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vendredi 10 février 2023

LYNX ET PANTHER EN UKRAINE, UN SIMPLE COUP DE COM ?

Le quotidien économique allemand Handelsblatt Business a annoncé dans son édition d'hier la tenue de négociations entre le gouvernement ukrainien et Rheinmetall. Les discussion en cours porteraient sur l'acquisition de chars KF-51 Panther et de Véhicules de Combat d'Infanterie KF-41 Lynx. La communication autour de la tenue de ces discussions est déjà une victoire pour le groupe allemand, dont les retombées pourraient être amplifiées par l'exportation d'un des deux engins. Un succès du KF-51 pourrait avoir de nombreuses conséquences pouvant remettre le programme MGCS en cause et impacteraient fortement l'évolution du Leclerc. 

UN NOUVEAU VENU DANS LA COALITION DU LEOPARD

La décision allemande du 7 février d'autoriser la réexportation de chars Leopard 1 vers l'Ukraine devrait avoir des conséquences significatives en termes de quantité de chars fournis à l'Ukraine à défaut d'apporter à la coalition du Leopard un regain de modernité et de performances. Au delà de ces aspects, le déblocage des Leopards 1 stockés devrait donner lieu à véritable carrousel blindé (les Saumurois apprécieront) entre les industriels et les pays s'engageant dans leur nécessaire remise en condition sans oublier de nouvelles possibilités industrielles qui ne feraient qu'alourdir un système déjà complexe.

jeudi 9 février 2023

CAMPAGNE DE PROMOTION INDIENNE POUR LE LYNX

Selon des informations publiées hier, Rheinmetall ferait la promotion du Lynx auprès de l'armée indienne. Cette dernière est engagée depuis plusieurs années dans une modernisation de ses blindés, avec un focus particulier sur les capacités de combat en altitude. La démarche de Rheinmetall est probablement liée à la RFI (Request For Information) publiée au printemps 2021. La firme allemande fait la promotion d'une version avancée de son VCI qui pourrait être dotée d'un troisième équipier virtuel, utilisant les services d'une intelligence artificielle, qui pourrait être également piloter l'engin dans une configuration sans pilote. Cette promotion du Lynx serait accompagnée de proposition de transfert de technologie, qui associerait l'industrie de défense indienne à la fabrication de l'engin.

mardi 7 février 2023

LEOPARD DU CANADA

Le ministre de la Défense canadien a indiqué que le premier des quatre Leopard 2A4 promis par le Canada à l'Ukraine est arrivé hier en Pologne. Il a été acheminé par un avion cargo C-17 depuis la base canadienne d'Halifax vers un aérodrome polonais où il devrait être rejoint par les trois autres chars prévus ainsi que par les instructeurs canadiens chargés de la formation des futurs équipages ukrainiens. Les engins destinés à l'Ukraine font partie d'un lot de 80 chars acquis en 2009 auprès des Pays-Bas au moment où ceux-ci ont supprimé leur composante blindée. L'aérotransport de chars lourds ne constitue pas une première pour l'armée canadienne qui a déployé sept de ces engins en Afghanistan entre février 2007 et juillet 2011, date de l'arrêt de la mission de combat de l'armée canadienne dans le pays. Les images de cette opération permettent de rappeler à tous ceux qui l'auraient oublié, qu'un char lourd peut être aérotransporté dans un vecteur adapté ! 

QUELQUES INFOS EN PROVENANCE DES ETATS-UNIS

Les informations relayées ce jour par le Financial Times confirment que les chars Abrams promis à l'Ukraine par Washington seront construits par GDLS (General Dynamics Land Systems) dans son usine de Lima (Ohio). Les sources internes à l'entreprise indiquent que cette dernière pourrait fabriquer jusqu'à une douzaine de chars par mois. Selon ces mêmes sources GDLS attend désormais des éclaircissements  décision de l'administration américaine sur le degré de priorité à accorder à la fabrication des chars destinés à l'Ukraine par rapport aux commandes en cours, notamment celle destinée à la Pologne. Ces informations confirment également que les Abrams promis à Kiev seront dépourvus de tout blindage spécifique et seront profondément dégradés et privés de toute protection évoluée. Washington n'a donné aucune date pour la livraison des chars, l'administration américaine restant encore hésitante sur la version définitive des engins susceptibles d'être exportés vers l'Ukraine. Ce délai sera probablement mis à profit pour débuter la formation des équipages ukrainiens, dont la durée exacte est encore indéfinie. Le stage dispensé par l'armée américaine pour former ses équipages d'Abrams est actuellement de 22 semaines, soit cinq mois et demi ! L'addition ou la superposition des différentes contraintes évoquées laisse penser que les 31 chars promis à l'Ukraine par l'administration Biden ne devraient pas fouler le sol ukrainien avant la fin de l'année à moins qu'ils ne soient jamais être déployés !

lundi 6 février 2023

UNE REDUCTION QUI INTERROGE !

