L'innovation et la prise en compte des problématiques de protection des engins blindés concernent n'est pas l'apanage des grands groupes ou des grands pays, comme le montre la dernière réalisation de la société Defensphere. Cette firme estono-croate a développé le système Vegvisir (nom donné à un compas viking) qui permet l'association d'images réelles et de données sur la situation tactique (Mixed Reality Situational Awareness System MRSAS) Cette combinaison fournit des images des caméras installées sur l'engin mêlées à aux images réelles et directement projetées dans les équipements de tête des membres d'équipage. Le Vegvisir installé sur un CV9035 et un Sisu XA-188 a été testé par des équipages du bataillon de reconnaissance de la 1ère Brigade d'infanterie estonienne. Un court résumé de cette évaluation permet de découvrir les réactions (positives) des membres d'équipages impliqués dans ces tests. Une satisfaction est bien compréhensible de la part de chefs d'engins capables de surveiller leur environnement et d'améliorer leur protection en mouvement comme à l'arrêt !
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mardi 28 février 2023
L'AJAX RENAIT DE SES CENDRES
Selon Ben Wallace, le Secrétaire d’État britannique à la Défense, le programme Ajax est désormais relancé, car tous les problèmes rencontrés ont été solutionnés. Cette annonce qui intervient quelques jours après que le gouvernement britannique ait été sommé de payer 1,4 milliards de Livres pour les défauts de l'engin. L'ampleur, le nombre et la diversité des difficultés techniques rencontrées par l'engin ne laissaient pas présager une reprise aussi rapide du programme. Pour obtenir ce résultat, GDLS et les services britanniques ont renoncé à la mise en place de toute solution d’ingénierie lourde au profit de remèdes plus simples et vraisemblablement moins coûteux. Dans sa nouvelle version, l'Ajax adopte donc des sièges intégrant de nouveaux coussins ainsi que des moyens de dialogue (palonniers et joysticks) améliorés. Les membres d'équipage reçoivent de nouvelles protections auditives destinées à faciliter les communications et à les protéger plus efficacement des bruits environnants. A l'exception de ces mesures, aucun travail n'a été effectué sur le châssis de l'engin ou ses sous-ensembles, les mois de recherches et d'essais ne débouchant que sur la mise en place des modifications ci-dessus. La presse britannique a qualifié les essais de réussi, grâce à ces innovations, l'armée britannique envisageant dès à présent la poursuite des évaluations sur une durée de 16 mois qui permet d'envisager une mise en service des premiers engins dans un an et demi ! En dépit des affirmations de Ben Wallace, selon lequel les solutions adoptées ont été inspirées par les utilisateurs de l'engin, il apparaît difficile de croire que l'ensemble des problèmes rencontrés par cet engin (cf.ci-dessous) puissent être résolus par ces seules modifications ! Une véritable performance technique qui permet à ce "désastre" de redémarrer, pour que l'armée britannique puisse enfin recevoir les 589 engins commandés pour 5,5 milliards de Livres(coussins compris) !
dimanche 26 février 2023
1000 BLAIREAUX POUR L'ARMEE POLONAISE
Après l'annonce par le Premier Ministre polonais d'une augmentation de capital de plus de 200 millions d'euros, la firme HWS (Huta Stalowa Wola) devrait recevoir cette semaine une commande du Ministère de la Défense portant sur le VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) Borsuk (Blaireau) développé et produit par un consortium dirigé par HSW. Selon plusieurs médias polonais, le gouvernement devrait annoncer cette semaine la notification d'un contrat portant sur 1000 exemplaires du VCI local visant à remplacer les 1000 VCI d'origine soviétique BWP-1 détenus par la Pologne. Cette commande avait été évoquée par le vice-Premier ministre et ministre de la Défense, Marius Blaszczak au cours de sa visite au cours de sa visite aux équipages de la 15ème Brigade mécanisée sur le camp de Bemowo Piskie en novembre dernier. Équipé d'une tourelle ZSSW-30, le Borsuk est armé d'un canon Bushmaster Mk44 de 30mm et de deux missiles antichars Spike mis en œuvre depuis un lanceur escamotable. Avec cette commande, l'engin entièrement conçu et produit en Pologne pourrait voir sa position confortée sur les marchés export après une première candidature test pour l'appel d'offres slovaque.
EMBARGO ALLEMAND SUR LE GUARANI
En raison de la présence de composants militaires d'origine allemande, l'organisme fédéral de contrôle des exportations, le BAFA (Bundesamt für Wirtschaft und Ausfuhrkontrolle) a imposé un embargo sur l'exportation de 28 véhicules blindés Guarani commandés en 2020 par les Philippines. Les engins concernés qui sont produits au Brésil par IDV (Iveco Defence Vehicules) ont été acquis par les Philippines auprès de la société israélienne Elbit Systems dans le cadre d'un accord de gré à gré entre les deux gouvernements, qui comprenait également d'autres équipements. La décision allemande a empêché la livraison à Manille des cinq premiers Guarani produits dans l'usine de Sete Lagoas, où ils ont été stockés en attendant la suite des événements. Le projet de développement d'une version modernisée du Guarani, baptisée Guarani 2.0 dont une des principales évolutions serait le remplacement des composants d'origine allemande, pour éviter tout nouvel embargo sur de futures exportations en Argentine ou en Malaisie où le Guarani pourrait être choisi. Ce nouvel embargo allemand rapproche un peu plus Berlin d'une politique d'exportation proche de celles suivie par l'administration américaine à l'aide des règles ITAR (International Traffic in Arms Regulation) à portée "universelle".
LES PREMIERS LEOPARD 2A4 POLONAIS SONT ARRIVES A KIEV
L'arrivée des premiers Leopard 2 en Ukraine a donné lieu à une cérémonie en présence du Premier Ministre polonais Mateusz Morawiecki. Celui-ci a profité de sa visite à Kiev à l'occasion du premier anniversaire du déclenchement de l'opération militaire spéciale en Ukraine pour remettre aux autorités ukrainiennes les quatre premiers Leopard 2A4 transférés par son pays. A tous ceux qui pensaient que l'arrivée de chars sur le territoire ukrainien serait entouré d'une relative et souhaitable discrétion, la cérémonie d'hier à Kiev a démontré la valeur politique que souhaitent donne les pays contributeurs à la coalition du Leopard. L'impact tactique de ces engins reste pour le moment limité, puisque l'armée ukrainienne ne compte à ce jour que quatre Leopard dans son ordre de bataille, en attendant la concrétisation des promesses. Il est probable, qu'au delà du symbole politique, l'engagement de ces quatre premiers engins attendra l'arrivée d'un nombre conséquent de chars, permettant d'équiper a minima le volume d'un bataillon, soit 31 chars dans l'armée ukrainienne.
vendredi 24 février 2023
UN AN APRES, LE ROI EST TOUJOURS NU ET IL DEVRAIT LE RESTER !
