PROPOSITION BELGE POUR CHARS GRECS

La dernière édition du Salon DEFEA qui s'est tenue au début du mois a permis à la firme belge John Cockerill Defense de présenter ses propositions de modernisation des Leopard 1A5 en service dans l'armée grecque. Si la tourelle 3105 reste au centre de cette opération, le fabricant liégeois a également envisagé la modernisation du châssis d'origine en collaboration avec la firme américaine American Tecmotiv. L'objectif de cette coopération est de ramener le poids total de l'engin aux alentours de 40 tonnes et d'optimiser son maintien en condition. Ainsi, ce dernier devrait être équipé de chenilles composites ou CRT Composite Rubber Tracks, permettant d'envisager une réduction de 13 db du niveau sonore, de la consommation de carburant de 30%, et de 80% des couts d'entretien et d'exploitation. L'installation de la tourelle 3105 sur un démonstrateur a permis de valider la pertinence du montage et de mesurer l'augmentation des performances du canon de 105 belge par rapport à celles de l'armement d'origine du même calibre. La tourelle 3105 permet en outre d'envisager l'exécution de tirs indirects d'opportunité grâce à une élévation maximale de +32° en site. Cette nouvelle version de la tourelle belge affiche un poids réduit de 2,1 tonnes avec une protection de niveau 5 (Stanag 4569) et de 4,1 tonnes avec une protection de niveau 4. Enfin le Leopard 1A5 version 2.0 pourrait dans l'avenir piloter des drones terrestres agissant selon le concept de Lethal Wigman Killer pour accomplir des missions dédiées. Pour la protection du char, le fabricant belge évoque un bouclier de type "réseau" adaptatif efficace contre les missiles antichars, spécialement développé pour ce projet. La tourelle 3105 qui sert déjà de base à celle équipant le Zorawar indien, pourrait également séduire des armées intéressées par une modernisation à couts maitrisés du char allemand. Parmi ces forces, l'armée ukrainienne qui a déjà reçu de nombreux Leopard 1A5, pourrait aussi se montrer désireuse de moderniser ses engins avec la tourelle belge. L'avenir de la tourelle 3105 pourrait s'inscrire dans son aptitude à moderniser les flottes de chars anciens encore en service dans de nombreuses armées.

LES CAESAR PRODUITS EN 2025 POUR L'UKRAINE

Aux 154 canons Caesar déjà livrés à l'Ukraine depuis le début du conflit par la France, la Belgique et le Danemark devraient s'ajouter la totalité des pièces devant être produites cette année en France. Le Président de la République a annoncé les canons produits dans le cadre du triplement de la production seront tous livrés à Kiev, sans préciser la quantité exacte de systèmes concernés par cette décision. Selon les chiffres annoncés en 2023 par KNDS, la production serait actuellement de huit pièces par mois, ce qui représenterait un total annuel de 96 canons. L'armée ukrainienne qui aurait perdu neuf pièces sur les 154 livrées posséderait donc avec ces nouvelles livraisons un total 241 canons Caesar. La France qui en détenait 76 exemplaires avant le déclenchement du conflit en avait déjà donné 30 à l'Ukraine. En janvier 2024, le ministère des Armées a annoncé avoir commandé 109 canons Caesar Mark II dont la première livraison devrait avoir lieu "à l'horizon 2026." On ignore l'impact exact de la décision présidentielle sur la commande française et la remontée en puissance de l'artillerie française. 

VICTOIRE DE RENAULT TRUCKS EN ESPAGNE

L'armée espagnole a attribué à Renault Trucks un contrat de 191 millions d'euros pour la fourniture de 293 camions logistiques. Les véhicules retenus doivent être livrés dans les quatre prochaines années dans différentes versions, selon la répartition suivante : 240 camions logistiques, 32 camions bennes et 21 camions avitailleurs d'aéronefs. Le contrat signé prévoit également la fourniture de pièces de rechange, le soutien logistique ainsi que des lots d'arrimage. Renault Trucks qui appartient au groupe suédois AB Volvo a devancé Iveco ainsi que la firme allemande MAN. L'appel d'offres initial d'une valeur de 203,8 millions pourrait permettre à l'armée espagnole d'acquérir des camions supplémentaires par le biais d'une nouvelle commande. Les différentes versions seront basées sur un châssis commun 8x4, propulsés par un moteur d'une puissance minimum de 448 cv avec une masse technique maximale admissible de 20,5 tonnes et une capacité de remorquage de 20 tonnes. La commande espagnole met en lumière l'absence de tout constructeur de poids lourds 100% français en dépit de l'implantation d'usines de plusieurs groupes en France à l'instar de Scania (qui appartient à TRATON filiale du groupe Volkswagen regroupant les marques Scania, MAN, Volkswagen Trucks & Bus, IC bus et Neoplan). 

