RHEINMETALL SE RENFORCE DANS LES MUNITIONS

Rheinmetall a annoncé ces derniers jours plusieurs nouvelles concernant ses activités de munitionnaire. La première de ces informations fait état d'un contrat de d'une valeur de 33 millions d'euros prévoyant la fourniture à partir de 2023 de 10 000 obus L15 de 155mm à un client européen dont l'identité n'a pas été communiquée, mais pourrait être la Grèce, selon certains observateurs. La seconde information concerne la décision de la firme de Düsseldorf de construire une nouvelle usine de production de munitions. Motivée notamment par le refus de la Suisse de livrer de munitions de 35mm pour les Gepard allemands transférés à l'Ukraine, cette future unité de production implantée en Allemagne permettra d'approvisionner l'armée allemande en munitions de 20 à 35mm. Dans ce domaine, la Bundeswehr accuse un retard important qui doit être comblé dans le cadre des directives de l'OTAN. Selon Rheinmetall, le premier lot de munitions de 35mm destinées aux Gepard utilisés en Ukraine devrait être livré en juillet prochain. Cette décision devrait également mettre fin à la dépendance de l'armée allemande envers les munition suisses utilisées notamment par le Puma, la Marine ainsi que l'armée de l'air sur ses avions Tornado et Eurofighter. Les dépenses en munitions pour l'armée allemande sont estimées à plus de 20 milliards d'euros sur les prochaines années, notamment dans le domaine des munitions d'artillerie et d'engins blindés. Ces deux informations sont communiquées quelques jours après le rachat par Rheinmetall pour 1,2 milliards d'euros de la firme espagnole Expal, spécialisée dans le domaine des munitions. Cette acquisition doit permettre à la firme allemande de renforcer sa position dans le domaine des munitions, des poudres propulsives et de l'armement. 

COMMANDE TRIPARTITE POUR BAE SYSTEMS HAGGLUNDS

BAE Systems a annoncé sur son site la notification d'une commande de 436 engins chenillés tout terrain BvS10. Ce contrat d'une valeur de 760 millions de dollars prévoit l'achat de ces véhicules par l'Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni. Les 436  engins commenceront à être livrés à partir de 2024 selon la répartition suivante : l'armée suédoise recevra 236 exemplaires, tandis que l'armée allemande devrait en recevoir 140, les 60 engins restant étant destinés à l'armée britannique. Le BvS10 déjà utilisé par l'armée suédoise sera décliné en version transport de troupes, soutien logistique, sanitaire, dépannage et véhicule de commandement. Le BvS10 est la version blindée du Beowulf dont l'armée américaine a commandé 110 exemplaires dans le cadre du programme CATV (Collaborative All-Terrain Vehicle).

UNE DECISION QUI SE FAIT ATTENDRE.

La Norvège engagée dans le remplacement de ses chars Leopard 2A4 NO a évalué au début de cette année les deux engins retenus pour ce programme, à savoir le Leopard 2A7 et le K2. Le choix du gouvernement norvégien pour l'attribution du contrat d'un montant de 1,8 milliard d'euros devait être rendu public à la fin du mois de novembre, les premiers exemplaires des 82 chars devant être livrés à partir de 2025. Ce calendrier a depuis connu quelques bouleversements et pourrait subir de nouveaux aménagements en raison des réticences exprimées par plusieurs responsables et experts sur la pertinence d'un tel investissement. 

FIN DE LA SUSPENSION DU CONTRAT CENTAURO II

La suspension du contrat d'acquisition des 98 Centauro II destinés à l'armée brésilienne décidé au début du mois a été annulé par la Cour de Justice Suprême brésilienne. Cette décision fait suite à un appel formulé par le gouvernement brésilien dans lequel le ministre de la Défense a rappelé que l'acquisition de véhicules blindés s'inscrivait dans une politique publique de long terme, appuyée par une large réflexion technique, entamée il y a  10 ans. Toujours selon le ministre, les dépenses liées au "Projeto Forças Armoradas" sont incluses dans le plan pluriannuel 2020-2023 en tant qu'investissement prioritaire, rappelant que le processus d'acquisition doit se dérouler sur une durée de 17 ans. Ces deux arguments ont permis de rejeter les accusations de dépense déraisonnable en période de restriction budgétaire, formulées par les opposants au projet. La présidente de la Cour Suprême a également souligné que "la continuité du projet de rénovation du parc militaire doit être assurée, non seulement parce que la décision de suspension est susceptible d'entrainer une augmentation des montants déjà définis et [...] compromet la structure et le plan de défense extérieure élaborée par le ministère de la Défense [..] et causer des dommages sans équivoque à l'ordre, à la capacité de sécurité extérieure et à l'économie publique". Le gouvernement brésilien peut maintenant effectuer le premier paiement d'un million de reals (soit 178045 euros) pour confirmer le contrat et recevoir les deux premiers engins.

DES APC TURCS POUR LE BURKINA FASO.