Il y a un peu moins d'un an, le "roi nu" déployait à grand peine un escadron d'AMX 10 RC pour renforcer le GTIA (Groupement Tactique Inter Armes) à dominante infanterie déployé en Roumanie au sein de la mission Aigle. Un an après le déclenchement de l'opération militaire spéciale russe en Ukraine, Blablachars a voulu faire le point sur les principaux événements qui ont marqué cette année, qui a a vu le char revenir au centre des préoccupations et du champ de bataille. Force est de constater que le roi qui était nu en février 2022 ne risque pas d'être mieux vêtu dans les prochaines années si l'on en croit les premières informations relatives à la future Loi de Programmation Militaire en préparation.
jeudi 23 février 2023
DES LEOPARD 2A7A1 PLUTOT QUE DES KF-51 POUR LA BUNDESWEHR ?
La réponse de Thomas Hitschler, secrétaire d'état auprès du ministre de la Défense à une question posée par Ingo Gädechens, député allemand membre de la commission, membre de la commission du budget et rapporteur sur les questions de défense a permis de découvrir quelques éléments supplémentaires sur la future commande de chars par l'armée allemande. Aux interrogations du parlementaire qui souhaitait connaître le nombre de chars Leopard 2 devant être acquis par la Bundeswehr ainsi que le calendrier de cette possible commande a permis au secrétaire d'état de fournir quelques explications sur le sujet.
mercredi 22 février 2023
LE K2 ENTRE LES EMIRATS ET LA POLOGNE
Loin de l'agitation créée autour de la "coalition du Leopard", le char sud-coréen K2 poursuit son parcours qui l'a amené cette semaine à Abu Dhabi et en Pologne. Dans la capitale des Émirats Arabes Unis, le K2 dans une livrée sable parfaitement adaptée à l'environnement de ses clients potentiels et dans une version inédite. La maquette du char sud-coréen permettait de distinguer plusieurs éléments intégrés sur cette version Middle East Export dont les principales caractéristiques étaient résumées sur un panneau voisin. Parmi celles-ci on peut noter la présence d'un système de protection active Hard Kill d'origine indéterminée. Le système dont plusieurs composants sont visibles sur la tourelle pourrait être du type passif avec une détection basée sur des moyens optroniques passifs et doté d'éjecteurs vers le haut capables de contrer les attaques de munitions antichars de type "top attack". Le char sud-coréen a déjà suscité l'intérêt de plusieurs pays de la région, après son évaluation par le Sultanat d'Oman en 2018. L'actualité du K2 est aussi celle du Ministre sud-coréen de la Défense qui s'est rendu à Abu Dhabi avant de s'envoler vers Varsovie pour y rencontrer Mariusz Blaszczak, son homologue polonais. Les discussions porteront sur l'exécution des différents contrats liant les deux pays et seront précédées de la signature du protocole de création du consortium chargé de la production des chars K2 et des obusiers K9. La firme polonaise Polska Grupa Zbrojeniowa sera associée à Hyundai Rotem au sein de cette nouvelle entité qui aura pour objectif de développer les versions PL du K2 et du K9. La création de cette nouvelle entité devrait être considérée avec beaucoup d'attention dans la région du Golfe Persique, où plusieurs états cherchent à développer une industrie de défense nationale en s'appuyant sur des partenariats et des transferts de technologies.
DES PIRANHA V SUPPLEMENTAIRES POUR LA ROUMANIE.
La Roumanie a annoncé l’acquisition de 150 véhicules Piranha V supplémentaires en complément des 277 engins commandés en 2018 et dont les premières livraisons ont débuté à l'automne 2020. La totalité des engins prévus dans ce nouveau contrat d'un montant estimé à 674 millions de dollars seront fabriqués en Roumanie par la société Uzina Mecanica Bucaresti déjà en charge de la production de 197 des 277 exemplaires du premier contrat. Cette nouvelle commande s'inscrit probablement dans le cadre du programme d'acquisition d'un nouveau VCI que Bucarest souhaitait initier dès 2022. Après l'adoption du char Abrams, la Roumanie choisit à nouveau un matériel d'origine américaine en dépit de sa commercialisation par GDELS (General Dynamics European Land Systems), branche européenne de GDLS et de l'utilisation de ce même châssis par le VCR 8x8 Dragon espagnol.
TENSIONS AUTOUR DES PIECES DETACHEES !
Alors que les équipages ukrainiens ne connaissent aucune répit dans leur formation, des tensions se font jour au sein de la "coalition du Leopard". L'objet de ces difficultés serait l'approvisionnement en pièces détachées, dont le manque cruel imposerait des délais de livraison pouvant retarder le déploiement des Leopard en Ukraine. Le Président polonais lui-même a fait part de son sentiment en déclarant à la télévision "qu'il y a un sérieux problème avec les chars Leopard allemands". La Pologne attendrait depuis plusieurs mois la livraison de ces pièces détachées indispensables au transfert des chars polonais vers l'Ukraine. Le président polonais a habilement rappelé que ces éléments étant uniquement fabriqués en Allemagne, indiquant au Chancelier allemand "qu'il espérait que les chars allemands étaient prêts" au contraire des chars polonais toujours en attente de pièces de rechange. Toujours selon Andrzej Duda, la Pologne n'est pas le seul pays à connaître une telle situation, également vécue par de nombreux opérateurs de Leopard. Celui-ci est devenu une "pomme de discorde" entre la Pologne et l'Allemagne depuis plusieurs mois, après que la promesse de fournir 50 chars Leopard 2, supposés arriver après que Varsovie se soit séparé de 200 chars d'origine russe au profit de l'Ukraine. En dépit des assurances allemandes, la Pologne a du se rendre à l'évidence et constater que l'Allemagne ne disposait pas du nombre de chars susceptibles d'être livrés, proposant de livrer plus de Leopard 1 que de Leopard 2. Ce contentieux met une nouvelle fois en lumière les faiblesses de l'armée allemande qui a cannibalisé ses stocks pour assurer le maintien en condition des engins en service, faiblesses soulignées par le déclenchement du conflit en Ukraine. Comme les autres capitales européennes, Berlin, qui a négligé les aspects industriels du maintien en condition de sa composante blindée mécanisée, se trouve aujourd'hui dépourvu de tout stock de pièces et d'engins. Mise en lumière par le transfert de chars à une armée étrangère, cette situation aurait pu avoir des conséquences plus importantes dans une situation plus grave impliquant directement l'armée allemande. Après "l'affaire" des munitions de 35mm pour les Gepard et les atermoiements du Chancelier Scholtz, ce nouveau couac dans la "coalition du Leopard" ne devrait pas contribuer à améliorer les relations entre l'Allemagne et la Pologne, déjà bien entamées par les choix de Varsovie pour la modernisation de sa composante blindée aux dépens de son voisin et "partenaire" allemand. L'acquisition d'un char est réellement une affaire de politique étrangère !
