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mercredi 16 avril 2025

SERAIENT ILS MORTS POUR RIEN ?

Il y a 108 ans les premiers tankistes français s'élançaient dans la grisaille humide de Berry au Bac pour ce qui allait devenir le premier engagement de chars d'assaut de l'armée française. Parmi ces hommes convaincus de la puissance de leur machine et animés d'une foi profonde, beaucoup payèrent de leur vie leur participation à cette première tentative de combat blindé à l'instar du Commandant Bossut mortellement atteint durant l'offensive. Se souvenir du 16 avril 1917 est pour les tankistes français l'occasion de se rappeler ce que nous devons à ces hommes qui ont écrit avec leur sang la première page de la longue histoire des chars français, engagés dans tous les conflits depuis plus d'un siècle. Pourtant, cette histoire pourrait s'arrêter dans les prochaines années avec l'acquisition ou peut-être la production en France d'un char étranger, en l’occurrence le Leopard 2. Au-delà de son aspect politique, une telle décision serait aussi un triste pied de nez à l'histoire si on rappelle du peu d'intérêt porté par les Allemands pour ces curieux engins lors de leur apparition dans les armées alliées, il faudra d'ailleurs attendre la fin du conflit pour voir arriver le premier engin allemand, le A7V. Au-delà de la symbolique, cette perspective ne manque pas d'interroger sur la place du char dans l'esprit des décideurs français alors qu'il reste le seul engin capable d'appliquer par la manoeuvre, des feux directs sur l'ennemi. On peut aussi se demander quelle serait la plus value économique de relancer la production d'un char étranger sur notre sol au lieu de privilégier la production d'un char national ? Toutes ces questions doivent être posées à tous ceux qui sont tombés sous le charme du best-seller allemand. Ils ne doivent pas oublier que coopération ne signifie pas renoncement, que plus d'un siècle d'histoire ne s'efface d'un trait de plume et que le génie industriel français nous a donné des chars uniques comme le FT, le B1Bis, l'AMX 13, l'AMX 30 et plus récemment le Leclerc ! 

Puisse le sacrifice du Commandant Bossut et des gars de l'Artillerie Spéciale nous le rappeler en ce 16 avril 2025. 

 

lundi 14 avril 2025

LE VBM 30NG SE DEVOILE

Les 76 VBM Freccia commandés en janvier dernier pour l'armée italienne au consortium CIO (Consorzio Iveco-Oto Melara) seront certainement au standard VBM 30NG sur lequel le fabricant a livré aujourd'hui quelques informations. L'engin doit équiper les brigades médianes Pinerolo et Aoste au sein desquelles il doit remplacer les engins de première génération. L'engin qui fut déployé en 2010 en Afghanistan s'apprête à subir une refonte totale qui doit en faire un véhicule totalement nouveau aux capacités accrues dans les domaines de la mobilité, de la protection et de la puissance de feu. 

RENFORCEMENT TURC EN SYRIE

Plusieurs vidéos diffusées sur des réseaux sociaux permettent de voir des équipements militaires turcs en cours de transfert vers la Syrie. Le déploiement qui aurait débuté depuis quelques heures semble accréditer l'idée d'un renforcement significatif du dispositif militaire turc dans le sud de la Syrie. Ces mouvements pourraient être le prélude à une confrontation avec l'armée israélienne, qui après avoir réalisé des incursion terrestres, mène des frappes aériennes sur des objectifs particuliers comme la base militaire de Hama ou encore le centre de recherche scientifique de Barzah. Les négociations entre Ankara et Tel-Aviv menées en Azerbaïdjan n'ont débouché sur aucun accord, Israel ayant annoncé que l'établissement d'une base militaire turque en Syrie constituait une "ligne rouge." le renforcement turc augmente le risque d'une confrontation directe entre Israel et la Turquie, menaçant la stabilité déjà précaire de la région. Parmi les équipements visibles sur les images figurent plusieurs pièces d'artillerie (probablement des obusiers de 155mm Firtina) ainsi que des blindés non identifiés. 

