K2 DANS LES SABLES

La première projection sud-coréenne que Blablachars avait évoqué en septembre est en cours de réalisation au Qatar comme on peut le voir sur les clichés publiés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. C'est dans un environnement totalement inédit que les équipages de K2 ont pu manœuvrer avec les Leopard 2A7+ qataris et effectuer des tirs, tandis que les K9 et K10 se déployaient dans les sables de la péninsule. on admirera au passage les dimensions du porte-char utilisé pour le transit des char sud-coréens, sur lequel le K2 n'occupe qu'une partie de la plateforme. Six ans après les essais d'un K2 au Sultanat d'Oman, le char sud-coréen repose ses chenilles dans la péninsule arabique pour une projection inédite, riche d'enseignements pour les équipages et les industriels sud-coréens à la recherche d'un succès dans la région pour leur char. 

ENCORE UNE ANNEE DIFFICILE POUR LE VCR DRAGON

Ce qui était devenu un secret de polichinelle a été confirmé ces derniers jours par le ministère de la Défense, l'armée espagnole ne recevra pas cette année les 92 VCR Dragon. Depuis le début de l'année les autorités espagnoles ont rappelé aux sociétés formant le consortium TESS, à savoir GDELS-Santa Barbara, Indra, Sapa et Escribano leur engagement à livrer les 92 engins prévus. Il y a quelques jours TESS a indiqué que ce calendrier ne serait pas tenu avec la livraison de 15 à 30 engins en version Génie. Ce nouveau décalage du programme qui s'ajoute à l'absence de livraison en 2022 et 2023 ne devrait pas améliorer les relations entre le ministère de la Défense et Tess. Dès le début de l'année, Margarita Robles avait profité des cérémonies des Pâques Militaires pour adresser un avertissement formel et public au consortium espagnol. Les problèmes industriels rencontrés par TESS, retard de livraison des tourelles, des groupes motopropulseurs et du logiciel de mission, s'ajoutent à des difficultés de gouvernance qui pourraient faire d'Indra l'actionnaire majoritaire du consortium. A la répartition actuelle qui permet à Indra de détenir 25% de la société, Santa Barbara Sistemas 26%, SAPA 24,6% et 24,3%, s'ajoute un processus décisionnel complexe avec des décisions devant être prises à l'unanimité. Le programme, d'un coût estimé à 2,5 milliards d'euros, prévoir la fourniture de 348 VCR 8x8 Dragon. Depuis la signature du contrat entre le ministère de la Défense et Tess Defence en août 2020, le programme a connu de nombreux retards.

PROJETS BATAVES (SUITE)

Les récentes annonces néerlandaises relatives à l'acquisition de chars Leopard 2A8 et plus récemment de 15 CV90 armés du mortier double de 120mm Mjölner développé par BAE Systems Hagglünds, les Pays-Bas devraient se doter d'un nouvel engin. Le projet porte sur l'achat de 72 Boxer équipés d'une tourelle téléopérée armée d'un canon de 30mm. La configuration des engins néerlandais devrait être très proche de celle retenue par la  Bundeswehr pour ses futurs Boxer dont elle pourrait commander jusqu'à 150 exemplaires. La tourelle retenue par Amsterdam devrait donc être celle équipant déjà le Puma armée d'un canon de 30x173mm MK 30-2/ABM et d'un lanceur double pour des missiles antichars Spike LR/LR2. Le Boxer devrait également servir de base aux 10 engins de guerre électronique qui devraient être commandés par l'armée néerlandaise dans le cadre du programme Joint Electronic Attack dévoilé en 2022.Ces projets illustrent la remontée en puissance capacitaire de la composante terrestre néerlandaise, dans le droit fil des enseignements du conflit ukrainien. Une démarche qui rapproche un peu plus Amsterdam et Berlin et renforce l'intégration des deux armées, utilisant des équipements communs au sein de structures partagées.