PARTENARIAT BELGO-EMIRATI AUTOUR DE L'i-X
A défaut de nouvelles tourelles ou d'évolutions significatives des produits existants, John Cockerill Defense a profité du Salon IDEX pour poursuivre la promotion de son nouveau véhicule le i-X. Au-delà de la présentation sur le stand d'un exemplaire de l'engin, la firme belge a signé un accord de partenariat avec la firme émirienne Nimr, appartenant au groupe Edge en vue de développer les opportunités de commercialisation et développement de l'i-X. Celui-ci effectue à Abu Dhabi sa seconde sortie à l'étranger après sa présentation au World Defense Show en Arabie Saoudite au printemps dernier. Le choix de ces deux premières destinations traduit l'importance de cette région dans la stratégie de développement et de commercialisation de l'i-X. L'engin exposé à Abu Dhabi a déjà effectué un certain nombre de tests qui lui ont permis de démontrer ses qualités et de convaincre la firme émirienne de signer cet accord. En dépit de son aspect innovant, l'i-X souffre encore de quelques défauts comme un espace intérieur réduit qui pourrait imposer l'emploi d'une remorque pour le transport des équipements. La faible surface vitrée de l'i-X nécessite de recourir à des moyens optroniques pour assurer l'observation en mouvement grâce à la stabilisation de ces équipements comme à l'arrêt. Le module télescopique supportant le canon de 25mm (probablement un canon M242 Bushmaster choisi en raison de son faible poids) pourrait se révéler un facteur de faiblesse en dépit des performances enregistrées au cours des essais. Les armes principales et secondaires de l'i-X auraient tiré chacune 1500 coups dans différentes configurations incluant des tirs en déplacement et à l'arrêt avec une précision satisfaisante. L'utilité tactique de la vitesse maximale annoncée (190km/h) reste à démontrer, en raison des possibilités restreintes d'observation et de tir offertes à l'équipage à cette vitesse, rarement atteignable sur le terrain en raison des nombreux obstacles potentiels. Le partenariat signé entre John Cockerill devrait permettre à l'i-X de poursuivre son développement avec la mise au point de nouvelles versions (antichar, commandement, appui, reconnaissance) et son évolution pour faire de ce très beau démonstrateur un véritable véhicule de combat.
mardi 21 février 2023
QUELQUES NOUVELLES DU GOLFE PERSIQUE
Comme tous les deux ans, la capitale des Émirats Arabes Unis accueille le salon de défense IDEX (International Defense Exhibition), la plus importante manifestation du genre dans la région, qui fête cette année ses trente ans. De nombreux industriels français ont fait le voyage pour y présenter leurs équipements et nouer de nouvelles collaborations. Parmi les 25 sociétés françaises regroupées au sein du pavillon France animé par le COGES, deux d'entre elles ont retenu l'attention de Blablachars qui bien que n'étant pas sur place souhaite vous faire partager l'actualité de ce salon en vous présentant les matériels exposés par Nexter et Arquus. Les deux firmes françaises ont profité du salon émirien pour dévoiler des engins inédits ou jamais présentés sur un salon étranger.
LA REPUBLIQUE TCHEQUE VA REPARER LES T-64 UKRAINIENS
Après avoir été le premier pays à transférer des T-72 à l'Ukraine puis à offrir des infrastructures de réparation pour les chars ukrainiens et alors que la modernisation des 90 T-72 se poursuit, la République Tchèque franchit une nouvelle étape dans son soutien à Kiev. Le vice-ministre tchèque de la Défense a annoncé la signature de plusieurs accords bilatéraux dans le domaine de la maintenance et de la réparation. Un de ces accords signé entre la société d'état tchèque VOP-CZ et la firme ukrainienne Ukroboronprom porte sur le maintien en condition et la réparation des T-64, pour lesquels la firme tchèque devra s'appuyer sur les compétences de la société ukrainienne. Outre ces accords techniques, Prague a également confirmé la poursuite de la formation de militaires ukrainiens avec un objectif annoncé de 4000 militaires ukrainiens formés d'ici la fin de l'année. Le vice-ministre tchèque a indiqué que son pays faisait actuellement des efforts pour produire des munitions de gros calibre destinées à l'artillerie et aux chars.
LA POLOGNE MUSCLE SES CAPACITES ANTICHARS
L'agence polonaise de l'armement a annoncé une commande supplémentaire de missiles antichars Javelin portant sur 50 postes de tir LWCLU (Light Weight Command Launch Unit) et 500 missiles. Ces matériels qui doivent être livrés d'ici 2026 sont destinés à équiper les forces de défense territoriale ; ce nouveau contrat vient s'ajouter au précédent signé en 2020 qui prévoyait la livraison de 60 postes de tir et de 180 missiles, l'ensemble des deux commandes représentant une valeur de 158 millions de dollars. Cette nouvelle acquisition vient s'ajouter au système Ottokar-Brzoza composé d'un lanceur pour 12 missiles Brimstone monté sur un porteur et dont les premiers exemplaires devraient être livrés cette année à l'armée polonaise. Ces capacités antichars devraient être complétées dans les mois à venir par le système polonais Pirat, dont le développement arrive à son terme. Ce missile à guidage à laser d'une portée de 2500m, vise à équiper l'armée polonaise d'une arme antichar pouvant être utilisée sur des objectifs ne nécessitant par le tir de missiles plus lourds et plus coûteux, comme les véhicules transport de troupes ou les VCI légers. Les engagements en Ukraine montrent que ces types d'engins représentent la majeure partie des objectifs traités par les armes antichars, même si les premières semaines du conflit ont pu donner une impression différente.
