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mardi 22 avril 2025

FMBTECH, L'AUTRE PROJET EUROPEEN

Alors que le char et les engins associés reviennent au cœur des préoccupations de nombreuses armées, les initiatives autour de cet engin se multiplient pour proposer aux potentiels acquéreurs des engins performants capables d'affronter les menaces actuelles et futures. En Europe, dominée par le Leopard 2 le projet le plus médiatisé est le MGCS (Main Ground Combat System) porteur d'espoirs essentiellement politiques autour d'une coopération dont les précédentes tentatives se sont soldées à deux reprise par des échecs. A côté de cette "arlésienne blindée", un autre projet de développement d'un char de bataille a vu le jour en Europe, le FMBT (Future Main Battle Tank). C'est dans ce cadre que le projet Technologies for Existing and Future Main Battle Tanks (FMBTech) a été lancé officiellement. Coordonné par Thales, FMBTech qui rassemble 26 entreprises de 13 pays européens, a pour ambition de "révolutionner les chars de combat principaux [ou Main battle Tanks (MBTs)] pour la guerre hybride". Ce projet triennal de R&D devrait permettre de développer des solutions modulaires et adaptables (sur des engins équipés dune architecture ouverte de type NVGA) grâce à des briques technologiques innovantes. Le financement du projet est assuré par la Commission Européenne via le Fond Européen de Défense (FED) et par les membres du consortium dont la liste des partenaires souligne le caractère européen parmi lesquels on retrouve cinq firmes françaises : Thales Six GTS France, Arquus, MBDA, KNDS France, Safran Defense, auxquelles on peut rajouter Hensoldt France. Un projet moins médiatisé que son alter ego franco-allemand mais dont l'utilité est pourtant réelle pour doter les futurs chars des capacités nécessaires pour répondre aux menaces actuelles et futures. En assurant la direction de ce consortium, Thales Six GTS également impliquée dans le projet MGCS renforce sa position dans le domaine des engins blindés lourds dans lequel elle était essentiellement connue pour ses solutions d'entrainement et de simulation.

DES K2 BIENTOT AU MAROC ?

Au début du mois une délégation marocaine  emmenée par le Ministre de l'Industrie et du Commerce Ryad Mezzour s'est rendue en Corée du Sud pour discuter d'un accord potentiel sur la possible livraison de chars K2 au Royaume chérifien, qui deviendrait ainsi le premier utilisateur africain du char sud-coréen. Selon le quotidien marocain en langue française L'Opinion la commande de chars K2 ne serait qu'un des volets du partenariat stratégique que Rabat entend nouer avec Séoul parmi les nombreux aspects industriels et économiques de cette coopération. Le Maroc souhaite moderniser et renforcer ses capacités militaires dans un contexte de tensions régionales croissantes et au regard des relations tendues avec son voisin algérien possédant de nombreux équipements d'origine russe et chinois. Le K2 offre au Maroc une possibilité de modernisation et lui permet de réduire sa dépendance envers les fournisseurs occidentaux historiques que sont les Etats-Unis et la France.  

TAIWAN NE VEUT PAS DU 105MM POUR SON ASSAULT GUN

L'armée taïwanaise a refusé la semaine dernière le prototype de son assault gun, le Clouded Leopard II en raison de la faiblesse de son armement principal. Le canon de 105mm qui équipe l'engin a été jugé insuffisant en cas d'une hypothétique confrontation avec les forces blindées chinoises équipées de chars lourds parmi lesquels le Type 99A armé d'un canon lisse de 125mm. Les essais du canon taïwanais ont pourtant permis de constater sa capacité à percer une plaque d'acier de 500mm d'épaisseur à une distance de 2000m à l'aide de munitions flèche. En dépit de ces résultats le bureau de l'armement a indiqué que l'armée taïwanaise n'acceptera pas de nouveau prototype du véhicule avant l'adoption d'un canon de 120mm aux normes OTAN en indiquant que " si le canon du léopard n’est pas porté à 120 mm, nous ne pouvons pas accepter ce véhicule pour le déploiement." Le rejet du prototype répond aux préoccupations exprimées dans un rapport de 2021 qui critiquait le Ministère de la Défense pour le développement du Clouded Leopard II sans avoir validé sa réelle utilité au combat. L'intégration d'un canon de 120mm est déjà en cours sur le prototype D3 sans que l'on sache encore quelles pourraient les conséquences du refus des militaires taïwanais sur la stabilité et la mobilité du véhicule, qui pourraient reporter la production du Clouded Leopard II à 2025. Cette décision qui intervient après quatre années  de développement et l'adoption du canon de 105mm rappelle que les engagements entre chars nécessitent des calibres adaptés et qu'en dépit de ses performances, de sa polyvalence et de son moindre encombrement, un canon de 105mm affiche de réelles limites face à des objectifs lourdement blindés. le passage au 120mm devrait en outre alléger les contraintes logistiques avec l'utilisation de munitions d'un même calibre par les futurs Clouded Leopard II et les M1A2T en cours de livraison. 