CA COINCE ENTRE SEOUL ET VARSOVIE A PROPOS DU K2PL

Alors que l'ancien ministre de la Défense, Marius Baszczak a déclaré dimanche que les sud-Coréens suspendaient leurs projets de production du K2 en Pologne, l'Agence de l'armement a annoncé que des négociations sur le sujet étaient toujours en cours. A l'origine des difficultés rencontrées dans l'élaboration du projet seraient liées au transfert de technologie et à la création de capacités de production polonaises adaptées aux standards requis par les industriels sud-coréens. La modernisation des usines polonaises susceptibles d'accueillir les chaines d'assemblage du K2 serait au coeur des négociations entre les deux pays. Durant les semaines suivant le salon MSPO, plusieurs informations alors non confirmées faisaient déjà état de dissensions autour de la production en Pologne des matériels sud-coréens acquis par Varsovie. Les difficultés rencontrées par le futur K2PL pourraient être les premières d'une série, dont la persistance pourrait perturber le déroulement des projets de Varsovie visant à se doter de la première force blindée en Europe.

ACCORD INDO MAROCAIN AUTOUR DU WHAP

On a appris ce week-end par un communiqué de l'Administration de la Défense Nationale (ADN) marocaine la mise en place d'un partenariat stratégique entre le groupe indien Tata et l'ADN. Cet accord prévoit la production au Maroc de véhicules de combat WhAP 8x8 afin de satisfaire les besoins de l'Armée Royale Marocaine mais aussi de favoriser l'exportation de ce véhicule. Le projet qui doit être réalisé dans les 36 mois à venir devrait monter en puissance progressivement avec un taux d'intégration locale passant de 35% au démarrage de la production à 50% à terme. La future usine Tata Advanced Systems Maroc (TASM) devrait générer 90 emplois directs et 250 indirects autour de la production du blindé dont l'exportation vers le continent africain constitue un des objectifs majeurs de cet accord. Cet accord permet à l'Inde de développer les opportunités d'exportation de ses matériels et au Maroc de s'affirmer comme une plaque tournante des futurs marchés d'armements régionaux. Une changement de paradigme important pour deux pays jusque là importateurs d'équipements étrangers. Après Israël, le Maroc élargit ses partenariats pour asseoir sa place de puissance régionale tandis que l'Inde s'ouvre de nouvelles perspectives en Afrique.

UN SILENCE QUI N'EN FINIT PAS !

Le déclenchement de l'Opération Militaire Spéciale russe en Ukraine le 24 février 2022 a remis au goût du jour une forme de combat que beaucoup considéraient comme dépassé et inadapté à l'environnement stratégique du moment, marqué par des engagements lointains et des "guerres asymétriques". Ce retour du combat blindé mécanisé, bien que marqué dans les premières semaines du conflit par les destructions de blindés russes, a suscité une prise de conscience au sein de nombreuses armées. Les enseignements du conflit ukrainien, objets de nombreuses analyses et commentaires ont naturellement suscité des débats au sein des instances dirigeantes (civiles et militaires) dans de nombreux pays. Une immense majorité de ces derniers, parfois éloignés du théâtre ukrainien ont ainsi décider de revoir la composition et l'équipement de leurs forces en créant, modernisant ou en renouvelant leur composante blindée mécanisée.

PREMIERE PROJECTION SUD COREENNE

C'est en toute discrétion que les soldats sud-coréens vont effectuer à partir d'aujourd'hui leur première projection hors de leur territoire. Outre la centaine de combattants issus de la 11ème Division, composant ce détachement la force sud-coréenne comprend également des chars K2, des obusiers K9A1 ainsi que des chars de dépannage K1 ARV (Armored Recovery vehicle). Après leur transit à bord de deux navires (Landing Ships) de la marine sud-coréenne, le détachement sud-coréen devrait mener pendant deux semaines des exercices avec l'armée locale comprenant également des tirs réels. Pour les soldats sud-coréens, cette première projection leur permettra de découvrir un environnement au sein duquel ils n'ont jamais évolué. Ce déploiement s'inscrit dans le cadre du Memorandum of Understanding (MoU) signé au mois de février dernier entre les ministres de la défense des deux pays. Cette première sud-coréenne appelle quelques commentaires.