samedi 18 février 2023
ECHANGE DE BLINDAGE POUR LES FUTURS M1A1 SA POLONAIS
Comme pour les 31 chars M1 promis par Washington à l'Ukraine, les 116 M1A1 SA commandés par la Pologne subiront quelques modifications avant leur remise définitive à l'armée polonaise. Ces 116 engins qui doivent être modernisés au standard A2 SEP V3 après la livraison des 250 chars commandés par Varsovie au cours de l'été 2021, ne devraient pas être équipés de leur blindage d'origine. Le document ci-dessous précise en effet que l'échange des éléments concernés sera effectué par les équipes de GDLS (General Dynamics Land Systems) sur son site de Lima dans l'Ohio et devrait être terminée au mois de novembre. Les fonds nécessaires, 27 millions de dollars sont fournis par le mécanisme des FMS (Foreign Military Sales) et par celui des acquisitions spéciales de défense ont été engagés dès la signature du contrat initial, d'un montant de 288 millions de dollars. Aucun détail n'a été fourni sur la nature et la composition des éléments concernés par cette opération qui pourrait avoir un impact sur la modernisation au standard SEP V3 des 116 engins commandés. Que ce soit dans le cadre d'un transfert ou d'un contrat commercial, les États-Unis ne semblent pas décidés à disséminer des éléments concourant directement à la survivabilité de ces engins, probablement dotés d'un blindage à l'uranium appauvri. Les futurs clients désireux d'acquérir des chars de seconde main aux États-Unis feraient bien de s'en souvenir !
LE NOUVEAU NUMERO DE TnT EST DISPONIBLE
Blablachars vous signale l'arrivée ce matin chez vos marchands de journaux du numéro 95 de la revue Trucks and Tanks. Au sommaire de cette dernière livraison, toujours des articles passionnants richement illustrés à propos des chars modernes et d'engins moins connus appartenant à l'histoire des blindés. A noter dans ce numéro un focus détaillé sur le T-64 intitulé "la colonne vertébrale des forces blindées ukrainiennes" ainsi qu'un dossier central consacré à l'engagement des chars en Ukraine, que Blablachars a eu le plaisir de rédiger. Une bonne idée de lecture pour occuper un week-end de grisaille, profiter du soleil et même au pied des pistes pour les plus chanceux. Un numéro à découvrir et à lire sans modération par tous ceux qui s'intéressent aux engins blindés d'hier et d'aujourd'hui.
vendredi 17 février 2023
FORMATION ESPAGNOLE POUR LES MILITAIRES UKRAINIENS
L'Espagne a annoncé la formation prochaine de 55 militaires ukrainiens à la mise en œuvre des Leopard 2A4 dont Madrid devrait fournir une demi douzaine d'exemplaires. Selon les informations disponibles, le détachement ukrainien est composé d'équipages (dont l'ancienneté n'est pas précisée) et de spécialistes de la maintenance. Selon toute vraisemblance, cette formation devrait se dérouler dans la région de Saragosse où l'armée espagnole dispose d’infrastructures de formation qui bénéficient de la proximité du champ de tir de San Gregorio sur lequel les équipages devraient effectuer les tirs nécessaires à leur formation. D'autres actions au profit des militaires ukrainiens devraient également avoir lieu en Espagne, comme le secourisme de combat ou encore la lutte contre les IEDs. La durée, le contenu et les modalités de cette formation n'ont pas été communiquées par les autorités espagnoles.
jeudi 16 février 2023
COMMANDE FINLANDAISE DE MISSILES ANTICHARS SPIKE
La Finlande a notifié à la fin de l'année dernière une commande de missiles antichars Spike. Le contrat signé avec EuroSpike GmbH d'une valeur de 223 millions d'Euros prévoit la livraison de missiles Spike SR (Short Range) d'une portée maximale de 2 km, LR2 d'une portée maximale de 5,5 km et de Spike ER2 dont la portée maximale est de10km quand il est tiré depuis le sol et de 16 km depuis un hélicoptère. Cette commande dont le volume n'a pas été précisé complète l'équipement de la Finlande dans ce domaine, utilisant depuis plusieurs années des missiles Spike MR, LR et ER. A côté du Javelin médiatisé à l'occasion de la guerre e Ukraine, le Spike est en train d'imposer comme le missile antichar de référence avec 13 pays européens déjà équipés.
MILREM PASSE SOUS CONTROLE EMIRIEN
A quelques jours de l'ouverture du salon IDEX, les premières annonces concernant le secteur commencent à être publiées. On a appris aujourd'hui que le groupe émirien Edge avait acquis une majorité des actions de la société estonienne Milrem spécialisée dans le domaine des systèmes automatisés et autonomes. Créée en 2013, la firme estonienne est aujourd'hui leader dans le domaine des engins téléopérés capables d'agir dans des environnements complexes à l'image du THeMIS, évalué par plusieurs armées et pouvant recevoir des divers armements. Le Type X également produit par Milrem est proposé comme "équipier" autonome pouvant être employé au sein d'unités mécanisées. L'accord conclu entre Milrem et Edge ne remet pas en cause la position de Krauss-Maffei Wegmann actionnaire minoritaire de la société estonienne, ni les coopérations déjà établies comme celles liant Milrem à Otokar ainsi que l'accord de commercialisation des systèmes Milrem par les CNIM (Constructions Navales et Industrielles de la Méditerranée). L'arrivée de Edge dans l'actionnariat de Milrem permettra à la firme estonienne d’accroître sa production et d'étendre son portefeuille à l'international.
PAS OU PEU DE LEOPARD 2A6 POUR LA COALITION DU LEOPARD !
La coalition du Leopard peine à rassembler les chars nécessaires à l'équipement de deux bataillons tel que cela était initialement envisagé. Un de ces deux bataillons est supposé être équipé de Leopard 2A6 dont les premiers et seuls exemplaires ont été promis par l'Allemagne. L'équipement de ce bataillon se heurte au refus de plusieurs pays de se séparer de chars récemment mis en service et dont le prélèvement au profit de la coalition du Leopard ne pourrait être supporté par les armées concernées. Ainsi les Pays-Bas qui ne possèdent plus de chars depuis 2011 et utilisent aujourd'hui 18 Leopard 2A6 allemands regroupés au sein du 414ème Bataillon de chars de l'armée allemande ont refusé de fournir des exemplaires de Leopard 2A6 en raison du nombre restreint de chars en service. Pour la première fois depuis 20 ans, les Pays Bas ont déployé leurs chars en Lituanie dans le cadre de la mission de présence de l'Otan dans les pays baltes. Autre pays ayant refusé de contribuer à la coalition du Leopard, le Danemark qui possède 44 chars Leopard récemment portés au standard 2A7 destine ces engins à l'équipement de la brigade déployable qu'elle doit constituer conformément aux recommandations de l'Otan. A côté de ces refus, la Finlande pourrait ne pas fournir de chars et selon des informations émanant de l'Otan, Helsinki a lié une hypothétique fourniture d'engins à son adhésion à l'Alliance Atlantique, démarche qui continue de se heurter au refus d'Ankara, autre membre de l'Otan.
mardi 14 février 2023
VERS UNE MEGA COMMANDE ALLEMANDE DE CHARS !
