La réalisation de tels changements dans le cahier des charges a été jugée impossible car discriminatoire à l'encontre des concurrents déjà éliminés. Les deux sociétés avaient été sélectionnées en octobre dernier pour la fourniture de 150 véhicules blindés dans le cadre d'un marché initié en Juin 2018 pour un cout maximum de 1.24 milliards de LEV soit 633 millions d'euros, avec 20% des engins fabriqués localement selon les engagements de Patria et de General Dynamics. Pour ce marché, GDLS proposait le Piranha V équipé d'une tourelle Samson Mk2 tandis que Patria offrait l'AMV XP équipé d'une tourelle Protector MCT 30 de Kongsberg. Dans l’hypothèse d'une relance du marché Nexter avait choisi de s'associer à John Cockerill Defense pour équiper son VBCI de la tourelle 3030 du fabricant liégeois. Ce marché sera peut être relancé sous un format différent, le Ministère de la Défense ayant mandaté la société d'état Term-Holding EAD pour qu'elle étudie les possibilités de développement conjoint de véhicules de combat avec une implication maximum des industries nationales.