RENOVATION WALLONNE POUR LES FUTURS M113 UKRAINIENS

Bien que l'information soit connue depuis plusieurs semaines, un reportage de la chaine de télévision VRT News a permis de se faire une idée plus précise de la rénovation de M113 par la firme belge John Cockerill Défense. Ces engins dont le nombre exact n'a pas été communiqué sont pour la plupart largement quadragénaires ont été rachetés à l'Italie par l'industriel liégeois qui les reconditionne pour le compte du ministère belge de la Défense dans son usine d'Aubange. Les M113 sont entièrement démontés et révisés et dotés pour certains d'un armement fourni par l'autre société d'armement liégeoise FN Hertsal, qui fournit les mitrailleuses de 7,62mm ou de 12,7mm montées sur ces engins. Selon le PDG de John Cockerill Défense, Thierry Renaudin, plusieurs dizaines d'engins seraient concernés par ces opérations menées pour le compte du Luxembourg, des Pays-bas et de la Belgique, une fois rénovés les M113 quitteront la Wallonie pour rejoindre les 300 engins similaires déjà fournis à l'Ukraine.

DES TOW 2B POUR LE SULTANAT D'OMAN

Le Département d’État américain a approuvé cette semaine la "possible" vente au Sultanat d'Oman de missiles antichars T0W 2B à guidage radio pour la somme de 70 millions de dollars. Cette vente répond à une demande de Mascate pour la fourniture de 300 missiles TOW 2B et des éléments de soutien liés à la mise en place de programme. Le lot de munitions livrées au Sultanat d'Oman est constitué de TOW 2B, référencés BGM-71F-7-RF, une des versions les plus récentes de ce missile conçu par Hughes Aircraft dans les années 60 et aujourd'hui produit par Raytheon. Le BGM-71F-7-RF est doté d'une capacité d'attaque par le haut et d'un guidage par radio fréquence jusqu'à une portée de 4500m. Le missile TOW (Tube launched Optically tracked Wire guided) est en service dans plus d'une cinquantaine de pays et par des entités non étatiques comme le Hezbollah ou les unités de défense du peuple kurde (YPG) et a été largement utilisé durant le conflit syrien.

ET EN PLUS IL FLOTTE !

Le VCI (Véhicule de Combat d'Infanterie) polonais, le Borsuk développé par la firme HSW (Huta Stalowa Wola) appartenant au groupe PGZ (Polska Grupa Zbrojeniowa a fait l'objet d'un teasing destiné à annoncer une démonstration devant se dérouler le 6 décembre prochain. Sur la courte vidéo diffusée par le groupe polonais, on peut découvrir l'engin se déplaçant sur terre mais aussi sur l'eau. Le Borsuk (comme son nom ne l'indique pas) semble parfaitement à l'aise dans le milieu aquatique, nous gratifiant de quelques évolutions et de séquences de tir réalisées depuis un plan d'eau. Cette séquence nous rappelle, qu'en France le sujet de l'amphibie a été totalement abandonné depuis de longues années tant dans la doctrine que dans la conception des engins. Cette dernière qui semble avoir été dictée par l'unique exigence de pouvoir embarquer à bord d'un A400M a conduit à l'adoption de solutions de compromis en termes de puissance de feu, de protection et de mobilité, sacrifiant un certain nombre de capacités essentielles sur l'autel e la projection et de l'intervention. L'heure est venue de se souvenir qu'en Europe la probabilité de rencontrer un cours d'eau reste infiniment plus élevée que celle de croiser un A400M !

SUR LES ROUTES D'EUROPE !

Alors que l'appel d'offres français pour la fourniture de 800 camions citernes de nouvelle génération (CCNG) pourrait connaître sa conclusion à la fin de l'année et permettre à un des cinq concurrents en lice (Iveco, Mercedes, Rheinmetall Man Military Vehicles ou RMMV, Arquus et Scania) de livrer  les 70 véhicules (40 citernes de 22m3 et 30 de 12m3) prévus dans la première tranche ferme, d'autres pays ont pris une avance confortable dans le domaine avec la signature de plusieurs contrats. Le conflit en Ukraine démontre chaque jour l'importance de la logistique dans le déroulement des opérations modernes, phénomène amplifié par la fourniture d'équipements et d'engins d'origine diverses nécessitant des flux logistiques spécifiques. Dans ce domaine, la France affiche un retard significatif avec des camions souvent anciens et de moins en moins adaptés aux exigences du combat de haute intensité. 