La prochaine Loi de Programmation Militaire devrait entraîner une véritable reconstruction de l'armée de terre justifiée par les enseignements du conflit en Ukraine. Alors qu'en France, les principaux bénéficiaires de cette réorganisation en profondeur pourraient être les fonctions cyber, drones et artillerie aux dépens de l'infanterie et de la cavalerie, il semblerait que du côté allemand les objectifs soient quelque peu différents, si l'on en croit les propos du ministre allemand de la Défense. Celui-ci lors d'une visite au 203ème Bataillon de Chars, qui fournit les 14 Leopard 2A6 promis à l'Ukraine, a déclaré vouloir remplacer rapidement les chars transférés à Kiev. Selon Boris Pistorius "le point crucial est de commander de nouveaux chars, non pas dans l'année mais rapidement, pour permettre à la production de démarrer." Le Ministre a également ajouté que ses priorités était d'accélérer les acquisitions d'armements et de munitions pour la Bundeswehr, avant d'ajouter que sa rencontre avec les représentants des industries de défense allemandes avait pour but "de déterminer qui peut faire quoi et ce que les deux parties pouvaient attendre l'une de l'autre". Ces déclarations confirment les propos tenus par le Ministre en décembre ; dans un entretien au quotidien Bild, Boris Pistorius avait rappelé que "l'Allemagne est la plus grande économie d'Europe, donc notre objectif devrait être d'avoir également l'armée la plus forte et la mieux équipée de l’Union Européenne." Comme l'a déjà évoqué Blablachars, on semble donc s'acheminer vers une commande importante de la Bundeswehr dans le domaine des chars lourds, qui pourrait voir l'arrivée de Leopard 2A7 dans une version améliorée et peut être de KF-51 dans leur version de série. Si cette hypothétique commande devait se confirmer, il est probable qu'elle imposerait un partage des tâches entre les deux leaders du secteur, à savoir KMW et Rheinmetall. Cette commande signerait en outre la fin du programme MGCS, dont la mise en service incertaine et trop lointaine ne répondrait plus aux besoins de l'armée allemande, qui ne semble pas tirer les mêmes enseignements du conflit ukrainien que l'armée française.
DE (BONNES) NOUVELLES (ET DE MOINS BONNES) DE LA COALITION DU LEOPARD
On a appris cet après-midi que la Norvège allait fournir à l'Ukraine huit Leopard 2A4 ainsi qu'une contribution financière à la fourniture de pièces de rechange et de munitions pour les chars concernés. Les huit chars fournis par Oslo pourraient arriver en Ukraine à la fin du mois de mars, confirmant les engagements pris en janvier par le gouvernement norvégien. Cette concrétisation des engagements norvégiens intervient moins de deux semaines après l'annonce de la décision d'Oslo d'acquérir des Leopard 2A7, au nez et à la barbe du K2 pourtant donné vainqueur des évaluations menées l'hiver dernier. Le package norvégien comprend également quatre engins spécifiques qui pourraient être des poseurs de pont ou des des engins du génie, selon les besoins de l'Ukraine. En outre la Norvège devrait participer aux actions de formation des équipages ukrainiens actuellement en Pologne.
L'UKRAINE POUR LE CAESAR AVANT LE ROYAUME-UNI ?
Au moment où 19 Caesar danois sont en cours d'acheminement vers l'Ukraine, on en sait un peu plus sur le changement de posture danoise vis à vis du canon français et de son remplacement par l'Atmos 2000 d'Elbit Systems. Le Danemark aurait choisi le fabricant israélien en raison de sa capacité à livrer rapidement les 19 obusiers de 155mm ainsi que les huit lance-roquettes Puls, tandis que Nexter et Hanwha Systems étaient dans l'impossibilité de livrer dans les mêmes délais. Cet échec pourrait cependant servir les best-seller de Nexter, auquel les Britanniques s'intéressent dans le cadre du remplacement des AS90 donnés à l'Ukraine et sur lesquels les militaires ukrainiens ont débuté leur formation la semaine dernière. Bien qu'aucune date n'ait été communiqué, l’existence d'une ligne de production du Caesar pourrait offrir une solution temporaire aux artilleurs britanniques dans le cadre du programme Mobile Fires Platform.
dimanche 12 février 2023
LE RETOUR DES BLINDES EN EUROPE, UN MARCHE PROMETTEUR !
Alors que l'on croyait le continent européen définitivement abonné aux dividendes de la Paix, le conflit ukrainien qui a débuté il y a un peu moins d'un an a brutalement changé la donne et renversé quelques certitudes. Très largement commentés sur le plan militaire par de nombreux "experts" plus ou moins compétents, les bouleversements initiés par le début de l'opération spéciale russe le 24 février dernier n'ont pas épargné les politiques d'équipement de nombreux pays confrontés de près ou de loin à la guerre russo-ukrainienne. Entamés avant le début du conflit et affectant l'ensemble des matériels, ces bouleversements ont également des conséquences importantes dans le domaine des véhicules de combat blindé (chars et VCI) comme en attestent les chiffres ci-dessous, auxquels Blablachars a souhaité ajouter quelques commentaires.
UN PROGRAMME BRITANNIQUE QUI SE DEROULE COMME PREVU !
Alors que le programme Ajax ressemble chaque jour de plus en plus à un immense fiasco, l'autre projet majeur de modernisation intéressant l'armée britannique semble se dérouler conformément au calendrier prévu et dans l'enveloppe budgétaire allouée. L'approbation ces derniers jours par les services officiels de la Critical Design Review du programme Challenger 3 permet en effet à RBSL (Rheinmetall BAE Systems Land) de démarrer la production des prototypes de l'engin conformément au contrat de 800 millions de Livres signé en 2021. La date de livraison prévue des premiers Challenger 3 initialement fixée à 2027 pourrait être anticipée en raison du conflit en Ukraine, le nombre de 148 chars pourrait de on côté être revu à la hausse pour cette même raison mais aussi pour compenser le prélèvement de 14 Challenger 2 pour l'Ukraine. Le contrat qui prévoit l'adoption d'un blindage de nouvelle génération ne couvre cependant pas les travaux menés autour du système de protection active Trophy dont les différentes phases d'intégration ont permis de réaliser une démonstration concluante en novembre dernier. Les améliorations (canon 120mm lisse, nouvelles optiques, numérisation, motorisation améliorée et suspension hydrogas) apportées au Challenger 2 dans le cadre de ce programme permettent de voir que les chars cédés à l'Ukraine restent des engins très bien protégés mais dotés d'une puissance de feu et d'une mobilité assez limitées.