RETOUR SUR UN ABANDON !

La récente annulation du programme du M10 Booker annoncée il y a quelques jours par le Département de la Défense a été abondamment commentée. Si cette décision qui aurait pu figurer dans un des épisodes de la série Pentagon War, prive l'armée américaine d'un engin qui devait combler le vide capacitaire en matière d'appui feu direct des IBCTs (Infantry Brigade Combat Teams). Quinze jours après cette annonce, Blablachars vous livre quelques commentaires sur cette décision dont les conséquences ont importantes pour l'armée américaine et GDLS (General Dynamics Land Systems) en charge de son développement et de sa production. L'annulation du programme M10 Booker n'est pas due au hasard mais résulte d'un enchainement de facteurs qui ont conduit de façon inexorable à l'arrêt du programme, le 2 mai. 

ALLIANCE A QUATRE POUR UN 6X6

Quatre ans après un investissement de 15 millions d'euros en Espagne qui visait à renforcer la position du groupe belge dans la péninsule au moment où plusieurs décisions devaient être prises pour les futurs engins de l'armée espagnole, John Cockerill Defense (JCD) remet le couvert avec dans son viseur la fourniture d'un 6x6 à cette même armée. Pour ce projet, l'industriel liégeois a décidé de s'associer au sein d'un partenariat avec plusieurs sociétés possédant des compétences dans le domaine. Le but de cette alliance entre ces quatre sociétés vise clairement à se positionner sur le futur marché espagnol même si l'on peut s'étonner du choix d'un véhiculier étranger pour ce projet, alors que la firme belge est aujourd'hui propriétaire d'Arquus dont les compétences en la matière sont assez proches de celles d'un des nouveaux partenaires. 

UN PETIT AIR DE BRETAGNE SUR LE SKYRANGER DE RHEINMETALL

La firme française Lumibird, établie à Lannion dans les Côtes d'Armor a annoncé hier par un communiqué de presse que sa filiale suédoise Lumibird Photonics Sweden avait reçu une importante commande. L'entité scandinave du groupe breton a été choisie par Rheinmetall Air Defence pour fournir des télémètres laser Vidar destinés à équiper les tourelles Skyranger 30 du constructeur allemand. La commande d'un montant d'environ 5 millions d'euros prévoit la livraison des équipements entre 2025 et 2028. La patronne de Lumibird Photonics Sweden espère que cette commande permettra "l'obtention de contrats similaires à l'avenir pour le système Skyranger" pour lesquels elle se montre optimiste. Le système de défense antiaérienne allemand qui a déjà été commandé par plusieurs pays européens sur différents châssis, intègre sur une même tourelle l'armement principal (canon de 30 ou 35mm) ainsi qu'un ensemble de capteurs actifs et passifs et des moyens de suivi des objectifs. Il peut également recevoir des missiles sol-air, parmi lesquels des Stinger mais aussi des Mistral 3 de MBDA choisis par le Danemark pour équiper ses tourelles Skyranger. Un grand bravo à Lumibird dont le succès souligne (si besoin était) la maitrise par des entreprises de la BITD française de compétences spécifiques reconnues par les géants de l'industrie européenne.

CHOIX INTERARMEES BRESILIEN

 

A côté de ses projets de modernisation de ses forces terrestres, le Brésil souhaite également doter sa composante amphibie de nouveaux engins en complément des JLTV (joint Light Tactical vehicles) déjà acquis dans le cadre du programme PROADSUMUS. Cette opération devrait permettre de remplacer les SK-105A2S plus connus sous le nom de Kürassier dont le Brésil possède 17 exemplaires depuis 2001. Développé dans les années 1960, le Kürassier combine un châssis du transport de troupes autrichien Saurer, avec une tourelle GIAT armée d'un canon rayé de 105mm/L44 approvisionné à 43 obus dont 12 répartis dans deux barillets et permettant d'afficher une cadence de tir de 10 à 12 coups/min. Pour remplacer ces engins qui ont "atteint la limite de leur durée de vie" l'amiral Carlos Chagas commandant des forces maritimes brésiliennes, a confirmé les études en cours pour "l'acquisition d'un nouveau véhicule de combat". Le choix de ce dernier devrait privilégier la cohérence et les possibilités de mutualisation offertes par l'équipement choisi.