NOUVEAU SUCCES ISRAELIEN EN EUROPE

La firme israélienne Elbit Systems a annoncé la semaine dernière la signature d'un contrat d'une valeur de 130 millions de dollars avec un client européen, dont l'identité n'a pas été communiquée. Ce nouveau succès israélien sur notre continent prévoit la fourniture de systèmes PULS (Precise and Universal Launching System) et de munitions dont des projectiles d'entrainement, des roquettes ACCULAR d'une portée de 40km, des roquettes EXTRA d'une portée de 150 km ainsi que des munitions Predator Hawk dont la portée maximum est de 300 km. Les systèmes commandés dont on ne connait pas le nombre doivent être livrés dans les trois prochaines années.  Le PULS a déjà été commandé par plusieurs pays européens dont l'Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark et l'Espagne.

dimanche 13 avril 2025

UN RAPPORT QUI INTERPELLE

Une récente publication sur un réseau social a mis en lumière plusieurs points d'un rapport concernant le comportement des matériels allemands en Ukraine. Ce document rédigé par l'attaché de défense adjoint allemand en poste à kiev, qui devait rester confidentiel a cependant été obtenu par plusieurs médias après sa présentation au sein de l’École de formation des sous-officiers de la Bundeswehr. L'examen détaillé des performances de certains matériels emblématiques de la production allemande permet de constater certaines évidences qu'il est nécessaire de souligner au moment où les états-majors réfléchissent à leurs futures doctrines et à la nature de leurs prochains équipements. Le rapport qui s'appuie sur des observations en provenance du terrain souligne les écarts constatés entre les performances attendues de certains des équipements fournis et leur comportement constaté en situation. Au-delà de l'évocation de matériels particuliers, le document évoque deux points majeurs négligés par de nombreux "experts."

NE PAS CONFONDRE VITESSE ET PRECIPITATION !

La faiblesse de notre composante blindée mécanisée, délaissée pendant de longues années au profit d'une doctrine favorisant la projection et la mobilité stratégique, est devenue criante depuis le début du conflit en Ukraine. Outre sa violence et sa complexité, cette guerre a montré l'inadaptation de notre modèle d'armée à un conflit de haute intensité dans un environnement complexe. Face à cette situation, une petite musique a commencé à se faire entendre dans les "milieux autorisés" qui consisterait à nous procurer séance tenante auprès de notre partenaire allemand les chars qui manquent à notre armée, à savoir des Leopard 2A8. Cette petite musique est reprise en chœur par des experts autoproclamés de la chose blindée, comme on a pu l'entendre dans un épisode du podcast le Collimateur consacré à l'équipement de nos armées en fonction de différents scénarios budgétaires. 

DES PETITES CHENILLES TRES UTILES

Contrairement à ce qu'indique le compte officiel des Forces françaises en Estonie (@FrForcesEstonia) ce n'est pas la première fois que les unités françaises ont recours au Véhicule Haute Mobilité (VHM) pour mener leurs activités opérationnelles dans ce pays. Déjà en 2022, le SGTIA (Sous Groupement Tactique Inter Armes) Lynx armé par le 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins avait emmené avec lui des VHM qui furent acheminés par train jusqu'au camp militaire de Tapa en Estonie. Le recours à des véhicules chenillés est une vieille tradition de l'armée de terre, quand ses unités sont confrontées aux réalités du terrain, quelque peu différentes des paysages jusque là privilégiés. Pourtant sous ces latitudes plus méridionales, les chenilles se révèlent également fort utiles au moment de la saison des pluies comme en témoigne la projection en 2019 toujours aux mains des Alpins, ici du 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins de VHM dans l'opération Barkhane. Sans parler des nombreux dépannages "sauvages" réalisés dans la même opération par les Lance Roquettes Unitaire du 1er Régiment d'Artillerie. Bref, au moment où le Serval commence à poser ses roues dans les unités légères, on peut s'interroger sur la mobilité de ce nouvel engin de 15 à 17 tonnes, mû par u moteur (américain) de 375 ch. Ce nouveau déploiement de VHM suffit à lui seul à rappeler que les qualités de mobilité d'un engin chenillé sont largement supérieures à celles d'un engin à roues, et qu'en plus le VHM (dont le poids maximum peut atteindre 17 tonnes ) doit pouvoir embarquer à bord d'un A400M ! Il serait peut-être temps de tourner le dos à des décennies de mépris pour la chenille et au moins reconnaitre son utilité en termes de mobilité et au final d'efficacité opérationnelle.