L'ABRAMS EN ROUTE VERS LA ROUMANIE !
Dans un entretien accordé en novembre 2021 à des analystes de défense, Phebe Novakovic CEO de General Dynamics évoquait l'existence d'un nombre accru de signaux de demandes en provenance de plusieurs pays, l'un des pays cités a confirmé son intérêt pour le char américain. La Roumanie aurait déjà signé une lettre d'intention pour l'achat de M1 dans une version qui n'a pas été précisée, tout comme le nombre d'exemplaires qui seraient l'objet de cette transaction. Il est intéressant de noter que ce contrat ne contiendrait aucune clause de transfert des chars roumains, l'armée roumaine devrait conserver ses TR-85M1 Bison dont la modernisation n'a pu menée à son terme, condamnant le char roumain à conserver une motorisation et un canon aujourd'hui dépassés. Il semble que le choix roumain en faveur du char américain ait été fait aux dépens du Leopard 2, dont l'acquisition a également été envisagée par la Roumanie. Il est probable que les chars américains choisis par la Roumanie seront financés et livrés dans le cadre du mécanisme des Foreign Military Sales (FMS), déjà utilisé pour des achats similaires.
LE TIGRE A COEUR OUVERT !
A l'heure où les félins allemands chenillés font l'actualité, c'est un autre félin appartenant au passé qui a été mis à l'honneur vendredi soir au Musée des Blindés de Saumur, à l'occasion du vernissage de l'exposition "Le Tigre à coeur ouvert". Cette exposition évolutive prévue durer deux ans accompagnera la restauration par les équipes du Musée du char Tigre récupéré par l'armée française en 1944. Cette exposition riche en découvertes dont l'évolution permettra de suivre les travaux menés sur le char constitue un prétexte supplémentaire pour visiter le 3ème musée blindé et (re)découvrir une collection fascinante permettant de comprendre l'évolution de cet engin. Indispensable pour qui veut comprendre le rôle du char sur les champs de bataille passés, actuels et futurs.
vendredi 10 février 2023
LYNX ET PANTHER EN UKRAINE, UN SIMPLE COUP DE COM ?
Le quotidien économique allemand Handelsblatt Business a annoncé dans son édition d'hier la tenue de négociations entre le gouvernement ukrainien et Rheinmetall. Les discussion en cours porteraient sur l'acquisition de chars KF-51 Panther et de Véhicules de Combat d'Infanterie KF-41 Lynx. La communication autour de la tenue de ces discussions est déjà une victoire pour le groupe allemand, dont les retombées pourraient être amplifiées par l'exportation d'un des deux engins. Un succès du KF-51 pourrait avoir de nombreuses conséquences pouvant remettre le programme MGCS en cause et impacteraient fortement l'évolution du Leclerc.
UN NOUVEAU VENU DANS LA COALITION DU LEOPARD
La décision allemande du 7 février d'autoriser la réexportation de chars Leopard 1 vers l'Ukraine devrait avoir des conséquences significatives en termes de quantité de chars fournis à l'Ukraine à défaut d'apporter à la coalition du Leopard un regain de modernité et de performances. Au delà de ces aspects, le déblocage des Leopards 1 stockés devrait donner lieu à véritable carrousel blindé (les Saumurois apprécieront) entre les industriels et les pays s'engageant dans leur nécessaire remise en condition sans oublier de nouvelles possibilités industrielles qui ne feraient qu'alourdir un système déjà complexe.
jeudi 9 février 2023
CAMPAGNE DE PROMOTION INDIENNE POUR LE LYNX
Selon des informations publiées hier, Rheinmetall ferait la promotion du Lynx auprès de l'armée indienne. Cette dernière est engagée depuis plusieurs années dans une modernisation de ses blindés, avec un focus particulier sur les capacités de combat en altitude. La démarche de Rheinmetall est probablement liée à la RFI (Request For Information) publiée au printemps 2021. La firme allemande fait la promotion d'une version avancée de son VCI qui pourrait être dotée d'un troisième équipier virtuel, utilisant les services d'une intelligence artificielle, qui pourrait être également piloter l'engin dans une configuration sans pilote. Cette promotion du Lynx serait accompagnée de proposition de transfert de technologie, qui associerait l'industrie de défense indienne à la fabrication de l'engin.
mardi 7 février 2023
LEOPARD DU CANADA
Le ministre de la Défense canadien a indiqué que le premier des quatre Leopard 2A4 promis par le Canada à l'Ukraine est arrivé hier en Pologne. Il a été acheminé par un avion cargo C-17 depuis la base canadienne d'Halifax vers un aérodrome polonais où il devrait être rejoint par les trois autres chars prévus ainsi que par les instructeurs canadiens chargés de la formation des futurs équipages ukrainiens. Les engins destinés à l'Ukraine font partie d'un lot de 80 chars acquis en 2009 auprès des Pays-Bas au moment où ceux-ci ont supprimé leur composante blindée. L'aérotransport de chars lourds ne constitue pas une première pour l'armée canadienne qui a déployé sept de ces engins en Afghanistan entre février 2007 et juillet 2011, date de l'arrêt de la mission de combat de l'armée canadienne dans le pays. Les images de cette opération permettent de rappeler à tous ceux qui l'auraient oublié, qu'un char lourd peut être aérotransporté dans un vecteur adapté !
QUELQUES INFOS EN PROVENANCE DES ETATS-UNIS
Les informations relayées ce jour par le Financial Times confirment que les chars Abrams promis à l'Ukraine par Washington seront construits par GDLS (General Dynamics Land Systems) dans son usine de Lima (Ohio). Les sources internes à l'entreprise indiquent que cette dernière pourrait fabriquer jusqu'à une douzaine de chars par mois. Selon ces mêmes sources GDLS attend désormais des éclaircissements décision de l'administration américaine sur le degré de priorité à accorder à la fabrication des chars destinés à l'Ukraine par rapport aux commandes en cours, notamment celle destinée à la Pologne. Ces informations confirment également que les Abrams promis à Kiev seront dépourvus de tout blindage spécifique et seront profondément dégradés et privés de toute protection évoluée. Washington n'a donné aucune date pour la livraison des chars, l'administration américaine restant encore hésitante sur la version définitive des engins susceptibles d'être exportés vers l'Ukraine. Ce délai sera probablement mis à profit pour débuter la formation des équipages ukrainiens, dont la durée exacte est encore indéfinie. Le stage dispensé par l'armée américaine pour former ses équipages d'Abrams est actuellement de 22 semaines, soit cinq mois et demi ! L'addition ou la superposition des différentes contraintes évoquées laisse penser que les 31 chars promis à l'Ukraine par l'administration Biden ne devraient pas fouler le sol ukrainien avant la fin de l'année à moins qu'ils ne soient jamais être déployés !
lundi 6 février 2023
UNE REDUCTION QUI INTERROGE !
