
Quelques jours après l'arrivée des premiers soldats ukrainiens au Royaume-Uni pour une formation sur Challenger 2, prévue durer six semaines, la perspective d'une probable offensive russe a motivé la Pologne à raccourcir la formation des équipages ukrainiens sur les Leopard 2 que le pays doit fournir à l'Ukraine dans le cadre de la coalition du Leopard. Cette activité d'une durée initiale de dix semaines a été réduite à cinq semaines grâce à une augmentation du nombre d'instructeurs, une optimisation des temps d'instruction incluant les week-end. Cette décision certainement fondée dur une réelle volonté de faire le maximum pour accélérer le déploiement des Leopard 2 polonais par l'armée ukrainienne pourrait cependant se révéler lourde de conséquences pour les militaires ukrainiens appelés à combattre à bord des engins. Diviser par deux le temps de formation d'équipages n'ayant aucune culture ni habitude des engins occidentaux est un pari risqué, même si ces recrues possèdent les prérequis nécessaires en matière de blindés. Cette supposition reste cependant soumise à caution, au vu des problèmes de recrutement rencontrés par l'armée ukrainienne, qui pourraient forcer cette dernière à confier les chars à du personnel récemment recruté et dépourvu de toute culture blindée. L'optimisation du temps d'instruction et la maximisation du nombre d'instructeurs doit également tenir compte des facultés d'assimilation des stagiaires, confrontés à des semaines "non stop" d'instruction, même si les phases théoriques alternent avec les phases pratiques et de mise en situation. La probable nécessité de traduction des cours dispensés augmentant également de façon importante la durée des sessions de formation, pouvant alors augmenter de 50% par rapport à un cours standard dispensé dans une langue commune aux formateurs et aux stagiaires. Avec cette décision, la Pologne donne l'impression de confondre vitesse et précipitation et pourrait finalement ne pas rendre service aux néo-tankistes ukrainiens appelés à affronter des équipages peut-être plus aguerris et certainement plus familiers de leurs engins. Pour tous ceux qui n'en seraient pas encore convaincus, il est capital de rappeler qu'au-delà de la technique, deux facteurs demeurent essentiels au succès du char que sont l'existence d'un environnement interarmes et le niveau de son équipage. Il n'est pas certain que la décision polonaise aille dans le sens de la seconde exigence !