samedi 19 avril 2025

UN PEU DE SERENITE PASCALE

Au milieu de cette pause Pascale, Blablachars a eu envie de vous offrir un moment de sérénité et de beauté avec cette superbe photo des engins du 5ème régiment de Cuirassiers dans le désert émirien. Pris à l'heure où le désert se pare de couleurs incroyables, ce cliché rassemble le triptyque de contact de l'armée de terre que constituent le VBL, le VBCI et le Leclerc. Au-delà de leur présence dans le désert émirien, ces trois engin partagent un avenir incertain, avec des rénovations minimalistes et un âge avancé pour le Leclerc et le VBL ou l'absence de tout projet de modernisation pour le VBCI .... Pour le moment, l'heure n'est pas au débat mais bien à la contemplation de ce superbe cliché, qui nous apporte en plus un peu de soleil.

Le Royal Pologne au soleil couchant (Photo 5ème RC)

mercredi 16 avril 2025

UN MARCHE QUI DECOLLE

Beaucoup doivent penser que le blog complétement blindé poursuit de vieilles lunes en défendant à longueur de post les forces blindés mécanisées et les engins chenillés. Pourtant cette quête serait loin d'être dépassée si l'on en croit les dernières estimations portant sur le marché des engins blindés dans la prochaine décennie. Au moment où la France semble prête à abandonner sa capacité industrielle au profit d'une fabrication sous licence, les perspectives offertes sur ce marché donnent à réfléchir quant au potentiel d'exportation de ces engins et à la place que notre BITD (Base Industrielle et Technologique de Défense) pourrait occuper sur un marché en pleine expansion.  

A PROPOS D'UN ENTRETIEN

Dans un long entretien réalisé par Vincent Lamigeon pour le magazine Challenges, le directeur de la DGA ( Direction Générale de l'Armement) a évoqué de nombreux sujets sur fond de réarmement et d'augmentation des budgets consacrés à la Défense. Parmi les points abordés au cours de cet entretien, la possibilité de "mettre en place en France des chaines de production d'industriels d'autres nations leaders, mieux placés que nous dans certains domaines, sur l'armement terrestre par exemple. Il y a des nations comme l'Allemagne qui sont très bien placées sur l'armement terrestre par exemple." La petite musique en faveur de l'achat de Leopard 2 donne ici l'impression de se transformer en une symphonie (pathétique) puisque non content d'acheter un char de précédente génération, nous devrions le produire sous licence ! Moins d'une semaine après que le PDG de Dassault se soit prononcé contre l'organisation du SCAF et estimé que la France a la capacité de développer seule, son futur avion de combat, l'hypothèse avancée par Emmanuel Chiva a de quoi surprendre.

UNE CONTESTATION QUI PREND DE L'AMPLEUR

Selon le média israélien I24, le mouvement de contestation amorcé par les pilotes de l'armée de l'air israélienne prend de l'ampleur. Hier ce sont plus de 1500 militaires de tous grades appartenant au Corps blindé ont signé une pétition appelant le gouvernement à privilégier la libération des otages, même au prix d'une suspension des opérations militaires. Parmi les signataires, on trouve l'ancien premier ministre Ehud Barak qui fut également chef d'état-major. L'initiateur de cette démarche est le colonel de réserve Rami Matan, ancien commandant adjoint de la 11ème Brigade d'infanterie de réserve Yiftach qui explique "Nous sommes des soldats qui avons servi notre pays toute notre vie. Nous avons conduit des chars, commandé des troupes et payé un lourd tribut, c'est précisément cette expérience qui nous pousse aujourd'hui à demander un cessez-le-feu. L'État d'Israël doit ramener nos jeunes. Chaque jour qui passe ajoute à la souffrance des familles et représente une perte morale pour nous tous." Cette mobilisation inédite fait suite au renvoi par le CEMA et le CEMAA de plusieurs pilotes et techniciens de l'armée de l'air ayant exprimé leur opposition à la politique du gouvernement actuel. Ces derniers jours, le mouvement a été rejoint par 1500 parachutistes, des membres de l'unité 8200 (unité de renseignement électronique) des militaires de la Marine ainsi que d'anciens membres du Shin Bet. La création et le développement de ce mouvement de protestation est à replacer dans le contexte d'une armée essentiellement composée de réservistes, qui a déjà été confrontée à un mouvement similaire au début des opérations dans la Bande de Gaza en réponse au projet de réforme du système judiciaire souhaité par Benyamin Netanyahou. Le Corps blindé avait d'ailleurs procédé à une réorganisation de ses unités pour se prémunir contre de nouvelles oppositions qui auraient pu gêner la mobilisation des effectifs nécessaires à une guerre de longue durée.