Quelques jours après l'arrivée des premiers soldats ukrainiens au Royaume-Uni pour une formation sur Challenger 2, prévue durer six semaines, la perspective d'une probable offensive russe a motivé la Pologne à raccourcir la formation des équipages ukrainiens sur les Leopard 2 que le pays doit fournir à l'Ukraine dans le cadre de la coalition du Leopard. Cette activité d'une durée initiale de dix semaines a été réduite à cinq semaines grâce à une augmentation du nombre d'instructeurs, une optimisation des temps d'instruction incluant les week-end. Cette décision certainement fondée dur une réelle volonté de faire le maximum pour accélérer le déploiement des Leopard 2 polonais par l'armée ukrainienne pourrait cependant se révéler lourde de conséquences pour les militaires ukrainiens appelés à combattre à bord des engins. Diviser par deux le temps de formation d'équipages n'ayant aucune culture ni habitude des engins occidentaux est un pari risqué, même si ces recrues possèdent les prérequis nécessaires en matière de blindés. Cette supposition reste cependant soumise à caution, au vu des problèmes de recrutement rencontrés par l'armée ukrainienne, qui pourraient forcer cette dernière à confier les chars à du personnel récemment recruté et dépourvu de toute culture blindée. L'optimisation du temps d'instruction et la maximisation du nombre d'instructeurs doit également tenir compte des facultés d'assimilation des stagiaires, confrontés à des semaines "non stop" d'instruction, même si les phases théoriques alternent avec les phases pratiques et de mise en situation. La probable nécessité de traduction des cours dispensés augmentant également de façon importante la durée des sessions de formation, pouvant alors augmenter de 50% par rapport à un cours standard dispensé dans une langue commune aux formateurs et aux stagiaires. Avec cette décision, la Pologne donne l'impression de confondre vitesse et précipitation et pourrait finalement ne pas rendre service aux néo-tankistes ukrainiens appelés à affronter des équipages peut-être plus aguerris et certainement plus familiers de leurs engins. Pour tous ceux qui n'en seraient pas encore convaincus, il est capital de rappeler qu'au-delà de la technique, deux facteurs demeurent essentiels au succès du char que sont l'existence d'un environnement interarmes et le niveau de son équipage. Il n'est pas certain que la décision polonaise aille dans le sens de la seconde exigence !
UN ENIEME EPISODE DANS LA SAGA DE L'AJAX !
Le Major General Carew Wilks en charge du programme Ajax au sein de GDLS, a démissionné de ses fonctions au sein de ce qui a été qualifié "de plus grand scandale" dans les marchés publics de défense britanniques. Après une carrière dans le domaine des achats de véhicules blindés et de chars pour l'armée britannique, l'ex officier général avait été nommé en 2018 directeur général de l'activité "Land Systems" au sein de la filiale britannique de General Dynamics Land Systems. C'est dans le cadre de cette fonction qu'il supervisait le contrat d'une valeur de 5,5 milliards de Livres Sterling destinés à fournir 589 véhicules blindés Ajax. L'armée britannique n'a reçu à ce jour que 26 exemplaires de l'engin qui ne peuvent être utilisés qu'à des fins de formation. Parallèlement à la déclaration de l’ancien Secrétaire d’État à la Défense, Mark Francois qualifiant le projet Ajax de "plus grand scandale", la commission des finances a indiqué que le programme devrait être corrigé ou abandonné après "une litanie d'échecs". Cette démission n'est que le énième épisode d'une triste saga dans laquelle apparaissent de nombreux intervenants, civils et militaires agissant au sein d'un contrat majeur en termes de montant et d'enjeux. Dès 2021, la firme américaine imputait les retards importants du programme à des problèmes techniques soulevés par le Ministère de la Défense britannique mentionnant "en particulier les consignes de sécurité émises par le client en 2021 [qui] ont freiné les progrès dans de nombreux domaines" Le Général Wilks était considéré comme un lien clé entre l'entreprise et l'armée britannique, invitant il y a deux mois les membres du comité restreint de la Défense de la Chambre des Communes à reconnaître les "forts progrès" de l'entreprise sur le programme et à visiter l'usine de Merthyr Tydfil. GDLS n'a pas réagi à la démission du Général Wilks, ce dernier n'a fait aucun commentaire sur sa décision, faisant une pause dans sa carrière au cours de laquelle il a été Directeur de l'équipement terrestre au sein du Ministère de la Défense britannique de 2011 à 2013 avant d'effectuer un passage chez BAE Systems et Nimr et de rejoindre la firme américaine en 2018. En mai 2021, le Général Wilks avait répondu aux questions de la Commission de Défense du Parlement britannique sur le déroulement du programme Ajax. Cette démission aussi brutale qu'inexpliquée est le énième épisode d'une saga aux enjeux financiers et opérationnels majeurs dans laquelle apparaissent de nombreux interlocuteurs et entités dont les actions n'ont pas permis d'apporter des solutions concrètes aux problèmes rencontrés. Les avatars du programme Ajax pourraient obliger l'armée britannique à reconsidérer ses choix et à trouver un remplaçant à cet engin.
PAS DE LEOPARD 2 GRECS DANS LA COALITION DU LEOPARD
Comme on pouvait s'y attendre la Grèce a exprimé ces derniers jours, par la voix de son premier Ministre son souhait de ne pas fournir de chars à la "coalition du Leopard" en cours de constitution. Pour justifier sa décision, Kyriakos Mitsotakis a indiqué que son pays avait déjà fourni de l'aide militaire à l'Ukraine y compris de véhicules blindés transport de troupes et que les chars Leopard 2 étaient indispensables à la posture de défense grecque. Il a réaffirmé la volonté d'Athènes de soutenir l'Ukraine qui ne doit cependant pas se faire aux dépens des capacités de défense du pays. Concernant les tensions persistantes avec la Turquie, Kyriakos Mitsotakis a indiqué qu'elles étaient liées aux élections présidentielles et législatives devant se tenir en Turquie au printemps, avant d'ajouter qu'il ne craignait pas un possible conflit. En dépit de cette sérénité, la Grèce préfère conserver ses chars, privant la coalition du Leopard des ressources du plus important utilisateur du char allemand en Europe.