Quelques jours après l'arrivée des premiers soldats ukrainiens au Royaume-Uni pour une formation sur Challenger 2, prévue durer six semaines, la perspective d'une probable offensive russe a motivé la Pologne à raccourcir la formation des équipages ukrainiens sur les Leopard 2 que le pays doit fournir à l'Ukraine dans le cadre de la coalition du Leopard. Cette activité d'une durée initiale de dix semaines a été réduite à cinq semaines grâce à une augmentation du nombre d'instructeurs, une optimisation des temps d'instruction incluant les week-end. Cette décision certainement fondée dur une réelle volonté de faire le maximum pour accélérer le déploiement des Leopard 2 polonais par l'armée ukrainienne pourrait cependant se révéler lourde de conséquences pour les militaires ukrainiens appelés à combattre à bord des engins. Diviser par deux le temps de formation d'équipages n'ayant aucune culture ni habitude des engins occidentaux est un pari risqué, même si ces recrues possèdent les prérequis nécessaires en matière de blindés. Cette supposition reste cependant soumise à caution, au vu des problèmes de recrutement rencontrés par l'armée ukrainienne, qui pourraient forcer cette dernière à confier les chars à du personnel récemment recruté et dépourvu de toute culture blindée. L'optimisation du temps d'instruction et la maximisation du nombre d'instructeurs doit également tenir compte des facultés d'assimilation des stagiaires, confrontés à des semaines "non stop" d'instruction, même si les phases théoriques alternent avec les phases pratiques et de mise en situation. La probable nécessité de traduction des cours dispensés augmentant également de façon importante la durée des sessions de formation, pouvant alors augmenter de 50% par rapport à un cours standard dispensé dans une langue commune aux formateurs et aux stagiaires. Avec cette décision, la Pologne donne l'impression de confondre vitesse et précipitation et pourrait finalement ne pas rendre service aux néo-tankistes ukrainiens appelés à affronter des équipages peut-être plus aguerris et certainement plus familiers de leurs engins. Pour tous ceux qui n'en seraient pas encore convaincus, il est capital de rappeler qu'au-delà de la technique, deux facteurs demeurent essentiels au succès du char que sont l'existence d'un environnement interarmes et le niveau de son équipage. Il n'est pas certain que la décision polonaise aille dans le sens de la seconde exigence !

UN ENIEME EPISODE DANS LA SAGA DE L'AJAX !

Le Major General Carew Wilks en charge du programme Ajax au sein de GDLS, a démissionné de ses fonctions au sein de ce qui a été qualifié "de plus grand scandale" dans les marchés publics de défense britanniques. Après une carrière dans le domaine des achats de véhicules blindés et de chars pour l'armée britannique, l'ex officier général avait été nommé en 2018 directeur général de l'activité "Land Systems" au sein de la filiale britannique de General Dynamics Land Systems. C'est dans le cadre de cette fonction qu'il supervisait le contrat d'une valeur de 5,5 milliards de Livres Sterling destinés à fournir 589 véhicules blindés Ajax. L'armée britannique n'a reçu à ce jour que 26 exemplaires de l'engin qui ne peuvent être utilisés qu'à des fins de formation.  Parallèlement à la déclaration de l’ancien Secrétaire d’État à la Défense, Mark Francois qualifiant le projet Ajax de "plus grand scandale", la commission des finances a indiqué que le programme devrait être corrigé ou abandonné après "une litanie d'échecs". Cette démission n'est que le énième épisode d'une triste saga dans laquelle apparaissent de nombreux intervenants, civils et militaires agissant au sein d'un contrat majeur en termes de montant et d'enjeux. Dès 2021, la firme américaine imputait les retards importants du programme à des problèmes techniques soulevés par le Ministère de la Défense britannique mentionnant "en particulier les consignes de sécurité émises par le client en 2021 [qui] ont freiné les progrès dans de nombreux domaines"  Le Général Wilks était considéré comme un lien clé entre l'entreprise et l'armée britannique, invitant il y a deux mois les membres du comité restreint de la Défense de la Chambre des Communes à reconnaître les "forts progrès" de l'entreprise sur le programme et à visiter l'usine de Merthyr Tydfil. GDLS n'a pas réagi à la démission du Général Wilks, ce dernier n'a fait aucun commentaire sur sa décision, faisant une pause dans sa carrière au cours de laquelle il a été Directeur de l'équipement terrestre au sein du Ministère de la Défense britannique de 2011 à 2013 avant d'effectuer un passage chez BAE Systems et Nimr et de rejoindre la firme américaine en 2018. En mai 2021, le Général Wilks avait répondu aux questions de la Commission de Défense du Parlement britannique sur le déroulement du programme Ajax. Cette démission aussi brutale qu'inexpliquée est le énième épisode d'une saga aux enjeux financiers et opérationnels majeurs  dans laquelle apparaissent de nombreux interlocuteurs et entités dont les actions n'ont pas permis d'apporter des solutions concrètes aux problèmes rencontrés. Les avatars du programme Ajax pourraient obliger l'armée britannique à reconsidérer ses choix et à trouver un remplaçant à cet engin.