Le Burkina Faso a réceptionné hier après-midi plusieurs véhicules blindés transport de troupes en provenance de Turquie. C'est un An-124 qui a acheminé les quatre Ejder Yalcin 6x6 destinés à l'armée burkinabé depuis Tunis vers l'aéroport de Ouagadougou où ils ont été débarqués en vue de leur livraison aux autorités locales. L'Ejder Yalcin acquis dans sa version 6x6 est produit par la firme turque Nurol Makina, qui produit également une version 4x4. Doté d'un châssis en V, l'Ejder Yalcin est spécialement conçu pour résister aux mines et aux IEDs, la version 6x6 peut embarquer jusqu'à 10 combattants en plus de son équipage de deux hommes. L'Ejder Yalcin est armé d'une mitrailleuse de 7,62mm et d'un lance-grenades automatique de 40mm et peut emporter une charge utile de 5 tonnes, lui permettant de recevoir de nombreux équipements et armements supplémentaires. Cette livraison à propos de laquelle aucun détail n'a été fourni seront utilisés par l'armée burkinabé dans sa lutte contre les groupes armés terroristes.

DES T-72 MAROCAINS POUR L'UKRAINE.

Selon plusieurs sources, le Maroc aurait finalement cédé aux pressions de Washington et de l'Union Européenne pour transférer vers l'Ukraine des pièces de rechange de T-72. Le royaume chérifien qui possède plus de 140 chars de ce type acquis il y a un peu plus de vingt ans pourrait également céder plusieurs dizaines de ces engins. Cette information non confirmée fait écho aux propos du directeur commercial de la société Excalibur, déjà impliquée dans les travaux de modernisation de T-72 tchèques. Selon Richard Kubena, sa société attendrait une commande pour la modernisation d'une quantité de T-72 provenant d'un pays d'Afrique, qui pourrait atteindre 120 engins. Bien que le Maroc ne soit pas expressément mentionné par R Kubena, plusieurs médias marocains évoque un accord déjà signé entre le Maroc et la société tchèque. Le calendrier présenté par R Kubena prévoit la réception des 5 premiers chars la semaine prochaine, suivis par 18 autres d'ici la fin de l'année. Les premières livraisons devraient intervenir dès le début de l'année prochaine, avec 90 exemplaires déjà prévus, qui pourraient être suivis par 30 autres chars en option. Les chars marocains s'ajouteraient aux 230 engins fournis par la Pologne, aux 40 chars en provenance de la République tchèque, aux 28 chars M555 (version modernisée du T-55) slovènes ainsi qu'aux 8 chars cédés par la Macédoine. Le Maroc qui deviendrait le premier pays africain à fournir des chars à l'Ukraine, abandonne ainsi son souhait de rester neutre dans ce conflit, comme Rabat l'avait montré en s'abstenant lors du vote d'une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU "condamnant l'agression russe en Ukraine".

LE KF 51 A LA CONQUETE DE L'OTAN !

A tous ceux qui pensaient que le KF51 n'était qu'un concept, Alexander Kuhrt directeur de la branche"chenillés" de Rheinmetall a apporté un démenti clair au cours d'une rencontre avec des journalistes le 5 décembre dernier. Après avoir indiqué que la mise sur le marché du KF51 visait les opérateurs actuels de Leopard 2, A Kuhrt a réaffirmé sa confiance dans les prospects sur le marché des chars lourds au sein de l'OTAN, estimé entre 500 et 800 engins dans la décennie 2025-2035. Ce chiffre qui inclut les modernisations pourrait atteindre 5000 à 8000 véhicules après 2035. A Kuhrt est revenu sur la fin de carrière du canon de 120mm pour souligner que le canon de 130mm L52 FGS (Future Gun System) avait été développé pour apporter une puissance de feu à des engins de 40-50 tonnes, capable de percer  1000 mm d'acier RHA (Rolled Homogeneous Armour) à une portée de 3500m. A Kuhrt a précisé que le canon de 130mm avait déjà effectué plus de 300 tirs depuis le début de son développement en 2016. A côté de l'armement principal, le KF51 est doté d'une mitrailleuse coaxiale de 12,7mm, d'une RCWS (Remote Controlled Weapon Station) Natter armée d'une mitrailleuse de 7,62mm ainsi qu'un système de lutte anti drone et un lanceur pour des munitions rôdeuses Hero. Durant cet échange avec la presse, A Kuhrt a également dévoilé une version du KF51 doté d'une tourelle Skyranger. Cette déclinaison dont aucun cliché n'est disponible indique la volonté de Rheinmetall de créer une véritable famille d'engins blindés capable de répondre aux besoins des différents utilisateurs. Les déclarations de A Kuhrt ne devraient pas améliorer les relations avec KMW déjà dégradées par l'intrusion de Rheinmetall dans le programme MGCS. Pour attendre le premier succès export du KF51, on peut toujours contempler les chiffres annoncés par A Kuhrt concernant le marché des chars dans l'OTAN et méditer sur les choix français dans le domaine des engins blindés !