FEUILLE DE ROUTE POLONO-COREENNE
LU DANS LE DERNIER NUMERO DE RAIDS
Le numéro 439 du magazine Raids actuellement en kiosque contient un article particulièrement attrayant pour tous ceux qui s'intéressent à l'actualité des blindés. Intitulé "Prenons soin de nos chars" ce plaidoyer signé Marc Chassillan souligne l'importance de l'entretien (trop longtemps négligé par une fraction de nos décideurs civils et militaires) de notre composante blindée mais aussi son indispensable revalorisation, pour permettre au Leclerc de demeurer réellement opérationnel jusqu'à l'arrivée du MGCS. Cette opération de "recapitalisation" permettrait selon Marc Chassillan d'envisager le développement de deux versions du char, dont l'une baptisée par l'auteur "escorteur de l'avant" dédiée à la lutte antidrone et au tir au-delà de la vue directe. Basé sur un châssis de Leclerc et partageant de nombreux composants avec ce dernier, cet "escorteur de l'avant" pourrait cependant être remplacé par un engin plus conventionnel. L'augmentation du calibre de l'armement principal des VCI actuels et futurs (57mm côté russe et 50mm pour le remplaçant du Bradley), le développement de munitions Air Burst plus performantes et l'intégration de missiles antichars sur de nombreuses tourelles permettrait à un VCI existant de remplir dès maintenant cette mission d'escorte des blindés. En outre, le compartiment fantassins d'un VCI permettrait d'emporter une charge utile importante, qui pourrait être constituée de drones, terrestres et aériens, de munitions rôdeuses ou encore de moyens de recueil du renseignement. La plume experte de Marc Chassillan pose une fois encore des questions auxquelles l'armée de terre ne peut plus faire l'économie de répondre pour des prétextes "philosophiques" ou budgétaires. A lire donc sans modération !
LES LEOPARDS DE LA PENINSULE ! MIS A JOUR !
Contrairement a ce qui avait été annoncé par les ministres de la Défense et des Affaires Étrangères, le Portugal ne fournira pas de chars à l'Ukraine. La décision a été prise par le Premier Ministre Antonio Costa pour des raisons encore inexpliquées, qui a indiqué que son pays restait néanmoins disposé à former des militaires ukrainiens sur le char. Le refus d'Antonio Costa pourrait être motivé une volonté de ne pas s'opposer encore plus à Moscou mais aussi par le coût prévisible de l'opération. Au-delà de ces hypothèses, l'état des 37 Leopards portugais pourrait également être à l'origine de la décision portugaise, aucun de ces chars n'étant opérationnels faute de pièces de rechange et de tout stock de munitions réelles dont le coût de fabrication pourrait s'avérer très important en raison du nombre d'obus devant être fournis pour soutenir les opérations de l'armée ukrainiennes. La situation ne semble guère plus brillante de la frontière, le quotidien madrilène El Pais citant des sources gouvernementales, affirme que l'Espagne envoie des "déchets" à l'Ukraine. Ces chars sont qualifiés de "poubelles" par certains militaires espagnols en raison de leur état et de leur ancienneté, qui les rendraient inaptes à tout emploi opérationnel. Les chars espagnols évoqués par le quotidien seraient d'une génération antérieure à ceux acquis par le Portugal en 2007 auprès des Pays-Bas.
Après quelques jours de confusion, le Premier Ministre portugais a confirmé le probable transfert de Leopard 2 portugais vers l'Ukraine. C'est depuis la République Centrafricaine où il visitait la mission portugaise déployée dans le pays qu'Antonio Costa a annoncé cette décision. IL a précisé que ce transfert ne remettait pas en question les capacités militaires portugaises et que son pays travaillait à la recherche d'une solution logistique pour la fourniture des pièces de rechange nécessaires à la remise en condition des chars portugais. Le Premier Ministre portugais a également évoqué la fin du mois de mars comme date probable de l'arrivée des chars Leopard 2 en Ukraine. Cette déclaration met à fin à une confusion alimentée par les précédents propos du Premier Ministre portugais qui avaient démenti les annonces faites par le ministre de la Défense et celui des Affaires Étrangères. Merci au lecteur attentif de m'avoir signalé cette évolution dans la coalition du Leopard.
vendredi 3 février 2023
LE CV 90 ENTRE NOUVELLE VERSION ET INTERET TRANSALPLIN
Dans une allocution prononcée à IAV (International Armoured Vehicles) le Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre suédoise a déclaré que les forces armées suédoises espéraient adopter la nouvelle génération de CV90 en un temps record, en raison des développements du conflit en Ukraine. Le Général Engelbrektson a indiqué que l'armée suédoise soutenait le développement d'une version améliorée du CV90. Ce qui devrait se dérouler entre 2023 et 2027 pourrait être suivi de l'achat d'un nombre inconnu de plusieurs variantes de CV90 NG (Next Gen) d'ici 2034 et au-delà. La Suède est aujourd'hui le plus gros opérateur de CV90 avec plus de 500 exemplaires en service déclinés en différentes versions, complétées par les engins commandés en fin d'année dernière. Cette future version du CV90 pourrait également servir de base au développement du futur AICS (Armoured Infantry Combat Vehicle), prévu pour remplacer le VCC80 Dardo au sein de l'armée italienne. Ce dossier a peut être été évoqué aujourd’hui à Stockholm ou la cheffe du gouvernement italien est en visite officielle.
VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE LEOPARD ?
Après plusieurs mois de débats internes, le gouvernement norvégien a rendu public son choix pour le remplacement de ses Leopard A4NO. Au cours d'une conférence de presse qui s'est tenue aujourd'hui, le Premier ministre accompagné des ministres de la Défense et des Finances ont annoncé le choix du Leopard 2A7. Cette décision gouvernementale n'a pas été formellement approuvée par le CEMA, qui s'est cependant déclaré satisfait du nombre de chars devant être commandés. La Norvège devrait commander 54 chars avec une option pour 18 autres exemplaires. Cette seconde tranche conditionnelle pourrait ne pas être confirmée afin de dégager des financements pour l'acquisition de systèmes d'artillerie à longue portée, des moyens de défense sol-air, ainsi que des drones. La décision des autorités norvégiennes met en exergue les possibilités de coopération avec l'Allemagne tout en insistant sur la nécessité d'obtenir ces engins le plus rapidement possible. L'ensemble de la sphère politico-militaire s'est déclarée satisfaite de voir confirmée la décision d'acquisition de chars, le choix du Leopard recueillant également l'assentiment général. Même si le transfert à l'Ukraine de chars Leopard 2A4 annoncé la semaine dernière par le ministre de la Défense n'a pas été formellement évoqué au cours de la conférence de presse de ce jour, la décision pourrait être une des conséquences de la bataille économique autour de la "coalition du Leopard".