LA MUNITION RUSSE 3VOF128 TELNIK EMPLOYEE EN UKRAINE

Alors que Blablachars évoquait hier la fourniture de munitions américaines M1147 AMP (Advanced Multi Purpose) à l'armée ukrainiennes, les Russes ont annoncé aujourd'hui que les chars T-90M engagés dans le conflit utilisaient une nouvelle munition. Cet obus de 125mm 3VOF128 Telnik se différencie des munitions à fragmentation "classiques" par l'utilisation d'un mode airburst. Dans cette configuration, le projectile libère 450 fléchettes de tungstène pesant chacune 3 grammes, créant également 2500 fragments dans un cône en avant du projectile. Ce mode est utilisé par le T-90M grâce aux modifications apportées à la conduite de tir du char et l'ajout d'une interface de programmation de la munition. L'obus 3VOF128 Telnik serait 6 à 8 fois plus efficace contre l'infanterie adverse que la munition explosive à fragmentation 3OF26. Selon des sources russes la munition Telnik disperse au moment de son explosion 5,4kg d'éclats ainsi que des éléments préformés dispersés en cône. Cette nouvelle munition s'ajoute à liste des projectiles pouvant être tirés par le canon 2A82 1M de 125mm du T-90M parmi lesquelles les obus flèche Svinets-1 doté d'un pénétrateur à uranium appauvri, Svinets-2 utilisant un pénétrateur en acier-tungstène ainsi que les missiles antichars 9M112 Kobra et 9M119 Refleks et 9M119M Svir (respectivement AT-8 Songster et AT-11 Sniper pour l'Otan) et probablement le missile antichar 3UBK21 Sprinter, conçu pour le T-14. La munition 3VOF128 Telnik est en service depuis 2014 au sein de l'armée russe, l'annonce de son emploi en Ukraine a été faite par le Général Oleg Salyukov commandant en chef des forces terrestres russes.

UNE VISITE ET DES ACCORDS

Une délégation de l'entreprise Ukraine Armor accompagnée de militaires ukrainiens et de membres de la firme tchèque CSG Group ont visité ces derniers jours les installations de GDELS-SBS (General Dynamics European Land Systems-Santa Barbara Sistemas) au sein desquelles ils ont pu découvrir le processus de production des engins blindés. Cette visite s'inscrit dans le cadre de la recherche d'accord de production sous licence de blindés, comme l'Ascod, qui sert de base à plusieurs véhicules blindés comme le Pizarro espagnol, l' Ulan autrichien ou encore l'Ajax britannique. Le projet en cours de discussion prévoit la collaboration de la société tchèque et de la firme ukrainienne pour fournir aux forces armées de Kiev des véhicules de combat d'infanterie aux normes Otan, et ce dans les plus brefs délais. Les membres de la délégation ont également profité de ce séjour pour découvrir l'Ascod qu'ils ont pu comparer aux engins actuellement en service dans l'armée ukrainienne. Valdyslav Belbas, PDG de la firme ukrainienne a confirmé la tenue de discussions avec GDELS autour de la possibilité de fournir des Ascod à l'Ukraine dans les plus brefs délais.

LA DERNIERE NEE DES MUNITIONS AMERICAINES EN UKRAINE.

Si la fourniture à l'Ukraine par les États-Unis de munitions antichars à uranium appauvri (probablement des M829) a fait l'objet de nombreux commentaires, celui d'obus M1147 n'a pas connu la même exposition médiatique. Toujours en cours de qualification par l'armée américaine, la munition M1147 AMP est efficace contre une grande variété d'objectifs grâce à l'utilisation de modes de tir différents. Particulièrement adaptée au tir antipersonnel grâce à son mode airburst, la M1147 pourrait également se révéler très adaptée aux opérations de l'armée ukrainienne confrontée aux ouvrages et fortifications constituant les lignes de défense russes. La fourniture de la munition M1147 indique en outre que les M1A1 transférés à Kiev sont des M1A1 FEP (Firepower Enhancement Package), amélioration du M1A1 avec des systèmes quasiment équivalents à ceux du M1A2, pour lequel la munition M1147 a été conçue. Les premiers M1A1 reçus par la Pologne en juin dernier sont également des M1A1 FEP provenant du Corps des Marines.